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Joshua Wong, libéré, rejoint la mobilisation contre l'exécutif hongkongais



Le militant prodémocratie Joshua Wong à Hong Kong, le 17 juin. REUTERS/Jorge Silva

Le militant prodémocratie Joshua Wong, figure du "Mouvement des Parapluies", a annoncé lundi, à sa sortie de prison qu'il allait grossir les rangs de l'immense mobilisation à Hong Kong, au moment où les manifestants réfléchissent aux stratégies pour maintenir la pression sur l'exécutif.

Près de deux millions de manifestants vêtus de noir ont défilé dimanche, selon les organisateurs, pour demander la démission de la cheffe de l'exécutif Carrie Lam et le retrait de son projet de loi, désormais suspendu, visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

En ébullition depuis plusieurs mois du fait de ce projet, l'ex-colonie britannique a été le théâtre ces deux derniers dimanches de manifestations d'une ampleur record, et d'un rassemblement non autorisé mercredi qui a entraîné la plus violente répression policière depuis la rétrocession en 1997.

En 2014, alors âgé de 17 ans, Joshua Wong fut une des figures de proue du "Mouvement des Parapluies" qui avait bloqué le cœur financier de la ville pendant des semaines pour demander le suffrage universel.

Il a, dès sa sortie de prison lundi, ajouté sa voix au concert de critiques contre la cheffe de l'exécutif pro-Pékin.

Mme Lam n'est "plus qualifiée" 

"Elle n'est plus qualifiée pour être la dirigeante de Hong Kong", a-t-il déclaré aux journalistes. "Elle doit assumer ses responsabilités et démissionner."

Dans le même temps, la Chine a affirmé qu'elle continuerait de "soutenir fermement la cheffe de l'exécutif et les efforts du gouvernement de la Région administrative spéciale pour gouverner conformément à la loi".

Incarcéré en mai pour des faits en lien avec le "Mouvement des Parapluies", Joshua Wong était éligible à une libération anticipée pour bonne conduite.

"Après avoir quitté la prison, je vais également me battre avec tous les Hongkongais contre la loi maléfique sur l'extradition vers la Chine", a-t-il dit.

Selon ses détracteurs, le projet de loi placerait la population à la merci du système judiciaire de Chine continentale, opaque et sous influence du Parti communiste. Les milieux d'affaires craignent que la réforme nuise à l'image internationale et l'attractivité du centre financier.

Les énormes rassemblements des derniers jours ont aussi été une nouvelle manifestation de la défiance populaire envers leurs dirigeants.

Voilà des années que de nombreux Hongkongais dénoncent une ingérence grandissante de Pékin, en violation du principe "Un pays, deux systèmes" qui garantit à Hong Kong, en théorie jusqu'en 2047, une semi-autonomie et des libertés inexistantes ailleurs en Chine.

Le tollé provoqué par la répression policière de la manifestation mercredi a finalement contraint Mme Lam à annoncer samedi la suspension du texte controversé. Mais cela n'a pas dissuadé les foules de grossir les rangs d'une "marche noire" dimanche, pour exiger l'abandon total du projet de loi.

Les organisateurs ont affirmé que "près de deux millions de personnes" avaient manifesté, soit près du double du nombre revendiqué le dimanche d'avant, qui était déjà historique dans une ville de 7,3 millions d'habitants.

La police a évoqué le chiffre de 338.000 participants au plus fort de la manifestation dimanche.

Lundi matin, ne subsistaient que quelques centaines de protestataires qui bloquaient une autoroute urbaine du coeur politique de la ville, près du Conseil législatif (LegCo), le "parlement" local.

"Seconde chance" 

Les manifestants se sont finalement repliés dans le calme dans le parc voisin du LegCo.

"La balle est dans le camp du gouvernement", estime Matt, un manifestant qui refuse comme tous les autres de donner son identité complète. "Les Hongkongais sont devenus plus unis."

"Nous devons rester ici jusqu'à ce que Carrie Lam change d'avis", insiste Candy, 32 ans.

Certains s'interrogent toutefois sur l'effet réel de son éventuelle démission sur un exécutif dont Pékin contrôle les rouages.

"Le gouvernement chinois enverra juste une autre Carrie Lam et rien ne changera", peste Kok, un étudiant en design de 21 ans.

Mme Lam avait justifié la répression des manifestations par la violence de certains participants. L'opposition l'accuse de s'être servie des agissements d'une infime minorité pour se déchaîner sur l'ensemble des protestataires, en grande majorité pacifiques.

Des dizaines de milliers de personnes avaient été dispersées à coups de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.

Mme Lam a présenté dimanche "ses excuses". Dans un entretien à HK01 lundi, son principal conseiller Bernard Chan a estimé qu'aucun chef de l'exécutif n'oserait proposer à nouveau le texte sur l'extradition: "J'espère que les gens donneront une seconde chance à Carrie Lam."

Sa reculade représente une volte-face rare de la part d'autorités qui avaient refusé de céder le moindre pouce de terrain aux protestataires de 2014.

Ces manifestations massives, 30 ans après Tiananmen, constituent aussi selon des experts une rare défaite du président chinois Xi Jinping, à quelques mois du 70ème anniversaire de la proclamation de la République populaire.

"Xi Jinping tente de projeter l'image d'un supernationaliste", rappelle Willy Lam, de l'Université chinoise de Hong Kong. L'affaire hongkongaise entame cette image, selon lui: "le dirigeant de 1,4 milliard de Chinois est incapable de contrôler un territoire de 7 millions d'habitants".

Le militant prodémocratie Joshua Wong, figure du "Mouvement des Parapluies", a annoncé lundi, à sa sortie de prison qu'il allait grossir les rangs de l'immense mobilisation à Hong Kong, au moment où les manifestants réfléchissent aux stratégies pour maintenir la pression sur l'exécutif. Près de deux millions de manifestants vêtus de noir ont défilé dimanche, selon les...