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Les patrons français reçus par Poutine, sur fond d'emprisonnement d'un banquier français



Le président russe, Vladimir Poutine, au Kremlin, à Moscou, le 17 avril 2019. Photo REUTERS/Shamil Zhumatov

Une quinzaine de grands patrons français sont reçus jeudi par le Kremlin, qui veut promouvoir les liens économiques entre la France et la Russie et rassurer les milieux d'affaires inquiets de l'arrestation de plusieurs investisseurs étrangers, dont un Français emprisonné depuis février.

L'importante délégation comprend les patrons de Total, Société Générale, Air Liquide, Renault ou Auchan, rappelant que la France est un des principaux partenaires économiques et le premier employeur étranger de Russie en dépit des sanctions en place depuis 2014. Aux sanctions s'ajoute désormais l'arrestation mi-février d'un investisseur américain de premier plan, Michael Calvey, fondateur du fonds Baring Vostok, et de son collègue français, le banquier Philippe Delpal, qui a jeté un froid dans les milieux d'affaires occidentaux.

Si les investisseurs étrangers sont rompus aux rebondissements judiciaires, ils ont été ébranlés par le placement derrière les barreaux d'un vétéran du marché russe, dont il était resté un défenseur infatigable malgré le refroidissement des relations entre Moscou et l'Ouest. Accusés d'être à l'origine d'une fraude d'au moins 2,5 milliards de roubles (environ 33 millions d'euros), Michael Calvey et ses collègues clament leur innocence. Si l'Américain a troqué sa cellule contre une assignation à résidence, Philippe Delpal est lui toujours en détention.


Le sort du banquier français abordé 
Pavel Chinsky, directeur de la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe, a confirmé que le sort de Philippe Delpal devrait être abordé jeudi. "Notre mission est d'arrêter cet incendie avant que l'ensemble du climat des affaires ne soit détruit", a-t-il déclaré mercredi dans une interview accordée en russe à RFI.

A noter, dans la délégation, la présence du patron de BlaBlaCar, la plateforme de covoiturage française implantée en Russie depuis 2014 où elle a 20 millions d'utilisateurs. Baring Vostok est un important investisseur de BlaBlaCar, qui a levé 21 millions d'euros auprès du fonds en 2016.

Première annonce, un accord a été signé entre le fonds souverain russe, le fonds français Bpifrance et le numéro deux français du secteur des maisons de retraite et des cliniques privées Orpea. Selon la presse russe, il s'agit d'un contrat de 200 millions d'euros pour la construction d'une chaîne de maisons de retraite dans le pays.

Les échanges commerciaux franco-russes avaient plongé après l'imposition des premières sanctions en 2014 en raison de la crise ukrainienne, auxquelles Moscou avait répondu par un embargo sur la plupart des produits alimentaires européens. Ils se reprennent depuis et ont atteint 15,5 milliards de dollars en 2017, contre 13,3 milliards en 2016. La France et l'Allemagne sont les deux premières sources européennes d'investissements en Russie.


Premier employeur de Russie 
La France est notamment premier employeur étranger de Russie: les plus de 500 entreprises françaises qui y sont implantées emploient près de 160.000 personnes, selon Business France, l'agence de promotion de l'économie française à l'étranger.

La France est notamment présente dans le secteur énergétique, à l'instar de Total, partenaire du russe Novatek dans de gigantesques projets gaziers dans l'Arctique russe, ou encore d'Engie, qui est l'un des cinq groupes européens développant le projet de gazoduc Nord Stream 2 avec le Russe Gazprom, critiqué par Washington.

"En Russie, Total a démontré que l'on peut mener à bien de très grands projets, à plusieurs milliards, sans recourir au dollar ni violer les sanctions", a déclaré le PDG de Total, Patrick Pouyanné, dans une interview accordée au quotidien russe RBK la semaine dernière.

De grandes chaînes de distribution sont également bien implantées en Russie, comme la chaîne d'hypermarchés Auchan, le groupe Décathlon ou encore Leroy Merlin. Dans le secteur bancaire, la Société Générale détient l'un des poids lourds russes, Rosbank.

Dans l'automobile enfin, Renault contrôle le premier producteur automobile russe Avtovaz tandis que PSA possède une usine, bien qu'au rendement modeste.

Une quinzaine de grands patrons français sont reçus jeudi par le Kremlin, qui veut promouvoir les liens économiques entre la France et la Russie et rassurer les milieux d'affaires inquiets de l'arrestation de plusieurs investisseurs étrangers, dont un Français emprisonné depuis février.
L'importante délégation comprend les patrons de Total, Société Générale, Air Liquide, Renault ou...