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Liban - HUMANITAIRE

Le Fun Bus, refuge ambulant pour les enfants des rues

Le HCR et l’association Makhzoumi ont mis en place un car proposant activités ludiques et éducatives.

Le jeudi 9 mai, les enfants ont réalisé des pandas en forme de cœur durant l’atelier de bricolage.

Comme chaque jour vers 10h, le Fun Bus s’est garé dans un parking beyrouthin. Le jeudi 9 mai, c’est celui bordant la rue Dunant, dans le quartier de Snoubra, qui a été choisi. Les inscriptions arrondies et multicolores « Fun Bus » se repèrent facilement de loin. La façade extérieure annonce déjà tous les trésors ludiques qu’il recèle : des couleurs vives (violet, rose et bleu) recouvrent la carrosserie. Des livres, un ballon de basket et une note de musique ont été dessinés sur les flancs du véhicule.

Ce projet, financé par l’Union européenne, a pour objectif de sortir de leur situation les enfants travaillant dans la rue. Il a été mis en place fin 2017, à l’initiative du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), en collaboration avec l’association Makhzoumi, une ONG qui offre des services de protection et d’éducation aux personnes dans le besoin. En tout, dix salariés et neuf bénévoles travaillent au Fun Bus. Ils sont quatre par jour. Le projet n’a pas seulement pour finalité de divertir les enfants en leur assurant un espace sécurisé, mais, à terme, il tend à les sortir de la rue et à les intégrer dans les écoles. Un programme de longue haleine qui nécessite en amont un travail de sensibilisation auprès des parents.

À l’intérieur du bus aménagé, des images de Disney et de princesses ont été placardées sur les parois. Dix-neuf enfants s’appliquent soigneusement à fabriquer des pandas en papier. Ils ont tous entre 6 et 14 ans et, pour la plupart, quand ils ne sont pas ici, ils travaillent dans la rue. Assise sur une banquette, une jeune fille est en train de coller des oreilles sur son panda, en forme de cœur. Elle semble satisfaite de son œuvre et inscrit son prénom sur le côté : Rahaf. « J’aime dessiner, mais ce que je préfère quand je viens ici, c’est la pâte à modeler », raconte la fillette de 10 ans. Il y a un an et demi, elle arrivait de Syrie, fuyant la guerre avec sa famille. Rahaf aimerait aller à l’école mais, pour le moment, elle travaille dans la rue. « Je vends de l’eau et des mouchoirs », lâche-t-elle timidement. Abed, le frère de Rahaf, est assis un peu plus loin dans le véhicule. Le petit garçon de 8 ans, l’œil rieur, se cache derrière son panda et fait connaissance avec ses nouveaux camarades. D’habitude, il travaille près de l’aéroport et vend de l’eau aux passants, comme sa sœur. Contrairement à elle, une habituée du Fun Bus, c’est la première fois qu’il vient et paraît conquis.

Jnah, Verdun, Badaro, la Corniche, Raouché, Bourj el-Brajné… le bus se déplace partout dans Beyrouth. Quand il arrive quelque part, les bénévoles font un tour dans les rues adjacentes pour ramener les enfants. Parfois ce sont les petits qui se rendent directement au bus. « Certains viennent, car ils reconnaissent le véhicule », constate Lara, membre du HCR. D’où l’intérêt d’un design voyant. « Nous nous déplaçons aussi du côté du Mont-Liban, où la concentration d’enfants à la rue est importante », poursuit la jeune femme. La démarche de prise en charge de ces petits a débuté en 2014, dans des centres pour enfants à Hamra et à Jnah. Les jeunes devaient donc s’y déplacer et tous n’en avaient pas les moyens. « On s’est rendu compte que nous pouvions toucher un plus grand nombre de personnes en allant directement chez eux. C’est ainsi que nous avons eu l’idée du Fun Bus », détaille Lara.


(Pour mémoire : La question des enfants de rue au centre d’une réunion élargie au ministère de la Justice)


Un moment de répit
Les rideaux tirés aux fenêtres protègent de la lumière et de la chaleur. Il fait bon et frais dans l’habitacle qui accorde aux enfants un moment de calme et de répit. Devant les 19 paires d’yeux attentifs, Maya Chatila, de l’association Makhzoumi, récite lentement les chiffres de 1 à 10. Sans attendre, tous répètent en chœur, s’efforçant de les retenir. L’un d’entre eux se met même à réciter en anglais. « J’aime les voir s’amuser, je pense que ce travail avec le Fun Bus est réellement efficace. Ils aiment apprendre ! » s’exclame la jeune femme.

Tous les jours, un programme différent est proposé dans le petit refuge à quatre roues, qui accueille généralement entre 10 et 15 enfants. La matinée démarre par des activités psychosociales et éducatives. Puis s’ensuit un moment de sensibilisation sur un thème spécifique. Ce jour-là, il était question des relations familiales et du mariage précoce contre lequel plusieurs campagnes sont menées. Les enfants peuvent ensuite participer à un atelier de bricolage. « J’ai appris l’alphabet, mais je n’ai pas encore tout retenu », confie Faraj, coiffé d’une casquette et vêtu d’une veste de survêtement bleue. Lui aussi vend de l’eau et des mouchoirs dans les rues de Beyrouth. L’année prochaine, le garçon de 14 ans devrait pouvoir aller à l’école. Du moins, il l’espère. Venu d’Idleb, en Syrie, il est arrivé au Liban avant le conflit armé dans son pays : « Même avant la guerre, notre situation n’était pas sécurisée. Voilà pourquoi nous étions partis. » Plus qu’un espace de jeu et d’apprentissage, le Fun Bus est un abri où les jeunes peuvent parler en toute liberté de leurs problèmes et se confier aux animateurs sociaux.



Minimiser les risques
Nadine, de l’association Makhzoumi, supervise le projet du Fun Bus. Badge autour du cou, elle explique : « Nous accueillons des enfants de toutes les nationalités, mais la plupart sont des réfugiés syriens. Dans la rue, ils font face à divers dangers, liés surtout au trafic routier. Les motos sont très dangereuses, car elles peuvent passer tout près d’eux. » Face à leur vulnérabilité, le HCR et l’association Makhzoumi tentent de minimiser les risques. Grâce à ce programme, ils ont ainsi sorti progressivement 176 enfants de la rue, en leur permettant une scolarisation.

Sensibiliser les parents est un élément essentiel aux yeux des deux organisations. « Nous mettons en place avec eux des sessions de conscientisation et nous faisons des suivis au cas par cas », souligne Lara. Essayer de rendre les parents plus sensibles aux dangers et aux besoins scolaires des enfants prend du temps cependant.

Pour accueillir les enfants, le Fun Bus se gare toujours dans des endroits sécurisés. En attendant que le temps passe, le chauffeur fait une sieste dans la cabine du conducteur. Il a allongé son siège, jusqu’à presque en faire un lit. Il semble dormir profondément, loin d’être dérangé par le brouhaha. Ce soir-là, le refuge ambulant prendra la direction de Mar Mikhaël, comme chaque jeudi soir, pour accueillir d’autres enfants, qui dessineront peut-être d’autres pandas, s’éloignant peu à peu des boulots de la rue.


Pour mémoire
Tous les enfants sont égaux, Libanais ou Syriens, Noirs ou Blancs...

Comme chaque jour vers 10h, le Fun Bus s’est garé dans un parking beyrouthin. Le jeudi 9 mai, c’est celui bordant la rue Dunant, dans le quartier de Snoubra, qui a été choisi. Les inscriptions arrondies et multicolores « Fun Bus » se repèrent facilement de loin. La façade extérieure annonce déjà tous les trésors ludiques qu’il recèle : des couleurs...

commentaires (3)

PRIERE LIRE TRES TRISTE QU,IL Y EN A... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 34, le 20 mai 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • PRIERE LIRE TRES TRISTE QU,IL Y EN A... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 34, le 20 mai 2019

  • LES ENFANTS DES RUES... TRES TRISTE QU,IL Y EN AIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 22, le 20 mai 2019

  • Un manque a gagner pour leurs parents ! Ceux ci ne vont ils pas leur interdire d’y aller? Fun Bus soyez gentil , allez donc voir du côté de secteur Sodeco et rue de Damas

    Marie-Hélène

    06 h 16, le 20 mai 2019

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