« Les touristes libanais dépensent l’équivalent de cinq milliards de dollars chaque année à l’étranger tandis que les touristes qui viennent au Liban ne dépensent qu’environ 3,5 milliards. » C’est par ce constat que le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB) et secrétaire général des Organismes économiques (OE), Nicolas Chammas, justifie auprès de L’Orient-Le Jour le lancement de la « campagne nationale pour la relance de l’économie libanaise ». « L’idée est venue car on était plusieurs commerçants à nous demander pourquoi autant d’argent quitte le pays au niveau des dépenses de consommation. On ne contrôle pas les entrées de liquidités mais on peut agir sur les sorties à ce niveau-là », estime Nicolas Chammas. Lancée en grande pompe la semaine dernière à Baabda par le président de la République Michel Aoun, cette campagne de sensibilisation et d’information a été conçue et préparée par l’ACB et financée par la BLOM Bank. Des spots publicitaires sont ainsi diffusés à la télévision, dans les journaux, sur les panneaux d’affichage en vue de convaincre les Libanais d’effectuer leurs achats dans le pays, de privilégier le tourisme local et la main- d’œuvre libanaise. « Les filières concernées sont plus exactement le commerce de détail interne, le tourisme de proximité, les produits issus de l’industrie et l’agriculture locale, et la main-d’œuvre du pays », précise Nicolas Chammas. Le président de l’ACB entend convaincre les acteurs économiques qu’en faisant le choix de consommer au Liban, « c’est leurs propres intérêts qu’ils protègent à long terme, car ils protègent la viabilité de l’économie du pays ».
Baisser les prix
Or si les Libanais préfèrent de plus en plus voyager et effectuer leurs achats à l’étranger, c’est surtout pour une question de prix. « C’est un fait, et c’est pour cela que nous avons d’abord commencé par appeler les commerçants libanais à baisser leurs prix afin de pouvoir relancer la demande. C’est ainsi que nous pourrons provoquer un cercle vertueux », indique Nicolas Chammas. Mais selon lui, « cette baisse des prix devra forcément être répercutée sur les marges des commerçants, qui ne sont plus très importantes. Leurs charges sont élevées et quasiment incompressibles ». « Les salaires, les charges sociales, les loyers, l’énergie, les transports, les frais bancaires, les nouvelles taxes qui ont été introduites sans tenir compte de la situation de l’économie réelle... représentent autant de coûts élevés qui empêchent les commerçants et les producteurs d’être compétitifs face aux marchés internationaux », regrette-t-il. « D’autant plus que ces dernières années, des pays comme le Royaume-Uni, la Turquie ou encore l’Égypte, qui sont des destinations très prisées par les Libanais, ont connu des dévaluations », poursuit Nicolas Chammas. Le président de l’ACB pense également que le fait que les Libanais choisissent d’effectuer leurs achats à l’étranger participe à aggraver la hausse des prix au Liban, car cela complique la possibilité pour les commerçants et les producteurs de réaliser des économies d’échelle.
Pour mémoire
Au Liban, l’activité commerciale de détail toujours mal en point au deuxième trimestre
commentaires (4)
Pourquoi les cosmetiques et surtout les medicaments sont-ils si chers au Liban. De plus en plus de Libanais achetent leurs pharmaceutiques de tout genre a l'etranger. C'est dommage!
Chamoun Caline
15 h 30, le 26 mars 2019