Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Contestation

À Hong Kong, les commerces se joignent à la protestation

Le Conseil législatif examinerait comme prévu aujourd’hui le texte controversé sur les extraditions vers la Chine.

Les Hongkongais se sont mobilisés en masse pour protester contre un projet de loi qui permet l’extradition des suspects vers la Chine. Tyrone Siu/Reuters

Des dizaines d’entreprises et commerces hongkongais ont annoncé hier leur intention, peu commune dans l’ex-colonie britannique, de fermer leurs portes aujourd’hui pour protester contre le projet très controversé du gouvernement local d’autoriser les extraditions vers la Chine.

Des protestataires ont en outre appelé à la tenue d’un rassemblement dès hier soir pour passer la nuit près du Parlement, ce qui pourrait déboucher sur des heurts similaires à ceux qui s’étaient produits dans la nuit de dimanche à lundi, à l’issue de la manifestation.

L’ex-colonie britannique a été dimanche le théâtre de sa plus importante manifestation depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 – plus d’un million de personnes selon les organisateurs – pour demander à l’exécutif hongkongais de renoncer à son projet de loi.

Le texte a suscité les critiques de pays occidentaux ainsi qu’une levée de boucliers de certains Hongkongais qui redoutent une justice chinoise opaque et politisée, et pensent que cette réforme nuira à l’image internationale et l’attractivité du territoire semi-autonome.

L’ampleur de la manifestation n’a cependant pas découragé la chef de l’exécutif local Carrie Lam qui a réaffirmé que le Conseil législatif (LegCo) – le « Parlement » hongkongais – examinerait comme prévu aujourd’hui ce texte en deuxième et troisième lectures. La sécurité a été renforcée autour du LegCo, aux abords duquel des groupes appellent à manifester ce matin. Mais on ignore dans l’immédiat s’ils obtiendront l’autorisation de le faire.

#grève1206

Des commerçants se sont d’ores et déjà mobilisés sur les réseaux sociaux, sous un hashtag pouvant se traduire par « #grève1206 », pour annoncer que leurs boutiques fermeraient leurs portes afin de permettre à leurs employés de manifester. Il s’agit pour l’essentiel de commerces familiaux et de petits magasins au cœur de l’économie locale, mais qui se font rarement entendre dans le débat politique.

Hier, plus d’une centaine de commerces avaient annoncé leur intention de fermer leurs portes. Parmi eux, des coffee shops et des restaurants, des magasins d’appareils photo ou de jouets, des salons de manucure, des studios de yoga et même un sex-shop.

« Hong Kong s’est construit grâce au dur labeur de générations », indique sur son compte Instagram le studio Meet Yoga. « Et si nous effacions tout et l’appelions directement Chine », ironise le studio.

Aux termes de l’accord de 1984 entre Londres et Pékin qui a présidé à sa rétrocession en 1997, Hong Kong jouit d’une semi-autonomie et de libertés n’existant pas en Chine continentale, et ce, en théorie, jusqu’en 2047.

L’ex-colonie britannique est cependant depuis une dizaine d’années le théâtre d’une forte agitation politique en raison de l’inquiétude générée par l’ingérence grandissante de Pékin dans ses affaires intérieures, et par le sentiment que l’accord de rétrocession et le fameux principe « un pays, deux systèmes » ne sont plus respectés.

« Actes radicaux »

Plus de 1 600 employés de compagnies aériennes ont signé une pétition demandant à leur syndicat de se mettre en grève. Un syndicat de chauffeurs de bus invite de son côté ses membres à conduire très lentement aujourd’hui pour marquer leur soutien aux manifestants. Des enseignants, infirmières et travailleurs sociaux ont également fait part de leur volonté de cesser le travail.

Mme Lam s’est insurgée hier contre les grèves, une méthode rarement utilisée dans la grande place financière et commerciale qu’est Hong Kong. « J’exhorte les écoles, parents, groupes, entreprises et syndicats, avant d’appeler à ces actes radicaux, à se poser la question du bien qu’ils peuvent faire à la société et la jeunesse de Hong Kong », a-t-elle dit, selon RTHK.

Le projet de loi doit permettre les extraditions vers toutes les juridictions avec lesquelles aucun accord bilatéral n’existe, y compris la Chine continentale. Le texte, disent les autorités, doit combler un vide juridique et faire que la ville ne soit plus un asile pour certains criminels. Elles assurent que des garde-fous existent en matière de droits de l’homme et qu’il ne visera pas les opposants politiques à la Chine. Mais après des années de tensions politiques, nombre de Hongkongais ne croient plus aux promesses de leur exécutif et se méfient des intentions du gouvernement chinois.

Fin 2014, le cœur de Hong Kong avait été bloqué pendant plusieurs semaines par le « Mouvement des parapluies », une mobilisation pour demander l’élection du chef de l’exécutif au suffrage universel. Pékin n’avait rien lâché.

L’opposition au projet de loi unit des franges très diverses de la population hongkongaise. Le diocèse catholique de Hong Kong a ainsi exhorté Mme Lam, une catholique fervente, à renoncer.

Hasard du calendrier, la justice néo-zélandaise s’est opposée hier à l’extradition vers la Chine d’un homme recherché pour homicide en invoquant le risque qu’il soit torturé.

De leur côté, les États-Unis ont fait état de leurs inquiétudes pour l’environnement économique à Hong Kong et pour les Américains de passage ou installés sur place, qui seront « soumis au système judiciaire capricieux de la Chine ». La Chine a fustigé hier les « propos irresponsables et erronés ».

Source : AFP

Des dizaines d’entreprises et commerces hongkongais ont annoncé hier leur intention, peu commune dans l’ex-colonie britannique, de fermer leurs portes aujourd’hui pour protester contre le projet très controversé du gouvernement local d’autoriser les extraditions vers la Chine.Des protestataires ont en outre appelé à la tenue d’un rassemblement dès hier soir pour passer la nuit...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut