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Liban - Santé publique

L’espérance de vie et les défis sanitaires qu’elle pose

Au Liban, le ministère de la Santé a pris des mesures pour mieux répondre aux besoins des têtes blanches.

Au Liban, le nombre des personnes âgées de plus de 60 ans continuera d’augmenter de près de 2,6 % annuellement entre 2015 et 2050, pour représenter 31,2 % de la population, selon un rapport de HelpAge International. Photo Mohammad Yassine

Le ministère de la Santé publique s’attaque aux droits des personnes âgées à accéder aux soins. À juste titre, puisque l’augmentation de l’espérance de vie à l’échelle mondiale pose non seulement un défi d’ordre démographique, mais aussi sanitaire. Comme le montre d’ailleurs le rapport 2018 de HelpAge International sur la situation des personnes âgées dans le monde et leur droit à la santé. Celui-ci a été lancé hier par le ministère et HelpAge International, un réseau mondial de plus de quatre-vingts organismes qui viennent en aide à des personnes âgées dans différentes régions de monde, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à l’hôtel Smallville, à Badaro.

Selon ce rapport, le nombre des personnes âgées de plus de 60 ans dépassera un milliard en 2020 et frôlera les deux milliards en 2050, 70 % des personnes âgées vivant dans les pays à revenus faible et moyen. Une tendance qui entraînera un changement dans les schémas mondiaux des pathologies qui évolueront vers les maladies non transmissibles (MNT), affectant de manière disproportionnée les personnes âgées. Le document souligne ainsi qu’en 2011, 70 % des décès attribués aux MNT survenus dans les pays à revenus faible et moyen étaient parmi des personnes âgées de plus de 60 ans.

D’après ce document également, les progrès en matière de santé chez les têtes blanches « restent inégaux et parfois même limités » et ce malgré le droit à la santé que leur garantissent les conventions internationales, comme la Charte internationale des droits de l’homme, les observations du Comité des droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU (CDESC) ou encore les recommandations de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).

Ces inégalités sont surtout observées dans les pays à revenus faibles ou moyens, où les têtes blanches continuent de souffrir d’exclusion et ont du mal à accéder aux soins de santé. Le rapport pointe ainsi du doigt « les systèmes statistiques sur base desquels les stratégies de soins de santé sont élaborées et qui écartent systématiquement les personnes du troisième âge ». « Cette discrimination exercée envers les personnes âgées entrave leur accès aux soins de santé, déplore HelpAge International. De plus, les personnes âgées font face à d’autres obstacles comme le coût des services de santé, le manque de transport, l’insuffisance des systèmes de santé et l’insuffisance des compétences des prestataires des services de santé. »


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Augmentation annuelle de 2,6 % au Liban

Au Liban, la population devrait diminuer d’ici à 2030 pour atteindre 5,4 millions de personnes, constate HelpAge qui fait référence au rapport « Profils du vieillissement 2017 » du département d’économie et des affaires sociales des Nations unies, division de la population. Toutefois, le nombre des personnes âgées de plus de 60 ans continuera d’augmenter de près de 2,6 % annuellement entre 2015 et 2050 pour représenter 31,2 % de la population. Par contre, le nombre des personnes jeunes âgées entre 0 et 14 ans diminuera d’ici à 2050.

Les MNT au Liban ont été à l’origine de plus de 90 % des décès parmi les personnes âgées de plus de 50 ans en 2015, avance le rapport. De plus, le fardeau causé par ces maladies augmente, causant 80,9 % de l’ensemble des handicaps tous âges confondus. Par ailleurs, les troubles dépressifs diminuent chez les personnes âgées entre 50 et 80 ans. En ce qui concerne la démence, elle est la même chez les hommes et les femmes jusqu’à 70 ans, âge à partir duquel elle augmente rapidement toutefois de façon plus marquée chez les femmes que chez les hommes.

Le rapport met en exergue la violence dont sont victimes les personnes âgées, les femmes étant plus touchées que les hommes. En effet, près de 8 % des femmes âgées entre 80 et 84 ans ont été victimes de violence contre 5 % des hommes de la même tranche d’âge. Enfin, les personnes âgées restent, d’après le document, « invisibles dans le système de surveillance de la couverture de santé globale ».


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Le ministère de la Santé, « conscient de ces nouvelles tendances démographiques et sanitaires, a opté pour des changements dans ses politiques pour qu’il puisse répondre de manière optimale aux nouveaux défis de santé qu’il pourrait rencontrer », explique à L’Orient-Le Jour Randa Hamadé, chef du département des soins de santé primaire et directrice du Programme national de vaccination au ministère de la Santé. Elle note qu’au cours de la dernière décennie, plusieurs mesures ont été prises à cet effet. Aussi, les frais d’hospitalisation des personnes âgées de plus de 64 ans et prises en charge par le ministère sont désormais entièrement couverts contre 85 % il y a quelques années, « à condition que les critères d’admissions soient remplis ». De plus, un comité national pour la prise en charge des personnes en soins palliatifs a été formé, « une discipline qui a été officiellement introduite dans la pratique médicale ». « Le ministère a, en outre, renforcé l’infrastructure des centres de soins de santé primaire pour qu’ils puissent accueillir les têtes blanches, poursuit Mme Hamadé. Des bouquets de soins préventifs et curatifs spécifiques à cette tranche de la société ont également été développés. » Dans ce cadre, « des examens périodiques de l’ouïe, de la vue, des reins… sont effectués et des vaccins spécifiques, comme celui de la grippe ou de la pneumocoque leur sont administrés ». Le diabète, l’hypertension et les maladies cardiaques sont surveillés de près et les examens spécifiques à des potentielles complications de ces maladies sont effectués périodiquement.


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Vivre longtemps, non. Vivre bien, longtemps oui.

Tina Chamoun

14 h 23, le 17 avril 2019

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  • Vivre longtemps, non. Vivre bien, longtemps oui.

    Tina Chamoun

    14 h 23, le 17 avril 2019

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