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Moyen Orient et Monde - Vient de paraître

« Éteignez tout. Oubliez tout. Vous allez vivre une expérience iranienne »

Dans son nouveau livre « Un printemps à Téhéran, la vraie vie en République islamique », Armin Arefi nous invite à voyager, avec lui, à travers l’Iran d’aujourd’hui.

La couverture de l’ouvrage.

Armin Arefi est un journaliste passionné de l’Iran, de son peuple, de sa culture et de son histoire. Et il le fait savoir. Sa passion, il tente de la transmettre aux autres. Surtout à ceux qui ne connaissent pas l’Iran. Dans son nouveau livre Un printemps à Téhéran, la vraie vie en République islamique (éd. Plon, 2019), le jeune journaliste franco-iranien nous emmène avec lui pour un voyage à travers l’Iran à la découverte de son peuple, ses jeunes, ses villes et surtout la vie sous le régime des mollahs et des sanctions américaines.

« Éteignez tout. Oubliez tout. Préparez-vous à danser, rire et pleurer. Vous allez vivre une expérience iranienne », affirme Armin Arefi au début de son ouvrage. De Téhéran – ses avenues, ses quartiers – à Ispahan, Tabriz, le village troglodyte de Kandovan… l’auteur nous emmène à la découverte de l’Iran avec force références historiques, analyses politiques, mais surtout témoignages poignants.

Si Armin Arefi s’efforce de montrer une « autre vie » des Iraniens, l’on a souvent l’impression qu’il décrit, en fin de compte, l’arbre qui cache la forêt. Alors qu’il consacre plusieurs pages à certains sujets, comme les mariage blancs ou encore des musiciens dans les rues, il souligne une peu plus tard, par honnêteté, qu’ils « restent minoritaires en Iran ». Il tente par ailleurs de montrer le dynamisme des jeunes à travers leurs initiatives et les start-up, mais indique régulièrement, dans son livre, que la grande majorité des jeunes ne rêvent que de partir.

Un lecteur oriental, qui s’identifie souvent aux descriptions de l’auteur, aura tendance à ne pas voir une jeunesse active et moderne, mais plutôt une jeunesse iranienne résignée, qui tente de survivre dans un enfer que l’auteur décrit d’ailleurs bien dans son livre. De manière générale, M. Arefi donne l’impression d’observer la société iranienne à travers un prisme européen, mettant en exergue comment les jeunes s’engouffrent dans la moindre brèche laissée par le système oppressif et conservateur comme pour tenter de prouver que les jeunes Iraniens sont plus ouverts et plus occidentalisés que l’on ne croit. Il en fait un peu trop. « Dans Un printemps à Téhéran, je ne pense pas fermer les yeux sur l’“autre” Iran. Il subsiste dans ce pays de 80 millions d’habitants une partie minoritaire de la population, environ 15 millions d’habitants, dévouée corps et âme à la République islamique, soit par idéologie, soit par intérêt. (…) Conservatrice, si ce n’est fanatique, j’ai pu la rencontrer dans les allées du “Paradis de Zahra”, le plus grand cimetière du pays, où je me suis entretenu avec les familles des gardiens de la révolution décédés en Irak et en Syrie. Dans la mosquée Babol Havaez, dans le sud de Téhéran, où j’ai conversé avec des pasdaran et des miliciens bassidjis, auteurs de la féroce répression contre les manifestants pacifiques anti-Ahmadinejad de juin 2009. Au dernier étage d’un immeuble cossu du nord de la capitale, où j’ai échangé avec Mohsen Rafighdoost, l’un des fondateurs des gardiens de la révolution, aujourd’hui à la tête d’une fondation qui brasse des millions de dollars », affirme l’auteur à L’Orient-Le Jour. « Ce qui marque tout observateur étranger (ce que je reste) se rendant en Iran, c’est la dichotomie radicale entre les dirigeants de la République islamique et la population, dont je maintiens qu’elle est l’une des plus avancées et modernes de la région », précise Armin Arefi, et d’ajouter : « En Iran, le conservatisme vient d’en haut, mais se heurte aujourd’hui à une société jeune, éduquée et moderne. »


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L’Iran dans la région

Concernant la politique étrangère iranienne, il se contente de faire dénoncer par la bouche des autres, les pays arabes sunnites, rivaux ancestraux des Perses chiites, ses « visées hégémoniques » au Moyen-Orient (p. 109). Face à ces critiques, l’auteur répond : « J’ai le sentiment que vous exposez la vision d’un citoyen libanais qui subit les effets de la politique iranienne depuis près de quarante ans, dont je reconnais volontiers qu’elle s’ingère dans les affaires intérieures libanaises, au même titre d’ailleurs que celle de l’Arabie saoudite, ce qui ne l’excuse toutefois en aucun cas. »

Enfin, dans son livre, M. Arefi « s’étonne » également très souvent quand de jeunes Iraniens refusent de blâmer les États-Unis ou l’administration Trump pour la mauvaise situation économique dans laquelle se trouve l’Iran. Alors qu’il voit, mentionne et énumère la corruption, la politique maladroite du régime, la mainmise des pasdaran sur l’économie, et ce depuis 40 ans.


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Il le mentionne d’ailleurs très bien dans son livre quand il donne la parole à tous ces jeunes qui critiquent, eux, la politique de leur gouvernement en Syrie et l’argent dépensé sur les milices pro-iraniennes dans la région. Selon l’auteur, « les trois dernières années que j’ai passées en Iran ont fini de me convaincre que c’est la population iranienne, dont 70 % a moins de quarante ans, qui pousse le régime au changement, car elle ne semble pas souhaiter de nouvelle révolution, en raison de l’amère expérience de 1979, du souvenir terrifiant de la guerre Iran-Irak (1980-1989) et de l’absence d’alternative crédible. » Et d’ajouter : « À l’heure où la République islamique célèbre son quarantième anniversaire, et qu’elle n’a jamais été aussi forte au Moyen-Orient, elle est confrontée à une pression maximale de la part de Washington, de Tel-Aviv, de Riyad et d’Abou Dhabi décidés à renverser le régime des mollahs. Dans ce contexte explosif, les dirigeants iraniens seraient bien inspirés d’entendre toutes ces revendications intérieures venant de leur propre population, s’ils ne comptent pas subir le sort réservé au chah d’Iran il y a quatre décennies. »


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