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Lifestyle - Rencontre

Comment Serge Brunst est devenu Serge Brunst...

Il a fait de sa passion son métier. Son diplôme de médecine relégué aux oubliettes, Serge Brunst s’est consacré pleinement à la décoration. Il collectionne également des peintures orientalistes, ainsi que des aiguières de Tombak et des verres de Beykoz, manufacturés en Turquie aux XVIIIe et XIXe siècles, dont quelque 80 pièces seront dévoilées ce soir, à la galerie SV, à Saifi Village. Une initiative de la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale.

Serge Brunst, un homme qui a fait de sa passion, son métier.

Brunst ? À ceux qui lui demandaient d’où il venait, il répondait avec un humour pétillant : « De Baawerta » (l’équivalent libanais d’un Trifouillis-les-Oies en France, sauf que ce village existe vraiment dans le Chouf...) ! Serge Brunst est né à Alep d’une mère italo-levantine dont la famille était établie en Syrie depuis plus d’un siècle, et d’un père d’origine allemande qui habitait en Russie, et qui, à l’instar des Russes blancs, a fui la révolution de 1917 pour s’installer à Beyrouth, où il a été naturalisé libanais en 1922. Serge Brunst revendique sa libanité avec vigueur et fierté.

Le jeune Brunst qui se destinait à la médecine a décroché son diplôme de la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph en 1963. Un an plus tard, il fera un virage à 180 degrés pour se vouer pleinement à sa passion : la décoration intérieure. Il commence à travailler avec Michel Harmouche dans « la grande maison de l’époque ». Pari réussi : il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour faire ses preuves, donnant du panache à tout ce qu’il touchait. Sauf qu’en 1975, la guerre civile pousse Michel Harmouche à s’installer à Paris ; Serge Brunst crée alors son propre atelier, à la rue Abdel Wahab el-Inglizi. Il y est encore.

Depuis 55 ans, cet autodidacte ose, cogite puis débride sa créativité. Il a exécuté quelque 800 projets. Sous le mandat du président Charles Hélou, puis celui du président Sleiman Frangié, il réalise avec Michel Harmouche le décor du palais de Baabda. « Il a fallu 40 soldats pour accrocher le lustre en verre soufflé et fer, exécuté par nos artisans libanais », se rappelle Brunst. Évidemment, suite à la guerre et aux différents locataires qui se sont succédé, ce décor a aujourd’hui disparu. En 1980, il crée la galerie Living. Et en 1983, en collaboration avec l’architecte Pierre el-Khoury, il s’attaque à relooker le siège provisoire du Parlement installé à la villa Mansour, place du Musée.


Les quatre chats

Peu bavard au démarrage, il faut un grand effort pour réussir à le faire parler des différents projets qu’il a réalisés. C’est son assistante Névine Imad qui vient à la rescousse en partageant une longue liste imprimée, où l’on découvre qu’entre 1978 et 1986, il a fait des allers-retours entre Beyrouth et Paris, pour planter le décor de l’hôtel Balzac, de l’hôtel particulier de Vigny (construction du XVIIe siècle classée monument historique), et du restaurant Byblos Café. La liste révèle également des chantiers conçus entre 1986 et 1991, notamment dans la maison parisienne de l’antiquaire Jacques Ollier, spécialiste en tableaux du XVIIe siècle et en mobilier du XVIIIe siècle, décédé il y a quelques années, et dans un château datant du XVIIe à Toulouse. Figurent aussi des appartements situés dans des avenues parisiennes : Montaigne, Champ-Élysées, Henri Martin, ainsi que dans le sud de la France, à Saint-Jean-Cap-Ferrat et à Saint-Paul-de-Vence. Son savoir-faire et son goût sûr lui valent un grand succès. Ce talent et ce bon goût sont d’ailleurs tellement ancrés, tellement incarnés, qu’on en pourrait même parier qu’il est parfois à l’origine des collections (des autres) ! Mais n’oublions pas le Liban : la villa Andraos à Mhaidessé, la villa Kettaneh à Yarzé, la villa Debbas à Rabié, de très nombreux restaurants (Le Balthus, Mijana, Al Dente, Le Rabelais...), et la liste est très longue...

Véritable pro de l’association des matériaux, des couleurs et des styles, cet ultracréatif qui n’en reste pas moins flexible bénéficie d’une faculté d’écoute impressionnante, et qu’il considère essentielle pour réussir. Il dit ne rien jeter de ce qui existe déjà dans la maison du client, ou pas grand-chose, car certains objets ou meubles peuvent être revisités et détournés ; c’est comme s’il leur offrait une nouvelle vie... Cela dit, il est capable de s’adapter à toutes les demandes, tous les styles et toutes les modes. Et sa clientèle lui est fidèle : pour ne citer qu’elle, il a suivi durant toute sa vie Lilas Baddoura, pour laquelle « j’ai conçu sept maisons ».

Quand Serge Brunst parle, ses yeux pétillent de malice et d’intelligence. Il y met la même passion pour décrire les spaghettis à la tomate qu’il aime cuisiner, ou parler de ses quatre chats, Tahbouch, Takkouch, Titi et Tiger. Quand on lui demande s’il a couché les 16 pattes sur son testament comme l’a fait Karl Lagerfeld avec Choupette, il éclate de rire et nous rappelle qu’il a sa sœur (Nicole Toutounji) qui habite Aïn Aar, et sa nièce Nanou, mariée à André Wardé.

Et le voilà qui s’en va faire sa gymnastique suédoise. Tranquillement et élégamment.

Brunst ? À ceux qui lui demandaient d’où il venait, il répondait avec un humour pétillant : « De Baawerta » (l’équivalent libanais d’un Trifouillis-les-Oies en France, sauf que ce village existe vraiment dans le Chouf...) ! Serge Brunst est né à Alep d’une mère italo-levantine dont la famille était établie en Syrie depuis plus d’un siècle, et d’un père...

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