Rechercher
Rechercher

Liban - Justice

Affaire LBCI : les FL essuient un revers et comptent faire appel

Le jugement rendu hier par la juge pénale unique de Beyrouth blanchit le PDG de la chaîne Pierre Daher dans le procès intenté contre lui pour « abus de confiance ».

Le chef des FL Samir Geagea. Photo d’archives ANI

La juge pénale unique de Beyrouth Fatima Jouni a rendu hier son verdict dans l’affaire du procès intenté par les Forces libanaises contre le PDG de la LBCI, Pierre Daher, pour « abus de confiance » en vue de la restitution de la propriété de la chaîne. La juge a ordonné l’abandon des poursuites contre M. Daher et la LBCI dans le cadre de la plainte déposée contre eux par les FL.

Les FL avaient intenté une action en justice en 2006 contre Pierre Daher pour « abus de confiance, fraude et fuite de capitaux ». C’est surtout l’abus de confiance qui a été retenu in fine. Après des années d’interdiction, le parti a voulu récupérer la chaîne qu’il avait fondée en 1985 sous le nom de LBC. Celle-ci avait été financée jusqu’en 1992 par les FL, date à laquelle les actifs et les dettes de la LBC ont été transférés à une nouvelle société appartenant en majorité à Pierre Daher, membre du conseil d’administration, sans que le contrat de cession ne soit enregistré. M. Daher affirme que cette cession découle de la vente de la LBC (qui deviendra LBCI) à son profit par Samir Geagea. Ce dernier, et les FL, contestent cette vente et affirment que M. Daher a abusé de la confiance du chef des FL qui l’avait placé à la tête de la chaîne, pour faire main basse sur les actifs de la LBC et développer le groupe par la suite.

Dans son jugement de 111 pages, la juge unique de Beyrouth rejette l’accusation d’abus de confiance. Elle se réfère à l’époque de la création de la LBC, estimant que son financement provenait « de la milice » des FL, et que la chaîne n’a vraiment eu de présence légale qu’avec la création de la LBCI qui était en majeure partie possédée par M. Daher, « sans que la contribution financière de M. Geagea ou de la partie plaignante, les FL, ne puisse être prouvée ». Elle a considéré qu’en ce temps-là, l’argent de la « milice » ne provenait pas de partisans, mais il s’agissait de « l’argent du peuple libanais ». Selon elle, la seule contribution des FL en ce temps-là a été de fournir les équipements à la nouvelle chaîne.

La réaction de Samir Geagea ne s’est pas fait attendre, et elle a été virulente. Il a d’emblée annoncé que son parti « ferait appel de cette décision ». Dans ses tweets, il a dit « soupçonner que la juge Jouni ait des tendances politiques qui l’empêchent de considérer objectivement ce qui s’est passé au Liban durant la guerre ». « Elle prétend que nous n’avons pas le droit d’être propriétaires d’une chaîne alors que nous sommes un parti qui a 15 députés et quatre ministres », a-t-il écrit, en réponse au mot « milice » utilisé par la juge, démentant une nouvelle fois qu’il y ait eu vente de la chaîne.


(Pour mémoire : Affaire FL/LBCI : les plaidoiries enflammées des deux parties ont clôturé le procès)


Accusations réciproques de « pressions politiques »
Interrogé par L’Orient-Le Jour, Naoum Farah, avocat de Pierre Daher et de la LBCI, assure qu’il s’attendait à un tel jugement, étant donné que « le dossier de la plainte est vide, sans substance ni preuves ». Il insiste sur « les nombreuses contradictions » dans les différentes dépositions de M. Geagea et des témoins. L’une des contradictions qu’il cite est celle où le chef des FL a déclaré n’avoir été mis au courant des conditions qui ont accompagné la création de la LBCI qu’après sa sortie de prison en 2005, ce qui a été démenti par un de ses principaux témoins avant qu’il ne se rétracte lui-même.

Me Farah insiste aussi sur le fait que l’accusation d’abus de confiance ne pouvait tenir étant donné que, généralement, la restitution doit être fondée sur une demande de réclamation, ce qui n’avait pas été fait à l’époque par les FL, qui avaient préféré que les choses restent telles quelles à ce moment-là. Il précise que les actions de la LBC restent la propriété des FL, et que cela n’est pas contesté, mais que ce parti insiste à gagner la propriété de la LBCI.

De son côté, le député Eddy Abillama, du bloc des FL, rejette le jugement d’hier, notamment la question du financement. « Ce sont bien les partisans des FL qui avaient à la base financé la LBC, affirme-t-il à L’OLJ. Nous refusons l’appellation de milice, nous n’avons jamais été une milice. Une milice se développe au détriment de l’État, alors que nous avons dû défendre nos régions quand l’État s’est effondré. » Selon lui, « la juge considère que les FL n’avaient pas de statut à l’époque de la LBCI, or c’est faux puisque nous avions fondé le parti au sortir de la guerre ».

Par ailleurs, le député s’étonne que de nombreux passages dans le texte du jugement donnent, selon lui, raison aux FL. « La juge a reconnu qu’il n’y a pas eu vente, ce que nous répétons depuis longtemps, dit-il. D’autre part, la juge écrit que la chaîne n’était pas du tout en faillite à cette époque-là, comme a voulu le faire croire M. Daher, mais qu’elle engrangeait même des bénéfices. Pourquoi alors ce jugement ? »

Pour M. Abillama, il ne fait pas de doute « que ce jugement est purement politique, ils n’ont pris en compte aucun des points que nous avons soulevés ». Interrogé sur ce point, Me Farah affirme que « si quelqu’un devait exercer des pressions politiques, ce serait un parti puissant comme les FL et non Pierre Daher ». Il a confié avoir lui-même craint des pressions politiques au détriment de son client. M. Abillama objecte : « Il sont très nombreux à ne pas vouloir qu’un parti comme les FL ait son propre média. »

La prochaine étape, donc, sera l’appel interjeté par les FL contre le jugement de la juge unique pénale de Beyrouth, ainsi que le confirme M. Abillama, qui reste confiant étant donné ce qu’il considère comme les incohérences du jugement. Me Farah s’attend sans surprise « à une interjection auprès de la cour d’appel de Beyrouth, avec possibilité de cassation, ce qui devrait durer encore des années ». Mais, dit-il, « je plains ceux qui vont préparer cet appel car le verdict de la juge Jouni est très bien argumenté ». Par ailleurs, il a souligné à la LBCI que les actionnaires de la chaîne comptent porter plainte pour dommages et intérêts, estimant que cette affaire a porté atteinte à leur réputation.

Et le feuilleton continue…



Pour mémoire

Geagea nie tout accord passé avec Daher

Quelle est la réalité du conflit entre les FL et Pierre Daher ?


La juge pénale unique de Beyrouth Fatima Jouni a rendu hier son verdict dans l’affaire du procès intenté par les Forces libanaises contre le PDG de la LBCI, Pierre Daher, pour « abus de confiance » en vue de la restitution de la propriété de la chaîne. La juge a ordonné l’abandon des poursuites contre M. Daher et la LBCI dans le cadre de la plainte déposée contre eux par...

commentaires (3)

LA LBCI APPARTIENT AUX F.L. !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 20, le 01 mars 2019

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • LA LBCI APPARTIENT AUX F.L. !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 20, le 01 mars 2019

  • Selon qu’elle loi cette juge a t elle pris pour exemple afin de débiter ces ...C !!

    Bery tus

    14 h 42, le 01 mars 2019

  • curieux ce jugement qd meme ! notons ensemble que ce dossier,tellement complique traine depuis 11 ans , alors que naoum farah, avocat de pierre daher affirme fièrement que le dossier est de toutes facons Vide de toute consistance !??? Pourquoi donc a t il fallu 11 ans pour finalement la juge jouni trouve tout simplement que, a l'origine les FL n'avaient meme pas le droit d'avoir leur chaine tele ???? , que par consequent- pour simplifier les termes juridiques- ils n'ont meme pas le droit d'intenter ce proces ???? et donc La juge reconnait qu’il n’y a pas eu vente ... Reconnaissons a notre tour que la chose demande + de reflexion qd meme !

    Gaby SIOUFI

    10 h 24, le 01 mars 2019

Retour en haut