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Culture - Festival al-Bustan

La seconde vie de Luciana D’Intino

La chanteuse d’art lyrique et enseignante a donné une masterclass à six interprètes libanais qui ont, durant trois jours, travaillé leur voix.

Luciana D’Intino.

« Terminé de chanter », dit-elle sans hésiter au début de la rencontre avec son accent italien teinté du soleil de San Vito al Tagliamento où elle est née il y a soixante ans. La mezzo-soprano italienne a en effet interrompu sa carrière en 2017 pour se consacrer à l’enseignement des jeunes à l’Académie de la Scala de Milan.

C’est une nouvelle page qui se tourne pour Luciana D’Intino qui trouve autant de plaisir, sinon plus, à transmettre son art. Et c’est pour donner une masterclass de trois jours qu’elle se trouve au Liban, invitée par le Festival al-Bustan à former des voix prometteuses. « La culture de la voix a disparu, dit-elle d’un ton triste. Et c’est dommage. Les jeunes sont trop pris par des occupations plus légères et superficielles et trouvent que la voix est une chose normale. Or il n’en est rien. La voix est plus que normale : cest un art sublime, quasi mystérieux. Il s’agit seulement de l’éduquer, de la cultiver et, bien sûr, avant tout, de la découvrir. » Et de reprendre en souriant : « Je me considère donc aujourd’hui une vestale de la voix, une prêtresse au service de cet art. » Après avoir découvert son talent vocal au sein de la chorale de la paroisse de son village, Luciana D’Intino part étudier l’art lyrique au Conservatoire Benedetto Marcello de Venise. L’Italienne se fait tout de suite remarquer à des concours, notamment celui de Spoleto. Aussitôt, elle s’impose comme l’une des meilleures interprètes des grands rôles de mezzo-sopranos verdiens et se produit à la Scala sous la direction de Riccardo Muti et plus tard dans les salles américaines comme Carnegie Hall. Elle s’illustre également dans le bel canto. Elle aura été, avant d’avoir chanté Azucena (Le Trouvère) à Vienne et à Oviedo et annulé le reste de sa saison en annonçant la fin de sa carrière, La Princesse Eboli, la fée Printemps, mais aussi Carmen et Laura Adorno.

Alors aujourd’hui, quels sont, pour elle, les appelés « à devenir des futurs talents » ? « Il faut d’abord avoir la voix, mais aussi l’âme. Mais également travailler avec beaucoup de sérieux et de persévérance. Je m’occupe, dit-elle, des jeunes entre 20 et 29 ans, car après 30 ans, il est difficile d’éduquer la voix. Au Liban, j’ai fait la connaissance de jeunes qui ont le désir et la volonté de changer les choses. Et cela me fait plaisir de participer à ce changement, surtout dans un pays qui n’a pas de passé lyrique. Ces six élèves choisis par leur académie (Conservatoire, école des Antonines ou autres…) auront à la fin de leur workshop une attestation de l’Académie de la Scala. Je me considère donc comme une missionnaire à la tâche très difficile dans un monde qui a beaucoup changé. »


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