Satterfield à Bkerké : Nasrallah Sfeir,un grand homme et un patriote

Des personnalités politiques et religieuses de tous bords ont continué hier à affluer à Bkerké pour présenter leurs condoléances au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, et à la famille du disparu à la suite du décès, dimanche dernier, de l’ancien chef de l’Église maronite Mgr Nasrallah Sfeir.

Parmi les visiteurs, on a relevé notamment la présence du sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, arrivé hier à Beyrouth. Présentant ses condoléances « au nom de tout le peuple américain », il a rendu hommage à « un grand homme et un patriote ». « Tout ce qu’il a accompli a été entrepris en faveur des Libanais et du Liban », a ajouté M. Satterfield, soulignant qu’« il a affronté tous les défis auxquels a fait face le Liban, tout comme il a affronté l’hégémonie (syrienne) en vue de sauvegarder la paix et l’indépendance de son pays ».

Le mufti de la République, Abdellatif Deriane, s’est lui aussi rendu au siège du patriarcat maronite pour rendre hommage au disparu. Venu à la tête d’une délégation de Dar el-Fatwa, il a déclaré que « le patriarche est une page rayonnante de l’histoire du Liban qui se tourne », avant d’affirmer qu’il s’est « toujours tenu à ses côtés pour préserver la paix civile et l’unité du Liban et des Libanais ». « Pionnier du vivre-ensemble, il veillait sur les affaires nationales », a ajouté le cheikh sunnite.

Le Futur pour une participation nationale aux obsèques

Bahia Hariri, députée du courant du Futur, s’est également rendue à Bkerké, accompagnée de deux députés de son bloc parlementaire, Nazih Najm et Mohammad Sleiman. À l’issue de sa visite, Mme Hariri a publié une déclaration dans laquelle elle a affirmé que « le Liban a perdu une grande figure nationale et spirituelle ». « Le patriarche Nasrallah Sfeir a joué un rôle important dans l’arrêt de la guerre », a-t-elle par ailleurs souligné, notant qu’« il a œuvré aux réconciliations et a appelé toutes les composantes libanaises à coopérer pour renforcer les bases de l’État et des institutions ». Dans l’après-midi, le bloc du Futur, réuni sous la présidence de Mme Hariri, a observé une minute de silence en mémoire du disparu, publiant après sa réunion un communiqué dans lequel il a appelé à « une participation nationale aux funérailles de celui que la patrie a perdu ». « Le patriarche Sfeir a voué sa vie à défendre les droits, les libertés et la dignité des gens », indique le texte, soulignant qu’« il constitue un repère de la conscience nationale et représente tous les Libanais de toutes les confessions et régions ». « Avec son départ, une page glorieuse de l’histoire du Liban se plie, et disparaît une personnalité exceptionnelle à qui la gloire de la patrie a été donnée », conclut le communiqué.

Pour le patriarche grec-orthodoxe, Jean X, venu également à Bkerké témoigner sa sympathie, le cardinal Sfeir « fait partie des figures nationales qui ont placé le Liban au cœur des préoccupations du monde extérieur et préservé son entité unique fondée sur le vivre-ensemble ».

Parmi les autres personnalités qui se sont rendues au patriarcat maronite, Samy Gemayel, chef du parti Kataëb, et l’ancien ministre Michel Pharaon. Celui-ci a rendu hommage à « un symbole et à un cèdre qu’ont perdu tous les Libanais, musulmans et chrétiens ». « Il était une source d’inspiration durant les étapes difficiles et lors de la révolution du Cèdre », a ajouté M. Pharaon, soulignant qu’« il restera une inspiration pendant la période en cours et dans l’avenir ».

Le patriarche maronite a en outre accueilli l’ancien président de la République Émile Lahoud et l’ambassadeur de Syrie Abdel Karim Ali, ainsi que d’anciens ministres et députés.

Le pape François : Un artisan de paix

Une délégation du Vatican menée par le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pontificale pour les Églises orientales, est par ailleurs attendue demain à Beyrouth pour participer aux funérailles de l’ancien patriarche. Elle a été précédée d’un télégramme du pape François. « Homme libre et courageux, le cardinal Sfeir a rempli sa mission dans un contexte marqué par des troubles. Il a été un artisan de réconciliation et de paix, et un défenseur farouche de la souveraineté et de l’indépendance de son pays. Il restera une grande figure de l’histoire du Liban », a écrit le souverain pontife dans son message.