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Liban - Pollution / Centrale de Jiyé

Les plages de Jadra font les frais d’une fuite pétrolière

Le ministère de l’Environnement fait état d’une « pollution limitée » et assure qu’une enquête est en cours, dont les résultats sont attendus aujourd’hui.

La fuite observée entre Jiyé et Jadra. Photo al-Markaziya

Les images sont désolantes et rappellent les funestes souvenirs de la marée noire de 2006, même avec une ampleur moindre. Des plages de sable du village de Jadra (Iqlim el-Kharroub) souillées de pétrole étaient mercredi sur tous les écrans. Ces plages se situent juste au sud de la centrale électrique de Jiyé et du bateau-centrale y attenant. L’hypothèse d’un navire pétrolier qui aurait décidé de vider et « nettoyer » son réservoir près de la côte, en total mépris des lois, n’est pas à écarter. Hier, cependant, toutes les parties concernées se rejetaient la responsabilité, face à une colère populaire évidente. Signalons qu’une fuite de ce type avait été constatée à Jiyé en 2015 (voir L’OLJ du 6 octobre 2015).

Le président du conseil municipal de Jadra, le père Joseph Nicolas Azzi, indique à L’OLJ que « la pollution pétrolière a frappé plusieurs complexes touristiques sur la côte, surtout des plages de sable ». Il souligne que les navires pétroliers déversent leur fuel à trois endroits à Jiyé, à proximité de Jadra : la centrale électrique elle-même, les bateaux-centrales et les compagnies pétrolières. « Nous demandons qu’une enquête soit ouverte et que les personnes lésées soient indemnisées, dit-il. C’est un crime écologique dans tous les sens du terme, les administrations concernées doivent se saisir de l’affaire et pénaliser les coupables. »

Pour ce qui est de la décontamination, le père Azzi assure avoir été contacté par la marine de l’armée. « L’officier en charge m’a dit que la marine allait s’occuper de la décontamination, mais qu’il fallait compter le temps de prélever des échantillons pour déterminer l’origine de la fuite », explique-t-il.


Un mélange de plusieurs produits
Pour ce qui est de l’enquête, le ministre de l’Environnement, Fady Jreissati, a chargé une équipe de son ministère de faire le suivi nécessaire. « L’équipe du ministère a travaillé en coopération avec la chambre d’opération de la marine militaire et le ministère de l’Énergie, souligne le communiqué. Les échantillons prélevés le 1er mai 2019 ont été envoyés à un laboratoire spécialisé en tests pétroliers de Zahrani afin d’y être analysés. Les résultats devront être obtenus le 3 mai (aujourd’hui). »

L’équipe a en outre inspecté la zone polluée s’étendant de la centrale électrique de Jiyé à Jadra. « Il s’est avéré que la pollution est limitée à la jetée relevant du complexe balnéaire Sandsrock qui se trouve au sud de la centrale, s’étendant à l’eau, à la côte et à certaines roches, ajoute le texte. La pollution est donc limitée géographiquement. Aucun autre endroit ne semble avoir été touché. »

Et de poursuivre : « Les observations de l’équipe du ministère montrent qu’il s’agit d’un mélange de plusieurs produits pétroliers dont le fuel, et que les nappes de pétrole dans la mer, sur la côte et sur les rochers, sont de différentes couleurs. Il faut attendre les tests pour plus de précision. La marine militaire a fait part de son intention de décontaminer les sites pollués et le suivi nécessaire sera fait au niveau des résultats des échantillons. »

Le bureau de la ministre de l’Énergie Nada Boustany a précisé dans un communiqué que « les résultats des tests sont attendus pour demain (aujourd’hui) », demandant à Électricité du Liban (EDL) de mener l’enquête.

EDL, pour sa part, a publié un communiqué précisant que la fuite ne provenait pas de la centrale de Jiyé. « La centrale et ses environs ont été inspectés par une équipe de la direction de la production et une équipe du contrôle, selon le communiqué. Il n’y a pas de fuite de fuel. La centrale de Jiyé n’est pas à l’origine de la fuite et toutes les parties concernées en ont été informées. »

De son côté, la société Karpowership, qui gère les bateaux-centrales au Liban, a annoncé dans un communiqué « respecter les normes environnementales les plus strictes ». « À la lumière des allégations qui circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux, et qui insinuent que le bateau-centrale peut être à l’origine de la pollution de la côte de Jiyé, la compagnie (…) assure que les deux bateaux-centrales stationnés à Jiyé et à Zouk ont des systèmes de filtrage qui empêchent toute fuite », poursuit le communiqué.


Une « faute évidente »
Cette fuite pétrolière a normalement provoqué la colère des élus de la région et des municipalités. Le député Mohammad Hajjar, du bloc du Futur, a tweeté : « Une action rapide du ministère de l’Environnement, du ministère de l’Énergie et d’EDL est nécessaire pour endiguer les conséquences de la fuite de fuel sur la plage de Jadra et de Jiyé, et qui pourrait causer un problème environnemental majeur. »

Également sur Twitter, le député Bilal Abdallah, du Rassemblement démocratique, a dénoncé « la négligence et la faute technique évidente dont on ne connaît pas la source ». Toutefois, pour lui, cette fuite « est nécessairement liée à la centrale électrique ou aux bateaux-centrales, et il en résulte une pollution accrue de la côte, qui vient s’ajouter aux émissions toxiques du fuel ».


Les images sont désolantes et rappellent les funestes souvenirs de la marée noire de 2006, même avec une ampleur moindre. Des plages de sable du village de Jadra (Iqlim el-Kharroub) souillées de pétrole étaient mercredi sur tous les écrans. Ces plages se situent juste au sud de la centrale électrique de Jiyé et du bateau-centrale y attenant. L’hypothèse d’un navire pétrolier qui...

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