Système antiaérien russe S-400 en démonstration à Moscou en mai 2017. Alexander NEMENOV / AFP
L'ultimatum écrit adressé la semaine dernière par Washington à Ankara au sujet de l'achat par la Turquie de batteries de missiles S-400 russes est "déplacé" et contraire à "l'esprit de l'Alliance" atlantique, a répliqué jeudi le ministre turc de la Défense.
Au cours d'un entretien téléphonique avec le chef du Pentagone, Patrick Shanahan, le ministre turc, Hulusi Akar, "a insisté sur la formulation déplacée et qui n'est pas conforme à l'esprit de l'Alliance" atlantique dont leurs deux pays sont membres, selon un communiqué du ministère de la Défense.
M. Shanahan a adressé vendredi une lettre à son homologue turc donnant à la Turquie jusqu'au 31 juillet pour renoncer à l'achat de systèmes de défense antiaérienne russes S-400 que Washington considère comme incompatibles avec le nouvel avion furtif américain F-35 qu'Ankara veut aussi acquérir. Si, d'ici à cette date, la Turquie n'a pas renoncé aux S-400, les pilotes turcs s'entraînant actuellement aux Etats-Unis sur le F-35 seront expulsés, d'après Washington.
Le personnel turc du consortium international qui fabrique le F-35 sera alors remplacé et les contrats de sous-traitance attribués à des entreprises turques pour la fabrication du F-35 seront annulés.
Les bureaux du consortium seront interdits au personnel des forces aériennes turques et les quatre appareils déjà achetés par la Turquie mais encore sur le sol américain ne seront pas livrés, avait expliqué la semaine dernière à la presse Ellen Lord, la ministre adjointe de la Défense chargée des acquisitions.
En dépit des mises en garde des Etats-Unis, les responsables turcs, au premier rang desquels le président Recep Tayyip Erdogan, refusent de faire machine arrière sur l'achat des missiles russes, qui doivent être livrés en juillet.
Le porte-parole de M. Erdogan, Ibrahim Kalin, s'est lui aussi élevé contre l'ultimatum américain, soulignant qu'il s'était entretenu jeudi à ce sujet avec le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton.
"Le fait que la lettre (d'ultimatum) a fuité pratiquement au même moment où elle nous a été envoyée dénote un manque de sérieux", a déclaré M. Kalin, avant d'ajouter que la Turquie répondrait au courrier américain d'"une façon appropriée". Il a néanmoins déclaré que les négociations se poursuivaient entre Ankara et Washington, appelant les Etats-Unis à "revenir sur leur attitude" afin de ne pas "endommager de façon durable" les relations bilatérales.
Complétant le choeur des protestations turques, le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, a affirmé jeudi que "personne ne peut adresser d'ultimatums à la Turquie". Il a également réitéré la volonté turque d'instaurer un "groupe de travail commun" pour régler ce différend, assurant que le président américain Donald Trump s'était dit favorable à un tel projet mais qu'il était rejeté par "certaines institutions" américaines.
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