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Culture - Exposition

Abboudi Abou Jaoudé, une passion nommée affiche

Il est un de ces passionnés qui collectionnent, depuis très jeunes, des affiches cinématographiques. Il en dévoile une partie sur le thème « Arabs in World Cinema », à Dar el-Nimer. Une exposition qui dure jusqu’au 25 mai.


« Le Cheikh »

Sa passion pour le cinéma est née alors qu’il avait six ou sept ans. Abboudi Abou Jaoudé a exprimé à 15 ans cette passion en collectionnant affiches mais aussi photos de tournage et brochures.

« C’est dans les salles libanaises et même ailleurs que je trouvais ces formats papier et les assemblais, explique le collectionneur. Aujourd’hui, j’en compte plus de 20 000 dont 500 titres sur le thème “Arabs in World Cinema”. Sans oublier d’autres de pays arabes qui déclinent sur d’autres thèmes et des affiches de films issus du pays du Cèdre de 1929 à 1979 et qui relatent les cinquante ans de cinéma libanais. Pour cette exposition en particulier, je tenais à faire le décryptage du regard que porte l’Occident sur l’Orient. »

« Lorsque j’ai grandi, j’ai travaillé dans l’impression, ces deux passions vont se jumeler pour n’en faire plus qu’une. » Le collectionneur réunit, assemble, restaure et conserve loin de l’humidité, du soleil ou de l’eau ce qui reste comme témoins d’un temps et d’une culture passés. Si, probablement, le premier poster acquis était Le septième voyage de Sinbad, c’est bien The Thief of Baghdad qui initie le thème d’« Arabs in World Cinema ».

À Dar el-Nimer, rue Clemenceau, c’est ce fonds précieux, sur ce thème de ce qu’on appelle communément l’orientalisme, que Abboudi Abou Jaoudé a décidé de révéler au public, tout en faisant un retour en arrière sur la manière de créer une affiche. Plus de 70 en papier habitent les lieux, avec projection d’extraits de films, témoignant d’un vrai art et d’une culture spécifique.

C’est probablement le film du Voleur de Bagdad, réalisé en 1924, qui inspire tout d’abord le thème au collectionneur et qui le pousse à faire des recherches plus approfondies. Près de 90 % de ces affiches de films occidentaux ont un point en commun. En parcourant les sept cents qui sont en sa possession, Abboudi Abou Jaoudé retrouve un seul lien qui les relie. Qu’elles soient réalisées aux États-Unis, en Russie, au Danemark, en Inde ou en Croatie, elles portent cette même perception éculée et primaire de l’Orient. Pour tout étranger, cette région qui englobait la péninsule Arabique met dans le même sac la Syrie, le Liban et l’Irak. Si, avant la Seconde Guerre mondiale, ces affiches se peuplaient de danseuses du ventre, de sabres, de cavaliers, d’hommes à keffieh ou encore de désert, de tentes, de harems et de chameaux, comme Le Cheikh avec Rudolph Valentino, Le Voleur de Bagdad, Les Mille et Une Nuits ou encore Ali Baba et les 40 voleurs, l’Orient sera vu après la guerre comme un nid d’espions comme dans 24 Hours to Kill en 1965. D’ailleurs, les films occidentaux seront tournés en partie au Liban, au Maroc ou en Tunisie. Cela certainement bien avant la vague terroriste qui offre au cinéma occidental une nouvelle vision des pays de la région. Vision tout autant restrictive et stéréotypée d’un Orient fabuleux jadis digne d’un conte de fées.

Et demain, quoi ?

Longtemps, l’affiche de cinéma a été le principal outil promotionnel d’un film, les studios lui consacrant un budget conséquent, faisant appel aux artistes les plus talentueux pour distinguer un film de ses concurrents. Peinte et dessinée à la main, la lithographie a succédé à la sérigraphie et enfin l’offset dans les années 1950, technique d’impression aux couleurs moins riches mais aux tirages supérieurs.

Actuellement, les modes de production s’étant industrialisés, les supports promotionnels se sont multipliés comme la bande-annonce, la radio, la télé et l’internet. Dans l’affiche moderne, l’aspect artistique (plus long et plus coûteux) laisse place à d’autres techniques comme le gros plan sur l’acteur vedette ou même la posture héroïque. On voit aussi l’apparition d’une couleur de fond standard signalant le genre du film (blanc pour la comédie, noir pour le thriller).

Selon le collectionneur, « l’orientalisme, né au XVIIe siècle sur le plan pictural, s’est poursuivi aussi au cinéma. Les mêmes représentations des œuvres des orientalistes se retrouvent plus tard dans les affiches de cinéma peintes ou dessinées à la main au début du siècle dernier ». Agrandies puis reproduites selon le mode de la sérigraphie, elles témoignent d’une technique aujourd’hui révolue.

Si l’affiche reste pourtant un support essentiel pour la promotion du film, son futur demeure flou. La numérisation totale des supports promotionnels, dont le célèbre producteur-réalisateur George Lucas est l’un des plus fervents partisans, pourrait mener à la chute des affiches. Lesquelles seront projetées sur des écrans à l’entrée des cinémas. De plus, le nombre de celles format papier continue à décroître, et pour cause : leur destruction due aux mauvaises techniques de stockage, aléas (inondations, incendies...) ou altération naturelle des affiches les plus anciennes... Heureusement donc que certains cinéphiles et collectionneurs continuent de les exposer dans des cinémathèques et autres espaces afin qu’on se souvienne de l’âge d’or des affiches.


Pour mémoire 

Abboudi Abou Jaoudé, en haut de l’affiche

Sa passion pour le cinéma est née alors qu’il avait six ou sept ans. Abboudi Abou Jaoudé a exprimé à 15 ans cette passion en collectionnant affiches mais aussi photos de tournage et brochures. « C’est dans les salles libanaises et même ailleurs que je trouvais ces formats papier et les assemblais, explique le collectionneur. Aujourd’hui, j’en compte plus de 20 000 dont...

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