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Liban - Développement social

À Tripoli, des projets pour améliorer le quotidien de la ville avec l’aide de l’UE

Les programmes de développement en cours ont été inspectés lors d’une visite d’une délégation de l’Union européenne dans la capitale du Liban-Nord.


La délégation de l’Union européenne lors de sa tournée à Tripoli. Photo Mandi Heshmati

Faire de Tripoli une ville prospère et sécurisée : tel est l’objectif des différents programmes soutenus par l’Union européenne ou certains de ses pays membres. Promapir, UDP_NL, War Child ou encore Strong Cities sont autant de projets ou d’organisations dont le but est de rénover des parties de la ville, lutter contre les tensions intercommunautaires grâce à l’art ou l’éducation et développer des politiques d’emploi. Mercredi dernier, 19 juin, l’ambassadrice de l’UE Christina Lassen ainsi qu’une délégation de 14 ambassadeurs et représentants de pays européens au Liban ont effectué une tournée dans la capitale du Liban-Nord pour s’informer de l’avancée des projets.


Un environnement plus agréable et sécurisé
Située à environ 5,5 km de Tripoli, la réserve naturelle des îles du Palmier est un lieu touristique inscrit sur la liste indicative de l’Unesco. Et pour cause : sa biodiversité est très riche. Le programme Promapir (Protection et gestion de la réserve des îles du Palmier) a été mis en place pour protéger cette réserve et rendre le quotidien des habitants ainsi que les visites des touristes plus agréables. Financé par l’Union européenne, le programme a été lancé il y a 14 mois par l’EPC (Comité de protection de l’environnement) et l’OEPT (Office d’exploitation du port de Tripoli), et il est sur le point d’aboutir. Sur la côte de Tripoli faisant face à ces îles, Aziz Zok, agent de terrain de Promapir, présente les objectifs du programme : « Il faut compter l’installation de toilettes avec une station de traitement, de kits de premiers secours et de caves de reproduction de poissons, la plantation de 24 palmiers… », ou encore la collecte des pierres de l’église dans le but futur de la reconstruire.

Il est aussi question, entre autres, de la réparation d’infrastructures dans le programme UDP_NL (Programme de développement local pour zones défavorisées dans le nord du Liban). Mis en place par le GIZ (Agence de coopération internationale allemande pour le développement) en partenariat avec le ministère des Affaires sociales du Liban, le programme en question est financé à hauteur de 20 millions d’euros par l’Union européenne et 5 millions d’euros par le gouvernement allemand. Il vise à empêcher l’extrémisme violent au nord du Liban en réduisant les tensions intercommunautaires. Pour ce faire, il prévoit la mise en place d’un centre des arts et du travail – qui pourra entre autres créer des emplois, réparer les infrastructures de la ville et renforcer les échanges entre membres de différentes communautés.


(Lire aussi : Lassen : L’UE continuera à soutenir les forces militaires et sécuritaires au Liban)


Contre la violence, l’éducation, la musique et le sport
Pour favoriser ce rapprochement intercommunautaire, GAME Lebanon (organisation à but non lucratif axée sur le sport) et la chorale Nagham sont des partenaires importants pour l’UDP_NL. À la fin de la présentation du projet devant la délégation de l’UE, des jeunes de ces deux organisations ont illustré leur travail par des représentations.

Des enfants de tous âges, genres et religions confondus sont montés d’abord sur scène pour chanter. Face à eux, les sièges étaient remplis, avec la délégation au premier rang. Les jeunes choristes de Nagham sont visiblement bien entraînés : ils ont présenté une prestation harmonieuse et professionnelle. Après eux, les adolescentes de GAME ont pris leur place. À coups de dribbles et de pas de danse sur la musique Watch me de Silento, elles ont surpris l’assemblée qui les a applaudis abondamment.


La scolarisation des enfants
La délégation européenne a ensuite découvert une salle remplie de dessins collés aux murs. Des enfants, assis derrière leurs tables, ont sorti leurs cahiers d’école. Soudain, un homme avec une marionnette en forme de lapin à la main fait irruption. Il s’agenouille devant une petite fille. « Salut, comment tu t’appelles ? » demande-t-il en changeant le timbre de sa voix. Toute la classe se met alors à rire et cherche à interagir avec le rongeur.

Ces enfants font partie d’une des écoles de SEED, qui apporte une éducation aux enfants qui n’ont pas été acceptés ailleurs ou sont hors du système scolaire. Une organisation créée en réponse à la crise des réfugiés syriens : Tripoli en abrite environ 150 000, qui n’ont parfois pas les moyens d’être scolarisés. « Nous sommes là pour prendre en charge les enfants qui ne sont pas acceptés ailleurs. Pour combler les manques, en résumé », explique Nazih Fino, directeur de SEED. L’ONG travaille main dans la main avec War Child Holland, organisation financée entre autres par le gouvernement hollandais visant à apporter une aide psychologique aux enfants ou aux parents. « Les enfants que nous accueillons ont entre 3 et 14 ans. En plus des cours, nous pouvons leur apporter un soutien psychologique : quand nous voyons que certains en ont besoin, nous faisons venir un professionnel. Dans ce genre de situation, War Child Holland est d’une grande aide aux familles », explique-t-il.

Au contact des jeunes
La tournée s’est terminée par une rencontre avec les membres de Strong Cities. Le réseau intervilles visant à apporter une cohésion sociale et à lutter contre la violence a mené des actions à Tripoli, financées par le gouvernement danois. Parmi ces dernières, une campagne de prévention ayant pour but de lutter contre l’utilisation d’armes lors des événements festifs. Pour faire entendre ce message, Strong Cities a partagé une vidéo réalisée avec YouthCAN (Youth Civil Activism Network) sur les réseaux sociaux, intitulée Stray Bullet et rapidement devenue virale. Dans cette dernière, un mariage est célébré. L’ambiance y est festive. Soudain, un homme tire en l’air. Un geste traditionnel lourd de conséquences : l’une des balles tombe sur un invité, tué sur le coup. « Il n’y a aucune raison d’utiliser des armes, même pendant des fêtes », a rappelé après le visionnage Marwa Seif, participante à la campagne. De tels supports servent à éveiller les consciences sur des problématiques qui touchent fréquemment la ville.

Strong Cities, dont la branche tripolitaine est encore récente, va aussi au contact des jeunes pour leur proposer des activités pouvant les aider. Il y a huit mois, les responsables de cette association ont fait la connaissance de Mohammad Hajjeh, Omar Hajjeh et Abdallah Hajjeh, trois frères, ainsi que de Rami Jeaideh et Yehia Tizani. En plus d’un soutien psycho-social, ils ont proposé à ces jeunes des activités de storytelling : le fait d’écrire leur histoire, marquée par la délinquance, les a aidés à aller de l’avant. Rapidement, les cinq jeunes en ont fait des rimes. Aujourd’hui, ils sont devenus un groupe de rap nommé « Tripoli Express ». Devant la délégation, ils ont interprété leurs textes à la fois sombres et pleins d’espoir.

Mohammad, l’un d’entre eux, y raconte son exil : « J’en ai eu assez de l’humiliation et de la misère ! / J’ai rêvé d’avoir un job et d’arrêter cette douleur sans fin / Nous sommes tous oppressés et stressés, sunnites comme chiites / Nous voulons partir à cause de nos politiciens / J’ai quitté mon pays pour avoir une vie décente / La solitude et le mal du pays m’ont envahi / J’ai choisi de revenir pour aider ceux qui en ont besoin / Aider mes amis et contribuer au changement. »

Omar livre un message optimiste : « J’avais peur de tout le monde, même de mes amis les plus proches / Maintenant, j’ai confiance en moi, et c’est le plus important / Aujourd’hui, je marche la tête haute et ma peur n’existe plus. »

Autant de chansons qui n’ont pas été publiées sur les réseaux sociaux pour l’instant. « Ça ne saurait tarder », confie Khadije Nasser, un cadre actif du programme.

La délégation de l’UE a aussi tenu à s’arrêter à la municipalité de Tripoli, deux semaines après l’attaque terroriste dont la ville a souffert la veille de la fête du Fitr. Aux côtés du président de la municipalité Ahmad Qamareddine, Christina Lassen a apporté au nom de tous son soutien « à la ville ainsi qu’aux proches de ceux qui ont été tragiquement tués ce jour-là ». « Nous avons beaucoup d’espoir pour Tripoli et sa région », a-t-elle également assuré.



Pour mémoire
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