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Culture - L’artiste de la semaine

Tania Kassis, mi-figue, mi-raisin

Elle occupe, ce soir, la scène du Casino du Liban pour un grand concert panorama « vif, joyeux et dansant ». Mais qui est donc cette jeune femme à la fois sérieuse et enjouée ?

Tania Kassis. Photo Jean Marie Marion

« Tania Kassis, cantatrice. » C’est ce qu’elle imaginait inscrire sur sa carte de visite. « Ça rimait, j’aimais bien », se rappelle-t-elle avoir confié à l’hebdomadaire Les Copains (supplément jeunesse de L’Orient-Le Jour) suite à son tout premier concert. C’est quelques années après cet aveu, en 2009, que sa carrière fait un bond, quand elle interprète un Ave Maria islamo-chrétien qui deviendra un peu sa marque de fabrique. L’opus à travers lequel elle accède à la notoriété.

Elle en raconte la genèse : « C’est en lisant L’Orient-Le Jour que j’ai découvert l’instauration, au Liban, d’une fête islamo-chrétienne à la date du 25 mars. Portant une grande dévotion envers la Vierge, figure sainte et unificatrice des deux religions monothéistes, j’ai alors imaginé une prière commune entre l’Allah w Akbar et l’Ave Maria. »

Dans son studio parisien, elle découpe et monte avec simplicité et humilité, comme une prière intime et personnelle, ses propres enregistrements avec celui d’un appel du muezzin. Il résulte de cette broderie un morceau qu’elle interprétera lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de la francophonie, en 2009, à Beyrouth. Les 30 000 téléspectateurs découvrent alors un Ave Maria islamo-chrétien à donner la chair de poule aux esprits les plus blasés. Invitée par le président égyptien, elle chantera ce même hymne en janvier 2019 lors de l’inauguration simultanée de la mosquée al-Fattah al-Alim et de la cathédrale de la Nativité près du Caire, dans une optique de tolérance religieuse.


Imagination et diversité

Enfant, Tania Kassis rêvait donc de devenir chanteuse... pour, surtout, attirer le regard d’un garçon de sa classe. Elle en rit, aujourd’hui. Beaucoup. Tout comme en se souvenant de cette fiesta qu’elle avait organisée avec ses petits frères pour marquer un anniversaire de mariage de ses parents. « Je les ai obligés à se déguiser et à mimer des chansons de Samy Clark en play-back », s’amuse-t-elle.

Le sérieux viendra plus tard. À Paris, surtout, lorsqu’elle intégrera le conservatoire de la ville, soutenue par ses parents, pour obtenir un diplôme en chant lyrique. Se disant « très perfectionniste », elle s’adapte à cette vie à l’étranger tout « en travaillant, en enseignant et en suivant les cours ». Elle considère ces années difficiles, moralement formatrices et lui ayant permis de réussir seule dans la chanson et d’en faire son métier. Elle parle également de son entourage qui l’a encouragée tout au long de son parcours.

« Quand tu as la bonne technique, tu peux chanter ce que tu veux. Ensuite, il faut essayer différents styles et faire partager ce qu’il y a dans sa tête, son imagination, sans concessions », confie-t-elle, aujourd’hui. Avec une grande facilité linguistique, de nombreux voyages inspirants, surtout dans les pays de la diaspora libanaise, en Amérique du Sud notamment, elle évolue de la musique classique vers une fusion de l’Orient et de l’Occident, pour finir par définir son style musical éclectique comme une musique du monde. Un contraste d’appartenance et de style que le Liban lui a inspiré dans sa diversité inhérente.


(Pour mémoire : Tania Kassis : Je rêve de voir réunis l’étoile, la croix et le croissant)


Amour et partage

« C’est surtout beaucoup d’amour. Je suis montée sur scène grâce à l’amour », répète Tania Kassis, en référence à ses premiers émois, mais aussi à sa passion communicatrice pour le chant. Sur scène ce qui est chanté doit lui parler avant tout, c’est à cette condition qu’elle peut « faire voyager les gens ». Elle s’est fait connaître tout d’abord pour ses chansons patriotiques et engagées, bien qu’elle ait produit de nombreuses chansons d’amour, moins diffusées mais toutes aussi importantes à ses yeux. « Ma relation avec le Liban est très spéciale car, ayant vécu à l’étranger, il était très difficile pour moi d’être loin de mes racines, de ma famille, de mon pays. » Pendant la période des attentats de 2005, elle réalise l’ampleur de son attachement au Liban, renonce à « des facilités de carrière à l’étranger pour revenir au pays et y percer ».

Elle y rapporte son expérience et sa volonté de partager son amour pour le chant en ouvrant deux branches de la Tania Kassis Academy, une école de chant tous niveaux confondus pour les jeunes et leurs mamans s’étant prises au jeu. Dernièrement, elle a fondé le mouvement culturel et apolitique One Lebanon, visant à développer des actions culturelles dans tout le Liban et notamment à ouvrir des chorales dans les écoles.

Sa musique, son Liban

Consciente de l’exigence et de la difficulté de la scène artistique libanaise, Tania Kassis tient à se produire dans son pays natal : « Nul n’est prophète en son pays, c’est valable pour tout le monde. Ma reconnaissance au Liban est venue de mon succès à l’étranger. »

Ce soir, elle donne de nouveau rendez-vous à son public, pour un concert au Casino du Liban réservant quelques surprises. « C’est un aboutissement de tous les aspects d’une carrière », dit-elle. Ses titres les plus connus, ses chansons romantiques, un opus de Marwan Khoury, compositeur de Watani, un autre de Mike Massi, ainsi que Land for All, sa dernière chanson à thème humanitaire parlant de l’enfance, de la violence des guerres, de la pauvreté, sont au programme, ainsi que des chansons connues de ses débuts. Elle lancera un hommage à l’Égypte qui lui a réservé « un accueil exceptionnel » lors de ses derniers concerts sur place. L’Égypte où se trouve « un public très intéressé par la bonne musique et les artistes libanais », affirme-t-elle.

Tania Kassis promet ainsi « un concert joyeux, coloré », qui rappelle son éclectisme musical, et avant tout son « amour pour le chant, le public et le Liban ». Ainsi soit-il.

À 13 ans

Début de ses rêves de carrière dans la chanson.

2001

Le Liban aux Jeux de la francophonie au Canada où elle se voit décerner la médaille du mérite libanais.

2003

Départ pour la France, pour poursuivre des études au conservatoire de la ville de Paris, où elle obtiendra son diplôme d’Opéra.

2007

Concert à l’Unesco, humanitaire et solidaire.

2009

Première production sur scène de l’« Ave Maria » islamo-chrétien, filmée devant plus de 30 000 personnes.

2011

Interprétation de l’hymne national coréen. Ambassadrice honoraire pour le contingent coréen au Liban.

2012

Concert à l’Olympia, son plus grand concert jusqu’alors. Tenu dans un contexte trouble au Liban, il lui apporte consécration et émotion.

2015

Murex d’or dans la catégorie « Ambassadrice libanaise du théâtre international » pour son interprétation de « Watani », composé par Marwan Khoury.



Pour mémoire

#Land4All, le cri du cœur de Tania Kassis

Tania Kassis : un message d’espérance, au cœur du Rimini Meeting en Italie




« Tania Kassis, cantatrice. » C’est ce qu’elle imaginait inscrire sur sa carte de visite. « Ça rimait, j’aimais bien », se rappelle-t-elle avoir confié à l’hebdomadaire Les Copains (supplément jeunesse de L’Orient-Le Jour) suite à son tout premier concert. C’est quelques années après cet aveu, en 2009, que sa carrière fait un bond, quand elle...

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