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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

L’émir du Qatar à Washington : les enjeux d’une visite

Le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qui doit être reçu à la Maison-Blanche aujourd’hui par Donald Trump, souhaiterait être un médiateur entre les États-Unis et l’Iran.

L’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, et le président américain, Donald Trump, dans le bureau Ovale, à la Maison-Blanche, le 10 avril 2018. Photo d’archives/Kevin Lamarque/Reuters

Deux ans après le début du blocus imposé par Riyad et ses alliés contre Doha, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, doit rencontrer aujourd’hui à Washington le président américain Donald Trump. Cette rencontre, la deuxième entre les deux hommes après celle d’avril 2018, entérine l’évolution de la position du président américain vis-à-vis de cette crise entre les voisins du Golfe.

En juin 2017, le président s’était félicité du lancement du blocus dans une série de tweets, partageant son « plaisir de voir que la visite en Arabie saoudite avec le roi et 50 pays paye déjà ». « Ils ont dit qu’ils adopteraient une ligne dure sur le financement de l’extrémisme et tous les éléments pointaient vers le Qatar », avait-il ajouté. La rhétorique américaine contre Doha a cependant bien évolué depuis, alors que la rencontre d’aujourd’hui est « un signe que le Qatar a résisté à la tempête après la crise », indique Andreas Krieg, professeur au King’s College de Londres, interrogé par L’Orient-Le Jour. Doha « est moins perçu comme un problème aujourd’hui car il coopère avec Washington » sur différents dossiers, souligne l’expert. Les pourparlers entre les talibans et le gouvernement afghan se tiennent notamment à Doha, tandis que l’émirat permet à Washington d’entretenir des canaux de communication en coulisses avec le Hamas à Gaza.


(Lire aussi : Sommet de Manama : Le Qatar aura aussi son mot à dire...)

Partenariat de longue date

Des éléments qui devraient être à l’ordre du jour de la rencontre, au même titre que les ventes d’armes américaines à l’émirat ou encore le dossier libyen. Annoncée en juin dernier, « la visite s’appuiera sur le partenariat de longue date entre les États-Unis et le Qatar et renforcera encore nos liens économiques et de sécurité déjà substantiels », a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué. Les investissements qataris aux États-Unis pourraient aussi être évoqués alors que le directeur général de la Qatar Investment Authority avait indiqué, en janvier, que Doha souhaitait augmenter ses investissements aux États-Unis à hauteur de 45 milliards de dollars au cours des deux prochaines années, dans le cadre du rééquilibrage de son portefeuille d’actifs en dehors de l’Europe. L’Iran devrait toutefois être le sujet central. La tension dans le Golfe est encore montée d’un cran début juin, suite à une attaque contre deux pétroliers en mer d’Oman attribuée par les États-Unis à l’Iran. Deux semaines plus tard, Washington déployait des chasseurs furtifs F-22 Raptor pour la première fois dans la base d’al-Udeid, au Qatar, pour « défendre les forces et les intérêts américains », avait indiqué le commandement central des forces aériennes américaines, sans en préciser le nombre.

Al-Udeid est la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient avec quelque 11 000 hommes déployés et fait office de quartier général du commandement central des États-Unis ou encore du commandement central des forces aériennes américaines. Le projet d’extension de la base devrait également être évoqué entre les deux hommes aujourd’hui, alors que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a signé le mémorandum d’accord avec le Qatar pour son agrandissement et sa rénovation en janvier dernier.


(Pour mémoire : Les Émirats perdent une nouvelle bataille judiciaire contre le Qatar)

Intermédiaire ?

« Toute escalade avec l’Iran signifie que le Qatar sera à l’avant-garde de toute guerre en raison de la base d’al-Udeid, même si les Qataris entretiennent pragmatiquement des relations plus amicales avec l’Iran que ses voisins », observe Andreas Krieg. « Cela fait du Qatar une cible de choix pour les Iraniens, tandis que toute opération militaire américaine dirigée contre l’Iran serait lancée depuis le Qatar », ajoute-t-il.

Un scénario que Téhéran et Washington semblent souhaiter éviter malgré le fait que leurs propos se soient faits plus bellicistes au cours de ces derniers mois. Craignant « toute erreur de calcul de la part de l’une des parties, qu’elle soit directe ou indirecte », le ministre qatari des Affaires étrangères, le cheikh Mohammad ben Abderrahmane al-Thani, a déclaré le mois dernier que « tout différend doit aboutir à un règlement ». « Nous espérons que cela se produira au plus tôt car plus le processus prend du temps, plus il crée des tensions entraînant de plus en plus de problèmes et de conflits », a-t-il affirmé. Le cheikh Mohammad a également indiqué que Doha tentait de « combler le fossé et de créer une conversation entre » Washington et Téhéran.

Alors que les autres alliés du Golfe des États-Unis sont empêtrés dans différents conflits régionaux, ternissant leur image à l’international, Doha pourrait profiter d’une ouverture pour se présenter en tant qu’intermédiaire possible. Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane est notamment soupçonné d’avoir été à l’origine de l’opération ayant tué le journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul en octobre dernier. Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammad ben Zayed, est pour sa part visé par le rapport sur l’influence russe dans l’élection présidentielle américaine du procureur spécial américain Robert Mueller.


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S,IL LE VEUT TRUMP PEUT LE METTRE AU PAS...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 05, le 09 juillet 2019

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Commentaires (1)

  • S,IL LE VEUT TRUMP PEUT LE METTRE AU PAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 05, le 09 juillet 2019

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