Le Président de la Cour pénale internationale (CPI), visée par une attaque d'une virulence inédite par Washington, a appelé les Etats-Unis à soutenir la Cour et à adhérer à son traité fondateur, le Statut de Rome.
"Les victimes passées, présentes et à venir de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre en ont besoin. Et c'est avec tout le sens de la responsabilité que j'appelle directement les dirigeants des États-Unis à apporter ce soutien à la CPI", a déclaré dans un communiqué publié lundi le juge président, Chile Eboe-Osuji.
La CPI, dont Washington n'est pas membre, est une juridiction internationale chargée de juger les crimes de guerre et contre l'humanité.
Fatou Bensouda, la procureure de l'institution qui siège à La Haye, aux Pays-Bas, a annoncé en 2017 qu'elle allait demander aux juges l'autorisation d'ouvrir une enquête sur des crimes de guerre présumés commis dans le cadre du conflit afghan, notamment par l'armée américaine.
Les Etats-Unis ont mis en mars à exécution leur menace sans précédent contre la Cour, en annonçant des restrictions de visa pour tenter d'empêcher toute enquête de l'institution contre des militaires américains, notamment en Afghanistan.
Le Président de la CPI était à Washington vendredi pour la réunion annuelle de la Société américaine de droit international (American Society of International Law).
M. Eboe-Osuji a appelé les Etats-Unis à "se joindre à ses plus proches alliés et amis à la table du Statut de Rome" et à soutenir la Cour "dont les valeurs et les objectifs sont tout à fait compatibles avec les meilleurs instincts de l'Amérique et ses valeurs".
La CPI est régie par le Statut de Rome, un traité entré en vigueur le 1er juillet 2002 et ratifié depuis par 123 pays. Son procureur peut déclencher ses propres enquêtes sans permission des juges à la condition qu'elles impliquent au moins un pays membre -- c'est le cas de l'Afghanistan.
Les relations entre Washington et la juridiction ont toujours été tumultueuses. Les Etats-Unis ont refusé d'y adhérer et ont tout fait, notamment par des accords bilatéraux avec de nombreux pays, pour éviter que des Américains puissent être visés par ses enquêtes. L'administration de Donald Trump a poussé à l'extrême la défiance à l'égard de la CPI.
Les plus commentés
Hajizadeh, l'homme derrière l'opération iranienne contre Israël
La tension monte : lourd bilan pour le Hezbollah
Rumy al-Qahtani, première candidate d’Arabie saoudite au concours de Miss Univers