Alors que le Liban est plongé dans la tourmente des protestations sociales qui précèdent l’adoption du projet de budget 2019, la région semble plus que jamais proche de la guerre. Entre Washington et Téhéran, les menaces montent d’un cran chaque jour, mettant en cause la politique équilibriste poussée à l’extrême adoptée par les deux parties.
Pourtant, en dépit de la violence du ton entre les États-Unis et l’Iran, des sources proches du Hezbollah continuent à ne pas croire à l’éclatement d’une guerre régionale. Selon ces sources, le président américain Donald Trump est certes un homme imprévisible, mais jusqu’à présent, il a montré qu’il préférait brandir la menace de la guerre plutôt que de la faire. On l’a vu ainsi en Syrie et même en Corée du Nord, où après avoir à maintes reprises haussé le ton, il s’est toujours rétracté à la dernière minute, allant même jusqu’à affirmer que sa politique de menaces a atteint son objectif en poussant son adversaire à reculer.
Ce serait donc la même tactique qui serait aujourd’hui adoptée à l’égard de l’Iran, sachant que les sanctions qui ne cessent d’augmenter affectent sérieusement la situation sociale interne en Iran. Mais, selon les sources proches du Hezbollah, la République islamique d’Iran est habituée au système des sanctions depuis sa naissance. Elle a célébré en février dernier son quarantième anniversaire et tout au long de cette période, elle est passée par des crises plus graves, dont la guerre déclenchée par l’Irak qui a duré huit ans et qui était appuyée par la communauté internationale et l’Occident en particulier, alors qu’à ce moment-là (1980), l’Iran n’avait pas d’alliés, ni dans la région ni dans le monde. Depuis, l’Iran a réussi à assurer une certaine autonomie économique qui lui permet pratiquement de consommer ses propres produits, sans dépendre de façon importante des importations de l’étranger. Certes, l’exportation de son pétrole représente 40 % de son budget, mais les plus grands pays qui achètent le pétrole iranien et qui sont essentiellement la Chine et la Turquie ont annoncé leur refus de se conformer à la décision américaine de ne pas acheter du pétrole iranien. Tout dépendra donc, dans ce domaine, de la réaction américaine lorsque le pétrole iranien sera transporté vers ces pays.
En dépit de ces interrogations, selon les sources proches du Hezbollah, il y a peu de risques d’éclatement d’une guerre entre les États-Unis et l’Iran. D’abord parce qu’elle serait destructrice pour toute la région. Selon ces mêmes sources, l’Iran n’hésiterait pas à frapper les États-Unis là où cela peut faire mal, même s’il en souffrirait certainement. D’ailleurs, les responsables iraniens, notamment ceux des gardiens de la révolution – récemment placés par l’administration Trump sur la liste des organisations terroristes alors qu’il s’agit d’une institution étatique iranienne –, ont multiplié les menaces, au cours des derniers jours, à l’égard des Américains en cas d’attaque menée contre la République islamique. L’autre raison évoquée pour écarter l’option de la guerre consiste dans le fait que l’administration américaine utilise « la menace » que représente la présence de la République islamique dans la région pour renforcer ses relations avec les États du Golfe. Dans la logique qui règne aujourd’hui au sein de l’administration américaine, s’il n’y avait pas l’Iran, pourquoi les États du Golfe auraient-ils besoin de la protection des États-Unis ? Selon les sources précitées, il s’agirait donc là d’une mine d’or à laquelle l’administration américaine ne serait pas prête à renoncer.
De son côté, l’Iran, en dépit des menaces adressées régulièrement aux Américains, ne souhaiterait pas non plus l’éclatement d’une guerre, car il est conscient de ses conséquences sur l’intérieur iranien, mais aussi sur l’ensemble de la région. Les sources proches du Hezbollah insistent ainsi sur le fait que l’Iran n’a pas l’intention de déclencher la guerre, mais qu’il est prêt à riposter par tous les moyens disponibles et dans les lieux de son choix, s’il est attaqué.
En dépit de cette approche plus ou moins rassurante, la spirale d’escalade dans laquelle semble s’engager la région risque de déraper à tout moment. Toutefois, les dernières déclarations du président américain sur son souhait d’amener les dirigeants iraniens à la table des négociations, mais à ses conditions, pourraient être perçues comme le début d’une tentative pour trouver une issue à la crise. Presque immédiatement, les gardiens de la révolution ont répondu en exprimant leur refus de toute négociation, mais certains milieux diplomatiques croient que cela pourrait être le début d’une renonciation à l’option de la guerre.
Les sources proches du Hezbollah affirment en tout cas que ce dernier est prêt à tous les scénarios, même s’il estime effectivement que la guerre reste la dernière des options. Selon ces mêmes sources, le Hezbollah pense qu’en tout cas, le Liban restera à l’abri des secousses militaires, ayant déjà suffisamment à faire pour régler sa crise économique et sociale.
commentaires (8)
Croire que les usa renoncent à la guerre à la de dernière Minute relève de la naïveté la plus profonde. La guerre est en cours et l’Iran ne va pas pourvoir tenir . Quant au Hezbollah, Israël ne demande qu’un petit feu vert tout en peaufinant sa stratégie. Il ne faut pas entendre qu’un son de cloche Madame !
L’azuréen
10 h 27, le 12 mai 2019