La famille d'un Palestinien retrouvé mort dans une prison turque après avoir été accusé d'espionnage au profit des Emirats arabes unis conteste la thèse du suicide avancée par les autorités turques et a demandé mardi l'ouverture d'une enquête.
Les proches de Zaki Moubarak, 55 ans, Palestinien originaire de Gaza, ont dit à l'AFP avoir appris son décès par l'ambassade palestinienne en Turquie, elle-même informée par les autorités locales.
Le parquet d'Istanbul a indiqué pour sa part lundi dans un communiqué qu'un homme s'était pendu dimanche dans sa cellule de la prison de Silivri, près d'Istanbul, sans préciser son nom.
Pour le frère de Zaki Moubarak, il s'agit d'un "assassinat". "Nous demandons une commission d'enquête internationale afin de découvrir les véritables causes de son décès. Les autorités turques veulent cacher la vérité", a affirmé mardi Zinedine Moubarak. "J'ai parlé avec lui il y a une semaine et son moral était bon. Il m'a dit qu'il était certain d'être libéré car il n'avait reconnu aucune des fausses accusations portées contre lui", a ajouté sa sœur Sanaa Moubarak. "Je connais mon frère Zaki, il ne se suiciderait pas. C'est un scénario inventé par la Turquie pour dissimuler son assassinat", a-t-elle assuré.
Zaki Moubarak était retraité des services de renseignements palestiniens, selon son frère qui précise qu'il a quitté la bande de Gaza après sa prise de contrôle par le mouvement islamiste du Hamas en 2007. Zaki Moubarak a ensuite vécu en Bulgarie puis en Turquie, assure son frère.
Arrêté à Istanbul avec une autre personne il y a 10 jours, il était soupçonné d'"espionnage politique et militaire" et d'"espionnage international" au profit des Emirats arabes unis et au détriment de la Turquie, selon l'agence de presse étatique turque Anadolu.
Les autorités turques enquêtaient sur d'éventuels liens entre les deux suspects et le meurtre en octobre dernier du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, critique du pouvoir saoudien, à Istanbul, d'après Anadolu.
Après le meurtre de Jamal Khashoggi, des responsables et médias turcs ont directement mis en cause le puissant prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dit "MBS". Celui-ci nie toute implication dans le meurtre de l'éditorialiste dont le corps n'a toujours pas été retrouvé.
Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Riyad soutient désormais que Khashoggi a été tué lors d'une opération non autorisée par le pouvoir.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois affirmé qu'il n'abandonnerait pas l'enquête sur le meurtre de Jamal Khashoggi, déplorant le manque de coopération des autorités saoudiennes.
La Turquie entretient des relations délicates avec l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, deux pays qui ont imposé un blocus économique au Qatar, un proche allié d'Ankara.