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Moyen Orient et Monde - Ukraine

L’humoriste Zelensky, « bouffée d’air frais » pour les Russes

Le comédien ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a fini en tête du premier tour de la présidentielle, joue au tennis de table à Kiev. Valentyn Ogirenko/Reuters/File Photo

Le succès électoral du comédien ukrainien Volodymyr Zelensky est observé avec curiosité et souvent une certaine bienveillance par les Russes, non seulement parce qu’il appelle au dialogue avec Moscou, mais aussi parce qu’il partage leurs codes culturels. Le Kremlin s’est pour l’instant gardé de donner une quelconque opinion sur l’acteur, en position de force avec plus 30 % des voix au premier tour, indiquant espérer ne pas voir « le parti de la guerre » l’emporter et semblant ainsi viser le président sortant Petro Porochenko.

Au-delà de possibles cyniques calculs politiques, Volodymyr Zelensky constitue pour les Russes une personnalité avant tout rafraîchissante après cinq ans de crise entre Moscou et Kiev largement couverte – et parfois montée en épingle – par les médias, télévision en tête. « Enfin une bouffée d’air frais dans le marais ukrainien », se réjouit Rouslan Chouïev, informaticien de 23 ans. « Il parle russe, il est drôle et non corrompu... pour l’instant », sourit sa compagne Irina, 21 ans.

Favorable à un maintien d’un cap prooccidental, l’acteur juge inévitable de parler avec Moscou du conflit opposant armée ukrainienne et séparatistes prorusses dans l’Est. Et contrairement à son adversaire du second tour Petro Porochenko, il n’a pas insisté sur les sujets identitaires comme la langue ou la religion pendant sa campagne, menée surtout sur les réseaux sociaux et sur scène où il a poursuivi sa tournée de stand-up avec des shows principalement en russe et reprenant des codes familiers pour les Russes.

Carrière en Russie

« Avec de nombreuses allusions au passé soviétique commun, les spectacles satiriques du comique, qui parodient les personnalités politiques ukrainiennes, en font le candidat le plus audible des Russes », relève le politologue russe Gleb Pavlovski. Y compris sur le plan culturel, le fossé s’est creusé entre les deux pays depuis l’annexion de la Crimée en 2014, suivie d’un conflit avec des séparatistes prorusses qui a fait près de 13 000 morts.

Mais Russes et Ukrainiens ont souvent grandi avec des films et chansons soviétiques puis russes, ainsi que les très populaires télécrochets humoristiques connus sous leur acronyme KVN. C’est par ce concours, remporté en 1997 par l’équipe d’étudiants de sa ville russophone du centre de l’Ukraine, Kryvy Rig, que Volodymyr Zelensky a commencé sa carrière, se faisant connaître dans son pays, mais aussi en Russie. « Zelensky fait aujourd’hui partie des cinq acteurs comiques les plus populaires en Russie », estime le réalisateur de la trilogie Marius Vaïsberg, fier d’avoir « fait découvrir aux Russes cet acteur au charisme inouï ».

« Désastre imminent »

Sur le plan politique, Volodymyr Zelensky dit souhaiter négocier avec Vladimir Poutine, même avec une ligne dure. « Si je rencontre M. Poutine, je lui dirai de nous rendre nos territoires, je lui demanderai quelles compensations il est prêt à nous verser pour nous avoir pris nos territoires et soutenu ceux qui ont participé à l’escalade en Crimée et dans le Donbass », la zone de conflit dans l’Est, a-t-il assuré dimanche. Selon un sondage réalisé avant le premier tour par l’institut public VTsIOM, 79 % des Russes se disaient « informés » de la campagne électorale ukrainienne, bouleversée par le comédien de 41 ans, même si une majorité (59 %) estimaient que le scrutin « n’aura aucun impact » sur les relations entre Kiev et Moscou. Mais plus que la promesse d’un dialogue renoué, certains Russes, selon la sociologue russe Olga Krychtanovskaïa, pourraient se frotter les mains en prévision d’ « un désastre imminent chez l’ancien peuple frère qui s’apprête à élire un comique à la tête de leur État ».

Source : AFP

Le succès électoral du comédien ukrainien Volodymyr Zelensky est observé avec curiosité et souvent une certaine bienveillance par les Russes, non seulement parce qu’il appelle au dialogue avec Moscou, mais aussi parce qu’il partage leurs codes culturels. Le Kremlin s’est pour l’instant gardé de donner une quelconque opinion sur l’acteur, en position de force avec plus 30 %...

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