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Liban - Réfugiés syriens

La SG va poursuivre en justice l’association Umam

Dans un contexte de tensions liées au forcing qu’exerce actuellement le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, pour un retour « sûr » des réfugiés sans attendre de solution politique en Syrie, face à d’autres composantes qui appellent d’abord à un règlement du conflit syrien, la direction générale de la Sûreté générale (SG) a annoncé samedi qu’elle compte poursuivre en justice des associations qui « font du dossier des déplacés syriens un sujet de marchés politiques ».

« Des associations et forums exprimant des positions rémunérées d’avance intensifient ces derniers temps leurs activités en se penchant sur le dossier des déplacés syriens dont ils font un sujet de marchés politiques, alors que la Sûreté générale a organisé avec succès un retour volontaire de plus de 200 000 personnes déplacées, soit directement au moyen de convois, soit à travers des facilitations administratives accordées aux Syriens pour régler leur statut juridique dans les centres régionaux et aux passages frontaliers », précise un communiqué de la SG.

Le communiqué accuse par ailleurs les organisateurs de ces forums de « n’avoir pas convié aux séminaires les autorités compétentes, notamment la direction générale de la SG, alors qu’il relève de leur mission de former une opinion publique fondée sur des faits politiques et scientifiques réels ». Le service de sécurité déplore que ces séminaires « constituent des plates-formes utilisées pour cibler les institutions publiques et porter atteinte à leur prestige et à leurs efforts diligents au plan des statistiques et de la documentation sur les Syriens déplacés », affirmant que les organisations pointées du doigt « se font aider par des personnes dépourvues des critères minimum de compétence politique, médiatique et académique, qui traînent auprès de tel leader ou telle ambassade ou les deux à la fois ».

« La direction générale de la SG ne permettra à personne de la viser ou de viser l’armée comme cela a été le cas récemment dans l’un des “hangars” où l’institution militaire a été considérée par un nouveau riche comme étant une milice », poursuit le communiqué, annonçant la décision de la Sûreté générale de poursuivre en justice tout auteur d’« atteintes à la sécurité publique et nationale ».

Même s’il ne mentionne à aucun moment l’identité des associations dénoncées, le texte semble faire notamment allusion à l’ONG Umam pour la documentation et les recherches. Le mot « hangar » utilisé est en effet celui donné à l’espace, situé à Haret Hreik (banlieue sud), dans lequel Umam organise des événements culturels et sociaux. Quelques heures avant la publication du communiqué de la SG, l’association avait organisé dans un hôtel beyrouthin un colloque articulé sur « l’avenir des réfugiés à la lumière de la dialectique de la tente et de l’habitation ».


(Lire aussi : Réfugiés : la pression monte crescendo)


Mise au pas

Contacté par L’Orient-Le Jour, le codirecteur de Umam, Lokman Slim, confirme que la SG fait référence à son organisation, alors que, dit-il, « il n’y a eu aucune atteinte à la Sûreté générale lors du séminaire ». Il s’étonne du ton du communiqué de la SG, qui selon lui donne l’impression d’« une mise au pas ». Pour lui, ce texte, qui « ne sied pas à une instance officielle », « a été rédigé avec un dictionnaire sectaire et une encre partisane ». « Notre intérêt n’était pourtant pas de faire un Hyde Park contre la Sûreté générale, mais de réfléchir sur la situation globale liée à la présence des déplacés, à travers une mise à jour mettant en relief les défis et dangers que le pays affronte à ce niveau, indique-t-il. Nous avons donné la parole à ceux qui, tout en étant convaincus de la nécessité du retour de ces déplacés, ne croient pas aux discours par lesquels on veut convaincre l’opinion publique que toutes les régions en Syrie sont sûres. » Et de citer dans ce cadre l’analyste politique et économique Sami Nader qui a affirmé lors du colloque qu’« il ne faut pas s’attendre à un retour des réfugiés, d’autant que la Syrie n’est pas prête à les accueillir ». M. Slim rappelle à cet égard que lors de la réunion que le président de la République Michel Aoun et le président russe Vladimir Poutine ont tenue à Moscou en mars dernier, les deux responsables avaient eux-mêmes lié les conditions de retour à « des conditions favorables » en Syrie.

Affirmant que le problème est « profond », du fait de la dissémination des Syriens sur tout le territoire, l’activiste mentionne l’intervention de Houssam Ghali, coordinateur des Associations de secours, qui a fait constater que « 20 % seulement des déplacés syriens vivent dans les camps, alors que 80 % vivent dans des habitations ».

Pour lui, le séminaire a ainsi été « une occasion de réfléchir et comprendre la réalité au-delà des raccourcis idéologiques et des discours populistes qui peuvent avoir des effets néfastes en ravivant des tensions sectaires et en provoquant le retour à l’ère milicienne ». « Prêcher la haine peut mener à une guerre civile, puisqu’un tel discours fournit des armes psychologiques en ce sens », insiste-t-il.

Interrogé par L’OLJ sur la raison pour laquelle la direction de la SG n’a pas été conviée à l’événement, M. Slim répond que « l’invitation était publique puisque diffusée sur les réseaux sociaux », et note que « les activités d’Umam n’ont jamais été secrètes », évoquant à cet égard « la liberté de se réunir et de s’exprimer ».

Quant au fait que lors du colloque l’institution militaire a été considérée comme étant une milice, le codirecteur d’Umam s’est demandé d’« où la SG a apporté cette allégation ? ».

L’OLJ a tenté sans succès d’entrer en contact avec le général Mounir Akiki, auteur présumé du communiqué, pour tenter d’en savoir plus.

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