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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les alliés arabes du Soudan soutiennent les militaires au pouvoir

Des Soudanais manifestent le 3 mai 2019 devant le ministère de la défense à Khartoum. Umit Bektas/Reuters

Des milliers de Soudanais campent depuis près d’un mois devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer un gouvernement civil, mais d’importants alliés arabes du Soudan ont décidé de soutenir les militaires au pouvoir, selon des analystes. Le 11 avril, après des mois de manifestations populaires, l’armée a poussé à la sortie le président soudanais Omar al-Bachir qui tenait d’une main de fer ce vaste pays d’Afrique depuis près de 30 ans. Depuis, le Conseil militaire de transition refuse de céder le pouvoir aux civils comme le réclame la rue. Dans le monde arabe, des alliés-clés du Soudan, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Égypte semblent, eux, préférer que les généraux gardent le pouvoir.

« Il y a des signes clairs montrant que l’Égypte et des pays du Golfe ont mis tout leur poids derrière le Conseil militaire et l’ont ainsi enhardi », souligne Eric Reeves, spécialiste du Soudan à l’université américaine Harvard. Quelques jours à peine après le départ de Omar al-Bachir, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite avaient appelé à « la stabilité » et à une « transition pacifique ».Ils ont ensuite annoncé un soutien financier commun de trois milliards de dollars (2,7 milliards d’euros), un coup de pouce bienvenu pour les nouveaux dirigeants dans un pays où la crise économique a alimenté les manifestations massives contre le régime. Outre le soutien financier des pays du Golfe, le Conseil militaire semble bénéficier d’un appui diplomatique de l’Égypte, actuelle présidente de l’Union africaine, relèvent des analystes.

Après avoir exigé mi-avril un transfert du pouvoir aux civils sous 15 jours, l’organisation régionale a finalement donné mercredi un nouveau délai de 60 jours aux militaires pour céder les rênes. « Cela montre que ces pays jugent nécessaire de maintenir l’armée dans le Conseil au pouvoir », relève le rédacteur en chef de l’hebdomadaire économique soudanais Elaff, Khalid Tijani.

« L’un des principaux intérêts de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sera de s’assurer que le Soudan maintienne ses troupes au Yémen », souligne Willow Berridge, professeur à l’université britannique Newcastle.

L’ex-président Soudanais a envoyé des soldats au Yémen en 2015, dans le cadre d’un revirement majeur de politique étrangère. Khartoum a rompu ses relations avec l’Iran chiite et rejoint la coalition militaire dirigée par Riyad qui intervient en soutien au régime yéménite contre les rebelles chiites houthis.

Au-delà du Yémen, certaines puissances arabes ont une autre raison de soutenir les généraux soudanais : la crainte que les protestations populaires au Soudan se répandent. Pour ces pays, un nouveau printemps arabe, comme celui qui avait fait chuter les présidents de Tunisie et d’Égypte en 2011 et ébranlé d’autres régimes, est une perspective effrayante.

« Ni l’Égypte ni les États du Golfe ne veulent d’une démocratie laïque dans la région qui serait un exemple pour leurs propres peuples souffrant sous leurs régimes répressifs », estime M. Reeves.

Menna ZAKI/AFP

Des milliers de Soudanais campent depuis près d’un mois devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer un gouvernement civil, mais d’importants alliés arabes du Soudan ont décidé de soutenir les militaires au pouvoir, selon des analystes. Le 11 avril, après des mois de manifestations populaires, l’armée a poussé à la sortie le président soudanais Omar al-Bachir qui tenait...

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