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Liban - Portrait

Ara Khatchadourian, de la joaillerie à la conquête des sommets pour la paix

En gravissant en mai 2016 le mont Everest, le plus haut sommet au monde, Ara Khatchadourian, alpiniste français de 54 ans d’origine arménienne et né au Liban, a voulu rendre hommage à la mémoire des victimes des génocides et des guerres dans le monde. Aujourd’hui, il s’apprête à relier à la rame Marseille, sa ville d’adoption, à Beyrouth.


Ara Khatchadourian offrant au pape François sa photo le montrant brandissant la Bible au sommet du mont Everest, dans un message de paix pour le monde entier.

Né au Liban en 1964, Ara Khatchadourian connaît très tôt les affres d’un pays en guerre. À 19 ans, il quitte son pays natal pour se rendre en France et s’installer à Marseille. Joaillier de profession, il ouvre une première bijouterie à 24 ans. Le sport n’avait pas alors de place dans sa vie. Ce n’est qu’à 40 ans, à l’occasion d’un voyage au Liban, qu’il découvre la course à pied. À son retour en France, pris de passion, il chausse ses baskets et enchaîne les marathons. À cette même époque, il découvre également la haute montagne en faisant l’ascension du Mont-Blanc pour s’entraîner. « J’avais alors contracté le virus du dépassement de soi. C’est comme une drogue, relève-t-il, en évoquant son parcours personnel. J’ai enchaîné ensuite avec le mont Ararat, le Kilimandjaro, des sommets en Bolivie… Mon rêve était cependant de gravir le toit du monde, le mont Everest, le plus haut sommet du globe, pour y délivrer un message de paix universel, en mémoire de tous les génocides perpétués aux XXe et XXIe siècles, particulièrement celui de l’Arménie, et les victimes de guerres dans le monde. »

Ara Khatchadourian revit avec beaucoup d’émotion cet instant magique : « Au bout de six laborieuses semaines, j’ai foulé enfin le sommet, le 22 mai 2016, à 8h30, précise-t-il. Il n’y avait pas de vent, le ciel était dégagé. Être au-dessus des nuages, respirer la liberté... L’extase ! Ces quelques minutes de bonheur ont suffi pour me faire oublier la pression et les embûches, qui rendent la vie encore plus délicieuse. Les journées étaient longues et la fatigue intense. J’ai très peu dormi, très peu mangé. J’avais des nécroses aux pieds (on a failli m’amputer de deux orteils…), mais j’étais déterminé à aller jusqu’au bout », se rappelle l’alpiniste. « Là, j’ai fièrement planté les drapeaux libanais, français et arménien, en guise de reconnaissance pour tous ces peuples, pour ce qu’ils ont fait pour moi et pour les Arméniens, en nous accueillant. Et dans un geste qui constitue sans doute un précédent dans ce genre de situation, j’ai sorti de ma poche une petite Bible que j’ai brandie au monde entier, du haut du sommet, afin de proclamer la paix et dire non aux guerres. Pour pérenniser ce moment inoubliable, j’ai offert la photo au pape François… »


Citoyen du monde
Comment réussir à courir sur 5 000 km ? « Entraînement physique, ténacité, volonté de fer et, bien sûr, un message fort, “Run for Peace”, souligne l’alpiniste. C’est cette envie qui m’a incité encore une fois à atteindre Erevan, en courant un marathon par jour (5 heures) pendant 107 jours consécutifs, entre le 7 avril et le 21 juillet 2018, pour relier Marseille, ville d’adoption, à Erevan, après avoir traversé 150 villes et 11 pays.» «Le choix des villes n’est pas le fruit du hasard, ajoute-t-il. Le point de départ est la ville qui m’avait accueilli à bras ouverts en 1983, lorsque ma famille et moi avons fui le Liban à cause de la guerre. Et la dernière étape, c’est le pays de mes racines. Ainsi, grâce à cette course à pied, j’ai pu réaliser mon souhait de relier deux villes chères à mon cœur. » Au-delà de cet exploit sportif, Ara Khatchadourian a réussi, en courant, à mettre en avant les valeurs de solidarité et de fraternité entre les cultures. « Je suis citoyen du monde, je suis pour la paix, l’amour, le respect et la fraternité entre les peuples, pour la santé et l’éducation pour tous », déclare-t-il.



Ramer pour la paix
Assoiffé d’aventures, son prochain défi, en matière d’escalade, devrait avoir lieu fin 2019, lorsque Ara s’attaquera au plus haut sommet du continent américain : l’Aconcagua. Surnommé le colosse de l’Amérique, ce dernier est un sommet en Argentine s’élevant à 6 962 mètres d’altitude. Il constitue le point culminant de la cordillère des Andes. L’ancien bijoutier compte le gravir pour répandre encore une fois un message universel de paix, en mémoire des victimes de tous les génocides perpétrés depuis un siècle. En attendant, Ara Khatchadourian s’apprête à traverser, dans quelques mois, la Méditerranée seul, en kayak, et à relier Marseille, sa ville d’adoption, à Beyrouth, celle de sa naissance, en ramant. « La traversée durera trois mois, à raison de 6 à 7 heures de rame par jour », précise-t-il.



Sensibiliser les jeunes
Les jeunes occupent une grande place dans ses aventures. Depuis son retour d’Erevan, Ara Khatchadourian intervient dans les écoles, auprès des étudiants, en témoignant du fait, sur base de sa propre expérience, qu’il est possible de réaliser le rêve le plus audacieux, de conquérir le sommet le plus haut grâce à la persévérance et à la détermination. « Souvent, je leur explique qu’il faut avoir un rêve, souligne-t-il. Pour réussir, il faut rêver, aimer, travailler et oser. Ces quatre éléments associés deviennent synonymes de don. C’est ma devise dans la vie. Chacun a son Everest. Si on ne travaille pas, on n’arrivera à rien. Il faut savoir aimer ce qu’on fait, prendre plaisir dans le travail en empruntant la route qui mène à nos rêves. » Et l’alpiniste de souligner « qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais élèves ». « Nous avons tous des capacités, ajoute M. Khatchadourian. Ceux qui sont en difficulté dans les études peuvent se réaliser ailleurs, par exemple à travers le sport ou la musique. Nous devons juste découvrir notre potentiel et avancer vers le rêve, clé de toute réussite. »




Né au Liban en 1964, Ara Khatchadourian connaît très tôt les affres d’un pays en guerre. À 19 ans, il quitte son pays natal pour se rendre en France et s’installer à Marseille. Joaillier de profession, il ouvre une première bijouterie à 24 ans. Le sport n’avait pas alors de place dans sa vie. Ce n’est qu’à 40 ans, à l’occasion d’un voyage au Liban, qu’il découvre la...

commentaires (3)

HONNEUR A CET HOMME EXCEPTIONNEL.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 22, le 03 juin 2019

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Commentaires (3)

  • HONNEUR A CET HOMME EXCEPTIONNEL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 22, le 03 juin 2019

  • Voila un Homme, bravo du fond de mon coeur.

    Eddy

    10 h 36, le 03 juin 2019

  • En France déjà bien connu pour ses exploits sportifs, mais aussi et surtout pour sa volonté incroyable à mettre son talent au service des causes humanitaires. Ara Khatchadourian est un être totalement voué à la paix et à l'harmonie universelle. Respects quelle belle personne.

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 55, le 03 juin 2019

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