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Sa coalition fragilisée, Merkel récuse toute "instabilité"

Angela Merkel. AFP / Odd ANDERSEN

Angela Merkel a tenté lundi de convaincre qu'il n'y avait aucun signe d'"instabilité" en Allemagne, bien que le sort de son gouvernement soit désormais entre les mains d'alliés sociaux-démocrates en déshérence.

Au lendemain de la démission inattendue de la cheffe des sociaux-démocrates Andrea Nahles après le fiasco des Européennes, la dauphine pressentie de la chancelière allemande et patronne du parti chrétien-démocrate (CDU), a de son côté affirmé vouloir préserver le gouvernement de coalition et donc éviter des élections législatives anticipées.

"C'est au SPD de décider maintenant comment il veut se comporter," a déclaré Annegret Kramp-Karrenbauer, après une réunion de son parti consacrée au mauvais score de la CDU aux Européennes et à la débâcle de son partenaire de centre-gauche.

La chancelière, qui entend bien rester au pouvoir jusqu'au terme de la législature, en 2021, a de son côté tenté de balayer, lors d'une intervention à Weimar, les craintes "d'instabilité" à la tête du pays.


"Signal clair"

Selon elle, plutôt qu'une crise, il s'agit d'une "situation nouvelle" et il faut "accepter les choses telles qu'elles évoluent" au sein du SPD. Les changements à la tête de ce parti "ne nous empêchent pas de travailler", veut croire Mme Merkel, au pouvoir depuis 2005.

Markus Söder, chef des conservateurs bavarois (CSU), le troisième membre de la coalition, a lui appelé les sociaux-démocrates à enfin donner un "signal clair" quant à leurs objectifs, après leur humiliation aux élections européennes, qui s'est soldées par une 3e position derrière les Verts avec 15,8%.

Les sociaux-démocrates n'ont pas encore fait état de leurs intentions, mais nombre de cadres du SPD sont opposés à ce gouvernement depuis sa formation début 2018. D'ailleurs, depuis sa naissance dans la douleur, la coalition navigue de crise en conflit.

Si le SPD n'a jamais sauté le pas et claqué la porte, c'est du fait de l'absence d'une stratégie alternative, d'un chef incontesté et par crainte d'un résultat catastrophique en cas d'élections anticipées.

Signe de cette crise existentielle, le SPD a nommé un trio, deux femmes et un homme, pour assurer l'intérim à la tête de la formation.

Ces personnalités -- Malu Dreyer, Manuela Schwesig et Thorsten Schäfer-Gümbel -- ont assuré ne pas vouloir prendre rester à la tête du parti mais simplement l'accompagner dans sa transition.

Le SPD décidera le 24 juin du processus et du calendrier d'élection du futur dirigeant de la plus ancienne formation d'Allemagne.

Le quotidien de gauche TAZ résume ironiquement en Une la situation: "Job de merde à pourvoir: Chef(fe) du SPD"

Jusqu'ici, les sociaux-démocrates avaient prévu de trancher la question du maintien au gouvernement à l'automne, à mi-mandat et dans la foulée de scrutins régionaux qui s'annoncent difficiles dans trois régions de l'ex-Allemagne de l'Est.

Dans ces Länder, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD, extrême droite) espère dépasser la CDU de Mme Merkel et réduire les sociaux-démocrates à la portion congrue.

Les chrétiens-démocrates sont aussi mal en point, après avoir remporté les Européennes avec leur plus bas score historique. Annegret Kramp-Karrenbauer est ouvertement critiquée après plusieurs faux pas, s'aliénant notamment d'influents YouTubeurs.


"Mort-vivant titubant"

Plusieurs cadres conservateurs semblent pour leur part prêts à retourner devant les électeurs.

"La coalition est à peine tenable. La GroKo ("Grande Coalition") ne va pas survivre", assène aussi Ingo Senftleben, dirigeant de la CDU dans le Brandebourg, une des régions qui vote en septembre.

Car sur les questions sociales -- retraites, indemnisation chômage, immigration --, CDU et SPD accentuent leurs différences depuis des mois. S'y ajoute la lutte contre le changement climatique, domaine où l'Allemagne est à la traîne mais devenu cher aux électeurs comme l'illustre le succès des Verts aux élections européennes.

Des législatives anticipées dans de telles conditions seraient une première en Allemagne et à haut risque pour les deux partis qui ont dirigé ensemble ou à tour de rôle le pays depuis 1949.

A l'inverse, après leur score record aux européennes, les Verts poursuivent leur ascension.

Dans un sondage RTL publié samedi, ils devancent pour la première fois, avec 27% des intentions de vote, la CDU (26%). Le SPD (12%) est au coude-à-coude avec l'extrême droite.

L'AfD, qui a fait d'un départ prématuré d'Angela Merkel son objectif premier, réclame elle de nouvelles élections.

"La GroKo est un mort-vivant titubant sur la scène politique", a asséné une de ses dirigeantes Alice Weidel.

Angela Merkel a tenté lundi de convaincre qu'il n'y avait aucun signe d'"instabilité" en Allemagne, bien que le sort de son gouvernement soit désormais entre les mains d'alliés sociaux-démocrates en déshérence.Au lendemain de la démission inattendue de la cheffe des sociaux-démocrates Andrea Nahles après le fiasco des Européennes, la dauphine pressentie de la chancelière allemande et...