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Culture - Spectacle

Don Juan dans les filets des clowns... et d’Irina Brook

À partir d’un premier travail de Mario Gonzalez, maître du masque et de la commedia dell’ arte, la fille d’un des plus brillants metteurs en scène contemporains reprend le personnage fétiche de la séduction, « Don Juan » de Molière, pour une œuvre nouvelle inattendue, drôle, gentiment caustique et qui, tout en se riant de tout, ne manque ni de gravité ni de réflexion.

« Dom Juan et les clowns », d’Irina Brook, un spectacle tonique et vitaminé, à servir aussi bien aux grands qu’aux très jeunes…

La pièce Une bête sur la lune, de Kalinoski, première mise en scène, coup d’essai coup de maître, d’Irina Brook, présentée à Beyrouth en 1999, reste un moment lumineux dans les annales des œuvres dramaturgique étrangères importées au pays du Cèdre. Mise en scène sobre et originale, puissante et maîtrisée où Simon Abkarian, jeune acteur révélation de l’année, étincelait par son ton et sa présence d’un rescapé du génocide arménien. Son « Seta » lancé d’un ton guttural et tendre pour appeler sa future femme reste dans toutes les mémoires…Deux décennies plus tard, Irina Brook (détentrice de cinq Molières) revient à Beyrouth pour présenter cette fois-ci une œuvre burlesque mais qui ne manque ni de punch ni de mordant et encore moins de sérieux sous les criailles des pantalonnades, la gestuelle des farces, les éclats de rire, les fourberies insoupçonnées, les chaussures à la Charlie Chaplin qui clapotent et les gros nez rouges comme les lumignons des clowns. Il s’agit, en toute verte fraîcheur, de Dom Juan et les clowns, un titre qui se dépoussière d’office de toute ambiguïté ou confusion !Approche inédite et décalée pour s’entretenir de l’impitoyable bourreau des cœurs avec sept clowns (allusion aux sept nains de Blanche-Neige ou simple coïncidence de chiffres !) qui investissent la scène pour culbuter, zigzaguer, faire les marioles et jeter un paquet de mots, pas totalement innocents car toujours malicieux si ce n’est à double tranchant, qui secouent, charment et désarçonnent les spectateurs.

Comment prendre l’amour, la vie, la mort au sérieux avec des pitres qui n’ont d’autre fonction et d’autre but que de rire et faire rire ? Mais ne dit-on pas aussi qu’un clown incarne le tragique du monde ? En un hilarant carrousel, les deux bouts de tout ce qui est humain, les rires et les larmes, l’insouciance et l’angoisse, l’enfance et l’âge mûr, se rejoignent brusquement ici sous les spots…Parler de liberté et de prix à payer pour cette liberté est justement l’enjeu et le défi de cette production et mise en scène tout en s’aidant de l’éclairage d’un monde léger, badin, disjoncté, celui des turlupins, des bouffons, avec des moments fantaisistes et farfelus où, par-delà humour, plaisanterie et satire rondement menée, on laisse au vestiaire le poids des soucis et des préoccupations lourdes ou sombres…Envol pour retrouver, en faisant tomber tous les masques, les instants de sincérité, de vulnérabilité et de fragilité humaine. Se retrouver, au plus profond de soi, en jetant aux orties conventions et freins sociaux. Se révolter contre le conformisme et la déprime des austérités qui gainent et emprisonnent les êtres et les vies. C’est tout cela, ces joyeux clowns qui batifolent gaiement, aux confins de ce qui est irrévérencieux, au-devant des feux de la rampe. En un ton presque badin, sur une tournure qui ne craint ni la dérision ni la raillerie, Dom Juan et les clowns d’Irina Brook, moment de théâtre par excellence, est un spectacle tonique et vitaminé, à servir aussi bien aux grands qu’aux très jeunes…

Théâtre Monnot

« Dom Juan et les clowns », une mise en scène signée Irina Brook à partir d’un premier travail de Mario Gonzalez, du 10 au 14 avril 2019, à 20h30 précises.


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