L'internet mobile a été restauré mardi au Soudan suite à une décision judiciaire, plus d'un mois après que les généraux au pouvoir l'ont bloqué sur fond de répression brutale de la contestation.
Le 3 juin, l'internet mobile avait été coupé après la dispersion sanglante par des hommes armés en tenue militaire d'un sit-in de manifestants devant le QG de l'armée à Khartoum. Des dizaines de manifestants ont été tués et des centaines blessés.
Les lignes de connexion internet terrestres avaient également été bloquées à travers le pays, ce que les utilisateurs ont présenté comme une tentative visant à enrayer les manifestations, qui réclament le transfert du pouvoir aux civils depuis la destitution en avril du président Omar el-Bachir par l'armée.
Depuis le début en décembre des manifestations, la contestation a réussi à mobiliser grâce, en grande partie, aux réseaux sociaux.
L'avocat Abdelazim al-Hassan a porté plainte contre le blocage d'internet et un tribunal de Khartoum avait ordonné à l'opérateur Zain de rétablir le réseau sur son téléphone.
Les lignes de connexion internet terrestres avaient été restaurées plusieurs jours après mais l'accès à la 3G et la 4G restait bloqué.
"Je suis retourné au tribunal et ai dit que la coupure avait un impact sur de nombreux clients de Zain et d'autres compagnies de télécoms", a indiqué mardi Abdelazim al-Hassan lors d'une conférence de presse.
"Aujourd'hui, le tribunal a ordonné (aux opérateurs) Zain, MTN et Sudani de rétablir leurs services d'internet mobile", a-t-il ajouté.
Selon des utilisateurs, l'internet mobile a été rétabli dans la journée sur les réseaux de MTN, Sudani et Zain.
Plusieurs personnes contactées par l'AFP ont confirmé pouvoir faire des appels vocaux et vidéo via des applications comme la messagerie WhatsApp.
"Je ne peux pas dire que je suis contente car tout ça n'aurait jamais dû arriver: le gouvernement n'a pas le droit de prendre tout un peuple en otage", estime Marwa Abdelrahim, qui enseigne l'anglais dans une université d'Omdourman, ville jumelle de Khartoum.
Interpellé de toute part, le Conseil militaire avait justifié le blocage. "Concernant les réseaux sociaux, nous y voyons une menace pour la sécurité du pays en ce moment et nous n'autoriserons pas cela", avait assuré son porte-parole.
Après des semaines de tensions, le Conseil militaire et les chefs de la contestation se sont accordés vendredi sur une présidence alternée à la tête de la future instance qui dirigera le Soudan pendant trois ans.
La contestation avait été déclenchée en décembre par le triplement du prix du pain, dans un pays pauvre à l'économie exsangue. Les manifestations ont rapidement pris une tournure politique en réclamant l'éviction d'Omar el-Bachir, qui dirigeait le pays d'une main de fer depuis près de trois décennies.
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