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Liban - Réfugiés

Quand Libanais et Syriens se retrouvent autour d’un iftar

Le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies voulait saisir l’occasion du ramadan pour lancer une initiative mettant l’accent sur la solidarité.

Ambiance conviviale et familiale à Arouss el Bahr à Raouché.

Un restaurant de Raouché a récemment accueilli un iftar pas comme les autres. Il y avait là plus de 70 personnes réparties entre Libanais et réfugiés syriens. Le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) voulait saisir l’occasion du ramadan pour lancer une initiative mettant l’accent sur la solidarité.

Une imposante table en forme de U a été dressée en extérieur. Dans le jardin, non loin de la grande table, des enfants endimanchés – des réfugiés pour la plupart – jouent sur des balançoires et des toboggans. L’ambiance est joyeuse. On se croirait à un grand banquet de famille où tout le monde se retrouve après une longue absence. Et pourtant, là, la plupart des convives ne se connaissaient pas avant de venir à l’iftar.

« Nous sommes tous des êtres humains », entend-on dans la bouche de certains des participants libanais et syriens. Comme s’il fallait rappeler cette évidence pour pouvoir exorciser les démons de la haine et de la xénophobie ambiantes.

C’est à travers un spot publicitaire sur les réseaux sociaux relatant l’expérience vécue par une famille libanaise et une autre syrienne que des internautes ont été encouragés à acheter des billets permettant aux réfugiés syriens de venir au restaurant. Les ventes ont été limitées à quelques dizaines de cartes afin de conserver à l’iftar une atmosphère conviviale, presque familiale. « Le but de l’expérience sociale était d’envoyer un message positif d’empathie et de compréhension durant le mois du ramadan », explique Lisa Abou Khaled, responsable de presse du HCR au Liban.Comme tout se passe désormais à travers les médias sociaux, huit « influenceurs » libanais ont été conviés non seulement pour participer à l’iftar, mais aussi pour passer une journée dans les camps informels de réfugiés de la Békaa afin qu’ils puissent répercuter à leur façon, à leurs « followers » libanais sur leurs comptes Facebook et Instagram, la situation des réfugiés syriens au Liban.

Wardé a acheté des cartes d’invitation. Âgée de 23 ans, elle est originaire de Zghorta et travaille à l’ONG Kafa. « Je ne suis pas musulmane, mais je sais que le ramadan est un temps de pardon et de partage. J’ai donc acheté des cartes pour venir partager un repas avec les réfugiés syriens, dit-elle. Je travaille dans le social avec les réfugiés et je vois de près leurs problèmes. Chaque jour, je me dis que cela peut m’arriver et arriver à tout le monde. Chacun de nous peut pâtir de l’insécurité dans son pays et se voir obligé de fuir, et vivre ainsi les problèmes quotidiens auxquels sont confrontés aujourd’hui les réfugiés syriens au Liban. » « J’ai de nombreux amis syriens, et souvent ils sont insultés en raison de leur nationalité. Beaucoup de Libanais accusent les Syriens de tous les maux. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac », lance-t-elle encore.



(Lire aussi : Un ramadan frugal pour des Syriens)



« Garder le silence face au racisme »
Les Syriens acquiescent, tout en évoquant des expériences positives qu’ils ont eues au Liban, l’aide qu’ils reçoivent de voisins ou la bienveillance d’inconnus.

« C’est vrai que certains Libanais se plaignent, mais c’est leur pays et nous sommes peut-être trop nombreux », s’exclame Razan, 35 ans, mère de deux enfants originaire de la banlieue de Damas et qui habite Aramoun (Aley) depuis cinq ans. « Depuis que je suis arrivée au Liban, de nombreux Libanais me traitent avec beaucoup de bonté. En nous tendant la main, ils sont parfois plus gentils que nos familles en Syrie », estime-t-elle.

Un peu plus loin, une famille venue de Homs raconte son expérience. Oula, 26 ans, son mari Saër, 38 ans, et sa belle-sœur Mayda, 44 ans, vivent à Fanar depuis 2014, après avoir passé quelques mois dans la Békaa. « Les Libanais et les Syriens ont un point commun. Ce sont de pauvres diables qui triment toute leur vie sans pouvoir joindre les deux bouts », s’exclame Saër, électricien. « Beaucoup critiquent les Syriens dans l’absolu, ils ont fait ci, ils ont fait cela. Face au racisme, nous préférons garder le silence, car après tout nous ne sommes pas chez nous. Nous sommes syriens, des gens comme tout le monde, différents les uns des autres. Si seulement les Libanais arrêtaient de nous mettre tous dans le même panier », lâche-t-il.

Oula, mère de trois enfants, parle de son quotidien. « Nous habitons un quartier chrétien de Fanar. Je sens que les gens nous traitent mieux que dans la Békaa. Et pourtant, rares sont ceux qui nous disent bonjour, parce que nous sommes syriens. Mais il y a quelques jours, une voisine m’a croisée dans la rue et m’a même invitée à prendre le café », raconte-t-elle, le visage éclairé d’un grand sourire. « Cela n’arrive pas souvent », concède-t-elle.

À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin, le HCR a « opté pour le thème de la solidarité », indique Lisa Abou Khaled. D’autres activités sont prévues pour marquer cette journée. « Cette année, les gens autour du monde peuvent entreprendre des activités symboliques pour montrer leur solidarité avec les réfugiés, que ce soit à travers des courses à pied, des excursions, ou plus simplement en aidant un réfugié dans le besoin », souligne-t-elle.

Pour plus d’informations, visitez le site www.unhcr.org/refugeeday



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Un restaurant de Raouché a récemment accueilli un iftar pas comme les autres. Il y avait là plus de 70 personnes réparties entre Libanais et réfugiés syriens. Le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) voulait saisir l’occasion du ramadan pour lancer une initiative mettant l’accent sur la solidarité. Une imposante table en forme de U a été dressée en...

commentaires (3)

Manière de dire, "ce sont des gens comme vous, vos frères, otez vous delà qu'ils s'y mettent".

Christine KHALIL

14 h 44, le 30 mai 2019

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Commentaires (3)

  • Manière de dire, "ce sont des gens comme vous, vos frères, otez vous delà qu'ils s'y mettent".

    Christine KHALIL

    14 h 44, le 30 mai 2019

  • SOLIDARITE AVEC LES REFUGIES IL Y A AVEC OU SANS IFTAR. NOUS SOMMES SOLIDAIRES AVEC EUX POUR LEUR RAPATRIEMENT DANS LEUR PATRIE ET LEURS MAISONS. NOUS LEUR SOUHAITONS TOUT LE BIEN CHEZ EUX. NOUS SOMMES CONTRE LEUR IMPLANTATION CHEZ NOUS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 29 mai 2019

  • Les Libanais n'ont pas de besoin d'un iftar de l'ONU pour montrer leur solidarité avec les réfugiés syriens... Un comble et une honte, une fois de plus, franchement... Les Libanais ont été plus que solidaires de toutes les causes arabes et en paient largement le prix!!! Que l'ONU, l'EU et autres cessent de vouloir nous coller des étiquettes qu'ils feraient mieux de s'attribuer!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 38, le 29 mai 2019

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