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Culture - Rencontre

Sami Basbous transforme les affiches de rue en œuvres d’art

Le créateur multidisciplinaire qui, à travers des activités aussi diverses que la chanson, la peinture, la sculpture, l’écriture ou la poésie, est en permanence à la recherche de lui-même et de son « humanité » expose à Villa Paradiso* des posters de rue devenus des tableaux aux couleurs de Batroun.

L’artiste Sami Basbous.

Sami Basbous fait partie de ces artistes touche-à-tout qui donnent l’impression d’avoir eu mille vies. Cet homme d’âge mûr à l’allure de bobo new-yorkais se définit lui-même comme un créateur multidisciplinaire qui, à travers des activités aussi diverses que la chanson, la peinture, la sculpture, l’écriture ou la poésie, est en permanence à la recherche de lui-même et de son « humanitéb » : « J’ai toujours voulu être dans l’art et je me suis senti artiste depuis mon plus jeune âge. « À 7 ans, je composais ma première chanson. »

Après avoir vécu à Los Angeles, Montréal, Lagos, Londres, Paris, New York, ou encore Barcelone, il est revenu s’installer au Liban il y a presque huit mois. « Je compte rester ici mais je suis un peu nomade, ou plutôt ce qu’on appelle en anglais un “wanderer” et le concept de maison m’est un peu étranger. Je n’aime pas être confiné quelque part, j’ai toujours envie de voir, d’apprendre et de construire d’autres choses. »

Pour Sami Basbous, originaire de Ghouma (Liban-Nord), exposer dans le village de Batroun est une sorte de retour aux sources, et c’est pour le spectateur un véritable bonheur de se promener sous les voûtes de pierres datant de l’époque ottomane de la Villa Paradiso, tout en observant ces tableaux si éclatants dans leur décrépitude, portraits de temps anciens et modernes à la fois. « Ce sont des tableaux qui ont été peints récemment, pour la grande majorité.

Je me suis baladé dans les rues et j’ai trouvé des murs sur lesquels il y avait des affiches. Ces posters parlent un peu du quartier, de son histoire, ce sont des traces de ce qui se passe dans les églises ou les mosquées, des gens morts, d’un frigo qu’on veut vendre... J’ai arraché ces affiches et travaillé dessus », révèle l’artiste.

On se penche alors, et l’on voit effectivement les ressorts de ce travail d’atomisation des couches, dont le résultat a été photographié avant d’être encadré : grattage, épluchage, collage, lissage, peinture, maquillage, calquage… « On n’apprécie pas assez les vieux murs, les baraques, tombées en désuétude et qui s’effritent. Il faut essayer de préserver et de garder, et quelque part c’est ce que je fais avec mes photos, je leur redonne vie, je les réinterprète avec des personnages qui peut-être sont des fantômes, mais des fantômes qui ont une histoire et qui viennent quand je fais de la musique. » En effet, en mélangeant les médiums, Sami Basbous va jusqu’à peindre ses visages intérieurs, des portraits imaginés, en écoutant sa propre musique. L’on pourrait se dire qu’il y a là une forme de surcondensation narcissique ou d’enclavement égotique ; mais, en fait, cet acte semble, chez lui, être le reflet d’une recherche effrénée d’un univers propre, d’une identité esthétique qui se nourrit d’elle-même, et qui parvient à ce résultat, à cette harmonie dans le style qui paraît bel et bien aboutie.

Farewell Beirut

Sami Basbous est forcé de quitter le Liban à l’age de 12 ans, pendant la guerre civile : « C’était un peu traumatique, parce que c’était pendant ce contexte de guerre, j’ai perdu ma mère et puis j’ai fait mon chemin. J’ai ensuite voyagé un peu partout dans le monde, pour me trouver et me perdre à la fois. J’ai toujours été très curieux », dit-il encore. Après quelques années passées en France, il part à Londres à 17 ans pour faire une école de cinéma. Deux ans plus tard, il fugue à Los Angeles puis s’installe à New York, où il restera 17 ans. Après plusieurs collaborations musicales, notamment avec Martha Wash avec laquelle il participe à la composition d’un album, il sort en 2010 un album solo intitulé Farewell Beirut, O Scarlet Tramp. Il va entre autres donner des concerts, produire des émissions télévisées, diriger et jouer dans des pièces au Liban, mais aussi dans des grandes villes d’Europe et d’Amérique du Nord.

Côté littérature, outre le théâtre, il publie en 1997 L’Homme à qui l’ange apparut, un recueil de poèmes écrit en français ; et un livre de mémoires, Heals the boy, devrait paraître fin septembre aux éditions Noir Blanc Etc. Ce titre n’a rien d’anodin, et est intimement lié au parcours de l’artiste, lui qui a connu la maladie et chez qui l’idée de guérison est essentielle pour comprendre les ressorts de son travail : « À un moment donné de ma vie, alors que j’étais au Liban, j’ai été très malade. Je suis resté deux ans à l’hôpital et huit jours dans le coma. J’avais un pied sur terre et l’autre dans un ailleurs. De retour, soigné, tout a changé pour moi. Je me suis abandonné pour la vie, vers quelque chose de plus spirituel. »

Mais en attendant la publication des mémoires de Sami Basbous, profitons du printemps qui est en train de s’installer pour sortir un peu de la capitale et aller jeter un coup d’œil à cette jolie exposition, si bien mise en valeur par la Villa Paradiso, lieu culturel protéiforme localisé dans le site pittoresque du vieux Batroun.

*L’exposition de Sami Basbous intitulée « Batroun, de la mer aux montagnes » se tient à Villa Paradiso, jusqu’au lundi 22 avril. Un show de musique interactive ainsi qu’une lecture de poèmes par l’artiste auront lieu les dimanches 14 et 21 avril à 19h30.

Sami Basbous fait partie de ces artistes touche-à-tout qui donnent l’impression d’avoir eu mille vies. Cet homme d’âge mûr à l’allure de bobo new-yorkais se définit lui-même comme un créateur multidisciplinaire qui, à travers des activités aussi diverses que la chanson, la peinture, la sculpture, l’écriture ou la poésie, est en permanence à la recherche de lui-même et de...

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