Le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, en visite au Liban, a appelé hier le pouvoir judiciaire de son pays à « s’occuper » du cas de Juan Guaido, leader de l’opposition au régime du président Nicolas Maduro, reconnu président par intérim par plus d’une cinquantaine de pays.
« Il enfreint la plupart des dispositions de la Constitution. Le pouvoir judiciaire doit donc prendre soin de ceux qui ont violé la loi vénézuélienne », a déclaré M. Arreaza, dont les propos ont été rapportés hier par l’agence américaine Associated Press.
En tournée dans la région, Jorge Arreaza s’est entretenu hier avec plusieurs responsables libanais, dont le président de la République Michel Aoun, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil et le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, le député Yassine Jaber.
À Baabda, M. Arreaza a transmis au chef de l’État un message oral de Nicolas Maduro. De sources bien informées, il aurait appelé Beyrouth à prendre position aux côtés du régime de Caracas en cas de vote sur le Venezuela à l’Assemblée générale de l’ONU. La situation des Libanais et des Vénézuéliens d’origine libanaise aurait également été évoquée.
Durant ses entretiens, le diplomate vénézuélien a également dénoncé l’ « agression américaine » contre son pays. Devant la presse, il a salué, dans ce cadre, le soutien exprimé le week-end dernier par Moscou au régime Maduro à travers l’arrivée à Caracas d’un avion russe, qui aurait transité par Damas transportant des officiels militaires et de l’équipement. Un moyen pour Moscou de manifester son opposition à la demande de Washington du retrait du personnel militaire russe du pays. En décembre dernier, le régime de Vladimir Poutine avait déjà envoyé deux bombardiers au Venezuela durant plusieurs jours en signe de soutien à Nicolas Maduro, dont les États-Unis réclament la démission.
« Nous avons eu une coopération militaire et technique avec la Russie durant 17 ans, et elle se développe comme elle le devrait. La seule interférence que nous ayons eue en 20 ans au quotidien est celle des États-Unis », a indiqué M. Arreaza à Beyrouth.
Les liens avec le Hezbollah
Jorge Arreaza devait par ailleurs rencontrer en soirée Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, l’un des soutiens les plus importants du régime Maduro et dont les excellentes relations avec Caracas sous le signe de « l’axe de la résistance » et de « la lutte contre les opprimés » remontent aux années 2000, du temps de Hugo Chavez, prédécesseur du président actuel.
Le 25 janvier dernier, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, avait ainsi condamné « les ingérences américaines dans les affaires intérieures du Venezuela » et réitéré son soutien au président Maduro, et ce lors d’une visite d’une délégation du parti chiite à l’ambassade vénézuélienne à Beyrouth.
La visite au Liban du responsable vénézuélien, qui doit ensuite se rendre à Damas, n’est pas sans intéresser de près les capitales occidentales, à commencer par Washington. Et pour cause : l’une des causes de grande inquiétude pour les Américains au sujet du Venezuela de Maduro est la présence active du Hezbollah et, au-delà, de l’Iran dans ce pays, et plus précisément dans la région de la triple frontière, zone à cheval entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine. Une région où, selon un article du Foreign Policy en date de février dernier, le parti chiite aurait développé depuis longtemps « une vaste infrastructure pour ses activités criminelles incluant le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et la contrebande illicite », notamment dans la zone de Margarita Island, sur la côte vénézuélienne.
Le 7 février dernier, le secrétaire d’État US Mike Pompeo avait évoqué l’existence de « cellules actives du Hezbollah au Venezuela », dans un entretien à la chaîne Fox Business. « Les Iraniens impactent les habitants du Venezuela et, au-delà, de l’Amérique du Sud. Nous devons abattre ce risque pour l’Amérique », avait-il ajouté. Le soutien de Washington à Juan Guaido aurait notamment pour objectif d’essayer d’asphyxier le Hezbollah et l’influence iranienne dans ce pays, toujours selon le Foreign Policy, dans le cadre de la politique américaine globale de sanctions contre Téhéran et ses différentes ailes politiques et militaires à travers le monde.
Hassan Nasrallah avait rejeté ces accusations le 16 février dernier. « Les responsables américains ont accusé le Hezbollah d’être présent au Venezuela. Ceci est faux, mais nous sommes solidaires de ce pays face à l’agression des États-Unis dont il est la cible. Nous n’avons aucune cellule, organisation ou présence dans ce pays, ni en Amérique latine de façon générale », avait-il assuré.
Pour mémoire
Que cache la solidarité du Hezbollah avec le régime de Maduro ?
commentaires (5)
Effectivement nos deux pays ont des trucs en commun...par exemple, on était riche et on s'est appauvri et ceci presque en même temps, nos deux pays perdent leurs citoyens à l'immigration... Il nous reste aussi les déclarations rocambolesques ... Bons baisers de Caracas...
Wlek Sanferlou
01 h 08, le 05 avril 2019