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Liban - Disparition

Michel Awit n’est plus, une grande figure maronite s’efface

D’une discrétion légendaire, il fut secrétaire général du siège patriarcal de Bkerké, 36 années durant.


Le père Michel Awit à son bureau, antichambre obligée du grand salon patriarcal. Photo d’archives

Dans une dignité et une discrétion qui ont toujours été les siennes, le chorévêque Michel Awit, secrétaire général du patriarcat maronite 36 années durant, a rendu hier son âme à Dieu, à l’âge de 89 ans. Né à Bziza (Koura) en 1930, il avait répondu « oui », à l’adolescence, à une simple question que lui avait posée un évêque au cours d’une visite paroissiale. Du séminaire de Karm Saddé à l’Institut catholique de Paris, en passant par Ghazir et l’USJ, un parcours impeccable l’avait conduit à l’ordination en 1958.

Sa discrétion légendaire lui avait valu d’être nommé secrétaire général du siège patriarcal dès 1975, avec l’élection du patriarche Antoine Khoreiche. Il occupa cette fonction tout au long du mandat du patriarche Sfeir (1986- 2011), dont il fut en outre le secrétaire personnel.

Après l’élection du patriarche Béchara Raï, le 15 mars 2011, qui s’entoura d’une nouvelle équipe, il se retira dans son village natal, passant ses hivers à l’hôpital Cortbaoui (Adma).

Altier dans sa politesse, le père Michel Awit ne s’exprima jamais en public, ne livra aucun des secrets dont il était le gardien. Ce qui lui tenait à cœur, il le couchait par écrit. Auteur d’une trentaine d’ouvrages en arabe et en français, il ne mâcha pas ses mots sur ce qui avait valu aux maronites les épreuves qu’ils traversaient, en particulier la guerre. Avec Le sel de la terre, Les maronites, qui sont-ils ? Où vont-ils ? et surtout Mon testament aux maronites, le père Awit heurta certains par sa franchise.

Le Testament est l’ouvrage d’un homme de confiance s’il en est, dont le bureau fut régulièrement l’antichambre du grand salon patriarcal, l’endroit où l’on s’arrêtait à l’aller et au retour, le cénacle où se retrouvaient et se livraient quotidiennement les grands et les moins grands du monde politique et religieux, libanais et étrangers.

Publié par Dar an-Nahar, préfacé par le patriarche Raï, l’ouvrage est une sorte d’ultime récapitulation de l’histoire d’un « grand peuple », de ses souffrances, de ses heures de gloire, de ses faiblesses et de ses déchéances ; une sorte de feuille de route destinée à tous les Libanais qui cherchent, dans la nuit des temps de malheur d’une guerre interminable, la lumière qui empêchera leur pays de sombrer dans l’abîme. Ou d’y rester. Et ce « testament » ne diffère pas de celui que le Christ a laissé à ses disciples : l’unité. L’unité difficile, mais salutaire, en une période cruciale de l’histoire du Liban.

« Une grande stature et conscience maronite disparaît aujourd’hui, a écrit hier le député Neemat Frem sur son compte Twitter. Soldat silencieux, sa vie s’était consumée dans le service, ainsi que dans la contemplation, levain d’avenir, de l’histoire du christianisme. »

Le patriarcat maronite et l’archevêché maronite de Tripoli ont annoncé que les obsèques du P. Michel Awit seront célébrées à 11h, demain vendredi 29 mars en la cathédrale Saint-Georges des maronites, avant que la dépouille ne soit transférée à Bziza, où il sera enterré dans le caveau de la famille, après l’absoute en l’église des Saints-Côme-et-Damien. Les condoléances seront reçues dès 10 heures, vendredi et tout de suite après les obsèques, ainsi qu’après l’enterrement à Bziza, et enfin samedi et dimanche dans le grand salon de l’église Saint-Georges, entre 11h et 19h.


Pour mémoire

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