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Moyen Orient et Monde - Soudan

À Khartoum, le régime instaure un « climat de peur »

Plus de 40 personnes ont été retrouvées dans les eaux du Nil.

Hier, dans une rue de Khartoum, une affiche où il est inscrit « civile et pacifiste ». Photo AFP

Des Soudanais ont raconté hier le climat de « peur » des derniers jours à Khartoum face à la répression sanglante contre le mouvement de contestation, dont le gouvernement a tenté de minimiser l’ampleur.

Dans un bilan officiel, le ministère de la Santé a affirmé que le « nombre de morts » depuis lundi s’élevait « à 61 ». Il avait assuré plus tôt, via l’agence officielle Suna, que ce nombre n’avait « pas dépassé 46 », en démentant catégoriquement le bilan du comité de médecins proche de la contestation. Selon ce comité, au moins 108 personnes ont été tuées et plus de 500 blessées en trois jours, pour la plupart dans la dispersion brutale d’un sit-in devant le siège de l’armée lundi à Khartoum.

Cette opération, qualifiée de « massacre » par la contestation et attribuée à des « milices » du Conseil militaire de transition, a été condamnée par le secrétaire général de l’ONU et plusieurs chancelleries occidentales. Hier, l’Union africaine (UA) a à son tour réagi en annonçant la suspension avec effet immédiat du Soudan, « jusqu’à l’établissement effectif d’une autorité civile de transition ». Pendant ce temps, les principales artères de la capitale ont rouvert à la circulation, en présence d’un nombre important de paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), rattachés aux services de sécurité.

« Nous vivons dans un état de terreur à cause des coups de feu qui se produisent de temps à autre », même si la situation « est meilleure » aujourd’hui, a raconté un habitant du sud de Khartoum. Malgré cette apparente accalmie, il a confié avoir « peur pour (ses) enfants en sortant dans la rue ». La circulation dans les rues de Khartoum apparaît plus significative que ces derniers jours, avec quelques voitures, bus et minibus. Davantage de magasins sont ouverts en ce deuxième jour de la fête marquant la fin du jeûne du ramadan.

« Corps dans le Nil »

Le Soudan est secoué depuis décembre par un soulèvement populaire inédit déclenché par le triplement du prix du pain et qui a conduit au renversement par l’armée de l’ex-président Omar al-Bachir, le 11 avril. La mobilisation s’est poursuivie, les manifestants campant devant le QG de l’armée pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils. Lundi, la dispersion brutale de ce rassemblement devenu emblématique a provoqué une onde de choc parmi les protestataires.

Donnant quelques précisions sur le premier bilan des autorités, Souleiman Abdul Jabbar, sous-secrétaire au ministère de la Santé, a déclaré que 52 personnes étaient mortes « à Khartoum, dont 49 civils tués par balles. Trois personnes portant l’uniforme des Forces de soutien rapide (RSF) ont été poignardées », a-t-il ajouté.

Présentées par leurs détracteurs comme un avatar des redoutables milices janjawid ayant sévi au Darfour, les RSF sont accusées d’être les principaux auteurs de la répression depuis lundi. M. Abdul Jabbar a encore affirmé que deux corps avaient été retrouvés dans le Nil et que quatre personnes étaient mortes à al-Obeid, quatre au Darfour occidental et une à Gadaref. Selon le comité de médecins, 40 personnes ont été retrouvées dans les eaux du fleuve, s’appuyant sur des témoignages de médecins sur place. Il n’a toutefois pas donné d’autres détails. Mais, en dépit de la répression et de la peur, les chefs du mouvement continuent d’afficher leur détermination. « La révolution continue et notre peuple est victorieux malgré le terrorisme et la violence des milices », a lancé l’Association des professionnels soudanais (SPA), un acteur majeur du mouvement.

Source : AFP

Des Soudanais ont raconté hier le climat de « peur » des derniers jours à Khartoum face à la répression sanglante contre le mouvement de contestation, dont le gouvernement a tenté de minimiser l’ampleur.Dans un bilan officiel, le ministère de la Santé a affirmé que le « nombre de morts » depuis lundi s’élevait « à 61 ». Il avait assuré plus tôt,...

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