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Liban - Lettre ouverte au ministre de l’Énergie

Mènerez-vous le Liban vers une révolution des énergies renouvelables ?

En tant que militante pour l’environnement, il me fait plaisir de voir le poste de ministre de l’Énergie et de l’Eau occupé par une femme qui, depuis 2010, suit étroitement le travail du ministère, et donc se trouve bien placée pour y introduire des changements essentiels. Je m’adresse à vous en tant que citoyenne libanaise réclamant son droit à un service d’électricité propre, fiable, disponible 24 heures sur 24 et à des prix réduits. D’autant plus que la déclaration ministérielle du gouvernement réaffirme l’importance de la responsabilité que vous devez assumer. Nous souhaitons par conséquent que notre présente lettre soit un appel pour une franche révolution au sein du ministère, dans l’objectif de développer les énergies renouvelables au Liban.

Les centrales électriques, qui nécessitent une mise à jour depuis longtemps, sont alimentées par les combustibles fossiles les plus archaïques : le fuel lourd et le gazole. En fait, ces combustibles sont non seulement obsolètes et inefficaces, mais les centrales qui les utilisent sont polluantes et dangereuses. Nous dépendons toujours de combustibles polluants pour fournir un service d’électricité insuffisant et subventionné, qui fait perdre au gouvernement 1,5 milliard de dollars chaque année. Pire encore, la pénurie d’électricité, estimée à 1 GW, est comblée par des générateurs à gazole privés dispersés dans les zones résidentielles, émettant leurs émissions toxiques directement dans l’air que nous respirons.


(Lire aussi : Des ONG lancent une plate-forme arabe d’action climatique)


En novembre dernier, un rapport de Greenpeace sur la pollution de l’air en oxydes d’azote a fait la une des journaux : ce rapport mondial avait classé Jounieh en 5e place des villes arabes les plus polluées et en 23e place sur le plan mondial. L’analyse a révélé que le Liban, dans sa quasi-totalité, est exposé à des taux dangereux d’oxydes d’azote, un agent polluant provenant des combustibles fossiles, responsable en grande partie des taux élevés de mortalité prématurée (les données sur l’Europe signalent que quelque 75 000 Européens meurent chaque année à cause de ces émissions).

Heureusement, la solution à nos problèmes d’électricité et de pollution est claire. La pénurie d’électricité peut être comblée principalement par notre source d’énergie la plus généreuse : le soleil ! L’énergie solaire n’est pas polluante ni chère, fournit des opportunités d’emploi et peut être mise en place rapidement, à l’échelle micro et macro. C’est pour cela qu’elle constitue une solution parfaite !

Le secteur de l’énergie solaire au Liban est en progression constante, quoique lente, ces dernières années, ayant atteint une capacité de 35 MW, ce qui correspond à 0,35 % de la production totale d’électricité par Électricité du Liban (EDL). Ce pourcentage est clairement insuffisant. Il est temps d’initier un processus rapide et à grande échelle pour réaliser des projets d’énergie renouvelable, moderniser notre infrastructure et soutenir nos jeunes talents qui investissent dans ces énergies vertes.

L’année 2017 était une année record en ce qui concerne les énergies renouvelables à l’échelle mondiale, avec des commandes de nouveaux projets de l’ordre de 157 GW dans ce secteur – deux fois la capacité des nouveaux projets de génération de l’énergie fonctionnant aux combustibles fossiles durant la même année ! Aujourd’hui, l’énergie solaire est moins chère que par le passé : les prix ont atteint un record de moins de trois centimes de dollar américain/KWh dans le monde. Par comparaison, EDL produit son électricité en utilisant des combustibles fossiles polluants à 14 centimes/KWh et la vend à perte à 9 centimes/KWh. De plus, les études montrent que le secteur des énergies renouvelables pourrait fournir plus de 20 000 emplois d’ici à 2021 au Liban. Nous pourrons nous inspirer du cas du Maroc sur l’autre rive de la Méditerranée : le royaume « pauvre en ressources énergétiques » est en train de développer l’une des centrales solaires photovoltaïques les plus grandes du monde. Et son objectif est de produire 52 % de son énergie à travers des ressources renouvelables d’ici à 2030 !


(Pour mémoire : Le Akkar se prépare à accueillir le premier parc éolien libanais)



L’énergie renouvelable n’est plus considérée comme étant une technologie futuriste et élitiste. Elle est aujourd’hui largement généralisée et en voie de devenir la source principale d’énergie dans un avenir proche. La bonne nouvelle est que nos échecs du passé peuvent être transformés en succès retentissants. La pénurie d’électricité qui nous accable aujourd’hui pourrait nous aider à progresser vers l’ère des énergies renouvelables. Imaginons ensemble un Liban plein de centrales éoliennes et photovoltaïques, avec des toitures photovoltaïques dans chaque maison. Nous devons à tout prix réaliser ce rêve !

Mme Boustani, pouvons-nous compter sur vous pour lancer la révolution des énergies renouvelables au Liban ?

* Directrice de Greenpeace-MENA, bureau régional de Greenpeace travaillant dans tous les pays arabophones, basée à Beyrouth.

En tant que militante pour l’environnement, il me fait plaisir de voir le poste de ministre de l’Énergie et de l’Eau occupé par une femme qui, depuis 2010, suit étroitement le travail du ministère, et donc se trouve bien placée pour y introduire des changements essentiels. Je m’adresse à vous en tant que citoyenne libanaise réclamant son droit à un service d’électricité...

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