Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Quand Ghaleb Hawila fait danser les lettres arabes

Les émotions dans tous leurs états... calligraphiques s’exposent à la SV Gallery, où le lauréat du 3e prix L’OLJ-SGBL Génération Orient (saison 3) présente de nouvelles déclinaisons à l’art ancestral de l’écriture.

« Hiss », comme une injonction à sentir...

Si Ghaleb Hawila a choisi d’intituler sa toute première exposition individuelle « Im/permeable Feeling(s) », c’est parce qu’il estime que l’art et les émotions vont de pair. Pour le jeune calligraphe de 26 ans – lauréat du 3e prix L’OLJ-SGBL Génération Orient (saison 3) –, tout est une question de réceptivité sensorielle, de vannes ouvertes ou fermées aux canaux de la curiosité, des sentiments et des intuitions. De perméabilité ou d’imperméabilité de l’esprit et du cœur à ce qui donne des couleurs à la vie…

Cette notion, Ghaleb Haliwa a tenté de la décliner dans les trois séries calligraphiques qu’il expose jusqu’au 17 août à la SV Gallery. Trois corpus d’œuvres assez divergents de prime abord, mais reliés cependant par l’idée-force de ce travail de six mois. À savoir comment appréhender différemment la calligraphie arabe, la renouveler et la moderniser tout en lui conservant sa profondeur spirituelle et l’intrinsèque souffle contemplatif qui s’en dégage. En expérimentant notamment sa fusion avec l’impression sérigraphique.



(Pour mémoire : Quand Ghaleb Hawila dessine un poème de Darwich sur un mur londonien)



Un alliage de fond et de forme que le jeune calligraphe va concrétiser en puisant son inspiration dans les axiomes de sagesse de Jalaleddine al-Rûmi. « C’est quand je me suis distancié de moi-même que je me suis trouvé » : cette pensée du poète soufi qu’il commence par inscrire à la plume sur toile, dans une acrylique extrêmement diluée, « pour mettre en lumière le mouvement des lettres arabes et les variations du noir », va se développer en une série sérigraphique.

Une technique dans laquelle l’artiste, diplômé en design graphique de l’American University of Science and Technology (AUST) en 2014, trouve un parallèle entre « l’acte précis, absolument non aléatoire, de l’imprimeur qui choisit de laisser filtrer la couleur à travers certaines parties de la plaque et de la bloquer à d’autres et celui, parfois inconscient, de l’esprit humain qui s’ouvre parfois aux sentiments, se laisse envahir par l’émotion et se referme et les rejette à d’autres moments ».


(Pour mémoire : Génération Orient III : #3 Ghaleb Hawila, calligraphe, 25 ans)



Entre « Hiss » et « Ihsass »
Sa deuxième série construite autour de l’axiome « Nous sommes le miroir et le visage qui s’y reflète » (el-Rûmi) déploie cette phrase sur une multitude de petites plaques carrées en acier cuivré à effet… miroir.

Tandis que dans un troisième registre, plus disparate mais non moins intéressant, les termes « Ihsass » (émotion) et « Hiss » (perception/intuition) offrent au jeune artiste un terrain d’expérimentation encore plus large. Avec un « Hiss » – oscillant entre son sens premier et l’injonction à sentir qu’on peut y trouver – entièrement sculpté au moyen d’éléments cylindriques juxtaposés pour composer les lettres du mot calligraphié sur un panneau rond en bois blanc. Le même terme est tracé au couteau sur une toile noire également circulaire. Et le « Ihsass » inscrit au point par point sur papier, à la manière d’une broderie. Des pièces hétéroclites dans lesquelles Ghaleb Hawila voit « une allégorie à la portée de la moindre de nos pensées, du plus infime de nos actes sur la construction de nos personnalités profondes », indique la note d’intention de l’exposition.

« L’intérêt de cette exposition réside dans le fait qu’elle est expérimentale. Et qu’elle met en lumière le cheminement d’un travail créatif », indique Randa Daouk, la présidente de la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale. Cette institution qui, fidèle à sa « mission de promotion du patrimoine culturel, sous toutes ses formes », parraine avec le ministère de la Culture cette première exposition d’un jeune talent… découvert par L’OLJ.

SV Gallery.

« Im/permeable Feeling(s) » de Ghaleb Hawila, Saïfi Village.


Pour mémoire
Génération Orient, saison 3 : Shaden Fakih, Tania el-Khoury et Ghaleb Hawila sur le podium

Si Ghaleb Hawila a choisi d’intituler sa toute première exposition individuelle « Im/permeable Feeling(s) », c’est parce qu’il estime que l’art et les émotions vont de pair. Pour le jeune calligraphe de 26 ans – lauréat du 3e prix L’OLJ-SGBL Génération Orient (saison 3) –, tout est une question de réceptivité sensorielle, de vannes ouvertes ou fermées aux canaux...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut