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Nos Lecteurs ont la Parole - par Myrna EL-ASMAR ZAHAR

Une très belle histoire d’amour...

De par mon appartenance à l’association libanaise de la sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot, j’ai l’occasion de visiter très souvent nos patients chez eux et d’écouter leur histoire. Une histoire dramatique, la plupart du temps.

Récemment, j’ai été profondément touchée par les confidences d’une nouvelle patiente. Tragique histoire d’un côté, mais conte de fées moderne de l’autre : un conte beau et porteur d’espoir, si beau que j’ai décidé de le partager.

Samar et Karim s’aimaient d’un amour fou. Ils avaient grandi ensemble et s’étaient fiancés à 18 ans. Pour une raison que je ne saurai pas, leur union est brisée. Chacun part de son côté.

Elle se marie, n’a pas la chance d’enfanter, perd son mari il y a huit ans. Il se marie, est gratifié de plusieurs enfants, les voit grandir, et quand ils deviennent indépendants, divorce.

Pourquoi ? Il n’a jamais réellement aimé sa femme et voudrait vivre le restant de ses jours libre.

Mais son amour premier, cet amour unique, il ne l’a pas oublié. Il fait des recherches, au village, en ville, chez les parents et amis des deux familles, et finit par retrouver Samar, mais une Samar rongée par la maladie.

Samar est paralysée, corps fragile, voix fragile, dans son grand lit d’hôpital, vulnérable, impuissante, mais les yeux en feu. Mais lui, il ne voit pas les membres émaciés, le visage que la maladie a figé, le corps difforme. Il ne semble pas remarquer que les paroles sortent comme un souffle, que l’élan qui illumine le regard de Samar reste confiné dans ses yeux. Lui, il voit sa Samar, il la prend dans ses bras et jure qu’il sera à jamais à ses côtés.

Et il est là, chaque jour, alerte au moindre de ses désirs, lui brossant les cheveux, la comblant de cadeaux, donnant un coup de main dans les soins journaliers, lui racontant les histoires de la rue, du village, du monde. Et ses enfants à lui sont là aussi, avec leurs enfants, la faisant sourire, la comblant de tendresse.

D’aucuns verraient l’image d’un couple surprenant : elle, pâle, presque transparente, décharnée dans un corps sans vie. Lui, visage plein de bonhomie, le geste généreux, la voix tonitruante, le rire haut. Alors que ces deux êtres ne voient dans les yeux l’un de l’autre que les sentiers si souvent foulés, les baisers volés sous le chêne de l’église, les étreintes furtives…

Et même si Samar aujourd’hui ne peut plus parler, il est là, « il parle avec elle ».

Et même si la cruelle va finir par gagner, Samar et Karim auraient gagné la bataille.

Myrna EL-ASMAR ZAHAR

Présidente de l’association libanaise

de la sclérose latérale amyotrophique

Vice-présidente de l’AFEJ

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

De par mon appartenance à l’association libanaise de la sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot, j’ai l’occasion de visiter très souvent nos patients chez eux et d’écouter leur histoire. Une histoire dramatique, la plupart du temps.Récemment, j’ai été profondément touchée par les confidences d’une nouvelle patiente. Tragique histoire d’un côté, mais conte...

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