Le pape François avec le président Klaus Iohannis vendredi en Roumanie. AFP / Daniel MIHAILESCU
Le pape François est arrivé vendredi en Roumanie pour une visite de trois jours destinée à renforcer le dialogue avec l'Eglise orthodoxe majoritaire et apporter son soutien aux minorités, tant religieuses qu'ethniques.
Cinq jours après un scrutin européen marqué par une montée des mouvements nationalistes à travers le continent, le pontife a d'entrée tenu à saluer les millions d'émigrés roumains partis travailler dans l'ouest de l'UE.
"Je rends hommage aux sacrifices de nombreux fils et filles de la Roumanie qui, par leur culture, leurs valeurs et leur travail, enrichissent les pays où ils ont émigré", a lancé le pape François après une entrevue avec le président Klaus Iohannis, qui l'a accueilli à l'aéroport de Bucarest.
Des dizaines de milliers de Roumains sont attendus dans les rues de Bucarest pour cette visite historique, qui intervient vingt ans après celle qu'avait effectuée Jean Paul II.
Le chef de l'Etat roumain, un pro-européen de confession luthérienne, s'était félicité jeudi d'"une heureuse occasion de rassembler les chrétiens orthodoxes, catholiques romains et gréco-catholiques" dans un pays divisé.
François doit également s'entretenir vendredi avec des représentants du gouvernement et de la société civile ainsi qu'avec le patriarche orthodoxe Daniel, avant une messe en la cathédrale Saint-Joseph.
Le pape arrive dans un pays en pleine crise politique et qui vit depuis fin 2016 au rythme de conflits entre M. Iohannis, un dirigeant de centre-droit, et une majorité de gauche accusée par Bruxelles de mettre en péril l'Etat de droit en affaiblissant la lutte anti-corruption.
La visite du pape doit essentiellement être consacrée aux questions des migrations, de la pauvreté et de l'exclusion.
La Roumanie, un des pays les plus pauvres de l'UE, a vu quelque quatre millions de ses ressortissants émigrer depuis son adhésion en 2007, un phénomène qui touche en particulier les jeunes actifs.
Le coût social de ce phénomène est jugé élevé par les experts, qui pointent des cas de fugues, de dépressions, voire de suicides parmi les enfants que certains de ces émigrés laissent au pays.
La visite de François est la 30e de son pontificat à l'étranger. En 1999, Jean Paul II avait été le premier pape à se rendre dans un grand pays orthodoxe depuis le schisme de 1054 entre Rome et Byzance.
Mais alors que Jean Paul II avait dû limiter son voyage à Bucarest, une condition imposée par le patriarcat orthodoxe, François a souhaité faire le tour de la "richesse ethnique, culturelle et religieuse de la Roumanie", a déclaré le porte-parole du Vatican, Alessandro Gisotti.
Il se rendra ainsi au sanctuaire marial de Sumuleu-Ciuc (centre), surtout fréquenté par la minorité hongroise, à Iasi (nord-est), principal foyer de présence des catholiques latins de langue roumaine et enfin Blaj (centre), siège de l'Eglise gréco-catholique.
Le voyage prendra un caractère oecuménique dès vendredi après-midi: le pape doit rencontrer, en privé, le patriarche Daniel puis le synode permanent de l'Eglise orthodoxe.
Mais s'ils prieront ensuite dans la nouvelle cathédrale orthodoxe de la capitale, l'un en latin et l'autre en roumain, les deux chefs religieux ne devraient pas apparaître ensemble en public, ce qui est interprété par certains observateurs comme un signe de défiance de l'Eglise orthodoxe roumaine à l'égard du chef des 1,3 milliard de catholiques de la planète.
Le pape devrait prendre ensuite un bain de foule dans les rues de Bucarest en se rendant en papamobile à la cathédrale catholique Saint-Joseph, devant laquelle 30.000 personnes sont attendues pour une messe en fin de journée.
Située au carrefour de l'Europe orientale et occidentale, la Roumanie a établi des relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1920, mais les liens ont été rompus après la Seconde guerre mondiale avec l'arrivée des communistes au pouvoir.
Sur les 20 millions d'habitants que compte aujourd'hui le pays, 85% se déclarent orthodoxes et on recense 5,4% de catholiques, soit 1,1 million de fidèles dont 150.000 appartiennent à l'Eglise gréco-catholique (ou uniate).
Lors d'une dernière étape dimanche à Blaj (centre), le pape doit béatifier sept évêques uniates arrêtés, torturés et morts à l'isolement pendant l'époque communiste.
Un autre moment fort de ce voyage sera la rencontre du pape avec des jeunes et des familles sur une grande place à Iasi, capitale de la Moldavie roumaine, où près de 100.000 personnes sont attendues.
Le pape achèvera son voyage dimanche après une rencontre avec des familles de la communauté rom, qui souffre de discriminations diverses au travail, à l'école et dans l'administration.
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