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Liban - Sécurité

Assassinat d’un membre de la Jamaa islamiya à Chebaa : plusieurs pistes retenues

Le cheikh Mohammad Jarrar, un sympathisant de l’opposition syrienne, était connu pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés.

Le cheikh Mohammad Jarrar, responsable de la Jamaa islamiya à Hasbaya, Marjeyoun et Chebaa. Photo ANI

L’assassinat, dimanche soir, du responsable des relations publiques de la Jamaa islamiya, le cheikh Mohammad Jarrar, à Chebaa a provoqué une onde de choc dans les milieux politiques locaux, plusieurs formations ayant vivement condamné cet acte criminel. Si les motifs autour du crime sont pour l’heure incertains, plusieurs pistes ont été retenues à la lumière de l’enquête préliminaire.

Le cheikh Mohammad Jarrar, un responsable de la Jamaa islamiya à Hasbaya, Marjeyoun et Chebaa, a été abattu de sang-froid par des inconnus qui ont tiré quatre balles dans sa direction alors qu’il sortait du dispensaire de Chebaa dont il a la charge. Atteint au ventre, il a immédiatement succombé à ses blessures. Dépêchées sur place, les forces de l’ordre ont ouvert une enquête. L’armée libanaise a encerclé pour sa part la scène du crime et entamé des patrouilles à pied dans les environs, à la recherche des agresseurs.

Pour l’heure, on ne sait pas encore s’il s’agit d’un assassinat à caractère politique où d’une vendetta liée à un conflit personnel, une hypothèse que la Jamaa islamiya a pourtant éliminée, se disant convaincue du caractère éminemment politique du meurtre.

La victime était connue pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés syriens et pour sa sympathie déclarée envers l’opposition au régime de Bachar el-Assad.

Le cheikh Jarrar avait reçu il y a un peu plus d’un an une vidéo dans laquelle on pouvait voir la photo de son fils fixée au sol et un inconnu, filmé de dos, tirant dessus. Selon un responsable du mouvement Hamas, cette vidéo, qui doit être « interprétée comme une menace en amont », pourrait être liée à l’assassinat du père.

Contactée par L’Orient-Le Jour, un responsable politique de la région, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, a indiqué que la bande vidéo a été suivie de plusieurs appels téléphoniques comportant également des menaces de mort. Selon lui, les appels téléphoniques « provenaient d’Israël ». Le cheikh Jarrar aurait également reçu, « peu avant son assassinat, un appel en provenance de Nouvelle-Zélande. Le correspondant pourrait être celui qui l’a attiré dans le piège et l’a invité à sortir du dispensaire avant qu’il ne soit abattu », commente encore le responsable. S’abstenant d’évoquer à ce stade une piste quelconque qui pourrait donner des indications sur les exécutants, la source affirme toutefois que le crime « a été perpétré d’une manière extrêmement professionnelle, les auteurs n’ayant laissé aucune trace ou preuve derrière eux ».

Dans un article, le site al-Janoubia, a laissé entendre que l’assassinat pourrait avoir pour origine l’implication de la victime et de sa formation politique auprès des réfugiés et évoque une complicité probable du régime syrien. L’hebdomadaire rappelle à ce propos la teneur d’un communiqué publié par la Jamaa islamiya quelques heures seulement avant l’attentat, dans lequel la formation islamiste dénonçait la xénophobie ambiante à l’égard des déplacés.

« Nous condamnons fermement les propos et déclarations xénophobes à l’adresse des réfugiés qui visent implicitement à porter atteinte à la communauté sunnite et mettons en garde contre ce type de discours qui va à l’encontre du sentiment national », devait préciser le communiqué.Le site al-Janoubia mentionne toutefois d’autres hypothèses à retenir en parallèle, citant la piste israélienne, sinon celle des « Brigades de la résistance avec lesquelles le cheikh Jarrar n’était pas en de bons termes depuis un certain temps ».

Dans un entretien express avec L’Orient-Le Jour, le directeur du Comité des habitants du Arkoub, Mohammad Hamdan, a insisté pour sa part sur l’importance de « préserver l’unité de Chebaa », une bourgade majoritairement sunnite située à la frontière avec Israël et regroupant une palette de mouvements et partis politiques : le courant du Futur, la Jamaa islamiya, le Parti syrien national social, le Congrès populaire libanais de Kamal Chatila, le Parti communiste, les Brigades sunnites proches du Hezbollah et un courant salafiste.

Pendant les obsèques du cheikh Jarrar, qui ont eu lieu hier dans l’après-midi, l’ensemble de ces courants étaient représentés et ont unanimement exprimé leur refus de voir cet incident se répercuter sur la stabilité de la bourgade.

Le meurtre du responsable de la Jamaa islamiya à Chebaa a parallèlement été condamné par plusieurs autres formations politiques qui ont lancé un appel au calme et réclamé que l’enquête soit accélérée.

Dans un communiqué, la Jamaa a évoqué un acte « de traîtrise » et vanté l’engagement humanitaire du cheikh Jarrar. Le Parti socialiste progressiste a également condamné l’assassinat et appelé les autorités à mettre au clair les circonstances qui l’ont entouré et à sanctionner les meurtriers.

La branche du courant du Futur à Hasbaya a pour sa part appelé les habitants et proches du défunt à faire preuve d’« unité et de sagesse afin de barrer la voie à tous ceux qui cherchent à déstabiliser la région de Chebaa et à y semer la discorde ». Le Hamas et le mouvement al-Tawhid ont également stigmatisé l’attentat, ainsi que le député du groupe Amal, Kassem Hachem, qui a mis en garde contre les « risques de discorde ».

L’assassinat, dimanche soir, du responsable des relations publiques de la Jamaa islamiya, le cheikh Mohammad Jarrar, à Chebaa a provoqué une onde de choc dans les milieux politiques locaux, plusieurs formations ayant vivement condamné cet acte criminel. Si les motifs autour du crime sont pour l’heure incertains, plusieurs pistes ont été retenues à la lumière de l’enquête...

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