C’est en larmes que le monstre sacré du cinéma français Alain Delon a reçu dimanche soir à Cannes, des mains de sa fille Anouchka, une Palme d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Valery Hache/AFP
De Terrence Malick à Jim Jarmusch en passant par les révélations Ladj Ly et Mati Diop, la résistance semble être le maître mot, à mi-parcours, de cette 72e édition du Festival de Cannes, qui pourrait enfin être celle d’Almodovar, chouchou de nombreux critiques avec son film Douleur et gloire.
Encensé par la presse, Almodovar tient la corde dans le panel de 10 critiques internationaux de la revue spécialisée Screen, avec une note de 3,3 (sur 4), devant la nouvelle venue Mati Diop avec le poétique Atlantique, histoire d’exil et de fantômes se déroulant au Sénégal (2,8). Onze critiques français sur 15, interrogés par le Film français, considèrent que Douleur et gloire vaut une Palme d’or. « Il vient avec son film le plus personnel, il n’a jamais eu la Palme. Pour lui, c’est un peu la Palme ou rien », estime Stéphane Gobbo, journaliste au quotidien suisse Le Temps, très impressionné par ce film. Parmi les autres longs métrages qui ont beaucoup plu aux critiques : Une vie cachée du cinéaste américain Terrence Malick et Portrait de la jeune fille en feu de la réalisatrice française Céline Sciamma, histoire d’amour brûlante mais pudique entre deux femmes, une peintre et son modèle.
Alléchante sur le papier, la compétition cannoise tient plutôt bien ses promesses, avec une forte proportion de films de genre traduisant « l’horreur du monde moderne ». « Il y a beaucoup de films sociaux déguisés en films de genre », souligne Sophie Avon, du quotidien Sud-Ouest. Dans la dizaine de films présentés jusqu’ici, on trouve pêle-mêle des personnages en lutte contre les zombies (The Dead don’t die de Jim Jarmusch), l’uberisation de la société (Sorry We Missed You de Ken Loach), de mystérieux tueurs (Bacurau de Kleber Mendonça Filho), le nazisme (Une vie cachée de Terrence Malick) ou encore la misère sociale dans les banlieues (Les Misérables de Ladj Ly, un premier film)... Rappelons que le délégué général du festival, Thierry Frémaux, avait qualifié de « romantique et politique » la sélection lorsqu’il l’avait dévoilée à la presse.
À mi-parcours rien n’est encore joué, surtout que des poids lourds sont attendus cette semaine, à commencer par Quentin Tarantino, l’enfant terrible du cinéma américain palmé il y a 25 ans avec Pulp fiction et dont le 9e film, Once upon a time... in Hollywood, est l’événement le plus attendu du festival. L’Américain a déjà foulé le tapis rouge samedi pour soutenir le Chinois Diao Yinan, auteur du Lac des oies sauvages, également en compétition.
Source : AFP