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Culture - Festival al-Bustan

Le violon de Paganini, un (triple) combat pour l’amour...

Continuation en second volet pour les concertos de Paganini, génial compositeur et virtuose absolu, qui a donné au violon ses lettres de noblesse. Officiant en solistes ce mardi soir, Anastasiya Petryshak, Kevin Zhu et Giulio Plotino. Trois violonistes au-devant de la scène qui donnent la réplique à l’Orchestre national Serbe de Novi Sad sous la direction de Gianluca Marcianó.

Kevin Zhu.

Avec un air de fête permanente, pour célébrer jusqu’au 17 mars la musique italienne à l’honneur cette année, le Festival al-Bustan grouille de musiciens de tous âges et horizons. Parmi lesquels les solistes des concertos (n°s 6, 3, 1) de Paganini : Anastasiya Petryshak, Kevin Zhu et Giulio Plotino qui jouent ce soir à l’auditorium Émile Bustani.

Trois identités musicales, trois générations, une femme et deux hommes, un même talent, une même passion pour la musique, un même attachement et respect à Paganini, ce grand enchanteur du violon, instrument boîte de magie, d’errance, des moments de douleur et de fête improvisée en tous lieux…

Lumineuse beauté slave, Anastasiya Petryshak, ukrainienne de nationalité italienne, du haut de ses 24 printemps, est déjà une vedette à part entière dans la planète musique classique. Quid de ce concerto n° 6 qu’elle va interpréter ?

Et la réponse, dans un anglais tatillon, arrive en petites phrases qui se cherchent : « J’ai été déjà à Baalbeck pour jouer la musique de Khaled Mouzannar et ensuite pour l’enregistrement de Capharnaüm, le film de Nadine Labaki, dit celle qui avoue adorer le Liban avec ses gens si ouverts d’esprit, si gentils. Le temps, les paysages, cette énergie singulière ici, tout me ravit. Je savoure chacun de mes séjours sous ce ciel… ». Et la musicienne de poursuivre : « Le concerto n° 6 a été écrit par un Paganini très jeune. C’est cantabile et très opératique. Il est différent des autres par ses mélodies, sa tonalité en mineur, sa mélancolie, sa profondeur. » Pour Petryshak, la musique de Paganini vient des tripes et déborde « d’une bonne énergie ». « J’ai une approche féminine pour l’interpréter (mes deux complices de scène ici sont tous les deux des hommes !) et j’y apporte une touche de sensibilité, affirme-t-elle. Non seulement dans la vie mais c’est en musique aussi qu’on sent la touche féminine… Mon ambition ? Jouer ces six concertos pour un enregistrement et aller au-delà de la bravoure… ».


Bravoure et élégance

Pour Kevin Zhu, américain d’origine chinoise de 18 printemps, il s’agit là de la première visite au pays du Cèdre qu’il trouve « formidable et plein d’histoire et de culture ». Ce jeune homme au physique de collégien un peu timide a emporté haut la main, l’année dernière à Gênes, le prix de la 55e Compétition Paganini. « C’est une des œuvres les plus difficiles de Paganini, dit-il, pour qualifier le Concerto n° 3 qu’il va interpréter. » Mais aussi une pièce élégante, belle, pleine de bravoure et très cantabile, ajoute-t-il. À part la virtuosité, il y a à mettre la valeur d’une mélodie souple et douce. Je vais essayer, par mon approche, d’unifier ces différents critères en coulant dans un même registre l’harmonie, la mélodie et le brio de certains passages. Mon jeu sera honnête, c’est-à-dire ajouter à ma personnalité les projections de Paganini.

Et comment s’est opéré la rencontre avec les cordes et l’archet du violon ? « Mon père jouait du violon en hobby, confie-t-il. À trois ans, les sonorités de l’instrument m’ont fasciné. Et tout, dès lors, s’est emballé jusqu’à mon premier concert en 2012 à Pékin où j’ai emporté le prix Yehudi Menuhin. Mon ambition ? Trouver le moyen de donner davantage à la société et faire partager la musique qui est bien plus grande que nous tous. La musique qui a le pouvoir d’unifier et de guérir… Et partager cela avec le plus grand nombre est un bonheur incommensurable… ».


Combat pour l’amour

Pour terminer avec le trio de musiciens qui vont se succéder devant la rampe de l’auditorium Émile Bustani, la parole est à Giulio Plotino, interprète du Concerto n° 1. L’Italien de 44 ans, violoniste et chef d’orchestre, avec lunettes sur le nez, crâne rasé à ras de poils et barbe noire de quelques jours, indique dans un accent métissé d’italien qu’il a déjà foulé le sol libanais il y a deux ans, pour donner un coup de main à Gianluca Marciano pour la formation de l’Orchestre académique du Bustan. « Je n’ai fait que voler des moments pour voir le Liban dont j’admire l’histoire, l’archéologie ainsi que son impressionnante force de reconstruction, regrette-t-il avant de préciser : Je suis méditerranéen, par conséquent, je me sens un peu chez moi… ».

Et l’histoire avec le violon, son fidèle compagnon, comment la retracer? « Un peu bizarre comme suivi, dit-il en riant, amusé. Mon père était flûtiste à l’Opéra de Gênes et m’a suggéré, très jeune, le piano. Mais un jour débarque de Russie le violoniste Joseph Levin. J’avais 7 ans, et ce fut le coup de foudre. Et la passion, très sérieuse, pour cet instrument n’en finit plus de grandir en moi ! »

Pour ce soir dédié aux trois concertos de Paganini, monument à la gloire du violon, Giulio Plotino interprète l’Opus n° 1. En substance, il parle de l’œuvre en ces termes : « C’est un grand exemple de ce que Paganini représente pour nous, surtout quand il écrit pour le violon. J’ai un amour immodéré pour ce compositeur avec ses caractéristiques de bel canto, de pont pour une nouvelle communication, au-delà de la virtuosité. Je définis cette œuvre, comme tous les concertos d’ailleurs, comme un combat pour l’amour. » Et d’enchaîner : « Mon ambition ? J’aimerais surtout survivre pour faire de la musique. En espérant que ce soir, le public aimera toutes ces sonorités et que je puisse lui communiquer le feu sacré de tous mes sentiments… ».


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La "lumineuse beauté slave" aurait dû préciser que le Concerto No 6 n'a pas été publié du vivant de Paganini, et que sa partie orchestrale est perdue... Par ailleurs, le Concerto No 1 porte le numéro d'opus 6, alors que l'opus 1 de Paganini est un ensemble de 24 caprices pour violon...

Georges MELKI

10 h 39, le 06 mars 2019

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Commentaires (1)

  • La "lumineuse beauté slave" aurait dû préciser que le Concerto No 6 n'a pas été publié du vivant de Paganini, et que sa partie orchestrale est perdue... Par ailleurs, le Concerto No 1 porte le numéro d'opus 6, alors que l'opus 1 de Paganini est un ensemble de 24 caprices pour violon...

    Georges MELKI

    10 h 39, le 06 mars 2019

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