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Liban - Affaire Ramzi Irani

Virulente polémique entre Sethrida Geagea et Jamil Sayyed

La députée de Bécharré entend porter plainte contre l’ancien directeur général de la Sûreté générale.

Sethrida Geagea. Photo ANI

C’est une virulente polémique qui oppose l’ancien directeur de la Sûreté générale, le député prosyrien Jamil Sayyed, aux Forces libanaises, depuis jeudi. Tout a commencé lorsque M. Sayyed a implicitement critiqué, via Twitter, l’opposition de May Chidiac, ministre d’État pour le Développement administratif (FL), au point de la déclaration ministérielle articulé autour du « droit des Libanais » à la résistance. Membre de la commission ministérielle chargée de la rédaction du texte, Mme Chidiac a demandé d’ajouter une phrase limitant ce droit « aux institutions de l’État ». Une demande non satisfaite par le cabinet.

C’est donc sous prétexte de la solidarité ministérielle que l’ex-directeur de la Sûreté générale s’en est pris, implicitement, à la nouvelle ministre. « La solidarité ministérielle signifie que le ministre n’a le droit de formuler ses réserves qu’à l’intérieur du gouvernement. Et il n’a pas le droit de critiquer la décision de la majorité en dehors du cabinet », a-t-il écrit. M. Sayyed a même été jusqu’à poster deux photos de Mme Chidiac prenant part à un déjeuner qu’il avait tenu à Ablah (Zahlé) en l’honneur d’Andrée Lahoud, l’épouse de l’ancien président Émile Lahoud qui entretenait des liens étroits avec le régime syrien. Mme Chidiac a riposé, également sur Twitter, en indiquant qu’elle se trouvait à ce déjeuner en sa qualité de journaliste. « Voulez-vous que je vous en dise plus sur les partisans FL ? » a toutefois ajouté M. Sayyed. Une réplique qui a provoqué l’ire des partisans de Samir Geagea. Certains lui ont ainsi posé la question de savoir qui a assassiné Ramzi Irani, en mai 2002. « Demandez à (la députée) Sethrida Geagea et aux gens de la région du Christ-Roi (résidence de Mme Geagea lors de la détention du leader des FL). Ils ont sûrement tous les détails », a répliqué Jamil Sayyed.

Pour rappel, Ramzi Irani était responsable du département de l’Université libanaise au sein des FL. Il a été enlevé le 7 mai 2002 en plein jour à Beyrouth. Deux semaines plus tard, soit le 21 mai 2002, son cadavre a été retrouvé dans le secteur dit Caracas, non loin de Raouché. Un meurtre survenu dans le sillage des événements des 7 et 9 août 2001, et dont les FL ont accusé l’appareil sécuritaire libano-syrien, sachant que Jamil Sayyed était à l’époque directeur général de la Sûreté générale.

Pour en revenir à la polémique, Sethrida Geagea a réagi à ces accusations, s’en prenant violemment au député. Dans un communiqué publié hier, la députée de Bécharré a même annoncé vouloir porter plainte contre M. Sayyed.

« Je regrette que Jamil Sayyed soit dénué de toute morale », a dit Sethrida Geagea. Elle a affirmé que l’ancien directeur de la Sûreté générale et figure proche du régime du président Bachar el-Assad a répondu « avec insolence à la question d’un journaliste au sujet de l’affaire Ramzi Irani ». « Jamil Sayyed était à l’époque le directeur de la Sûreté générale, et en réalité le directeur de toute la sécurité du Liban. (...) N’aurait-il pas pu savoir qui se cache derrière l’assassinat de Ramzi Irani et le présenter à la justice ? » s’est interrogée la députée FL. « Moi, j’étais dans la région du Christ-Roi sous résidence surveillée et poursuivie jour et nuit », affirme-t-elle. La députée a affirmé que Jamil Sayyed « sait qui a commis le crime et cherche à déformer la réalité à travers ses mensonges auxquels nous sommes habitués ». « Je demande au parquet général de considérer mes propos comme une note d’information, sachant que l’enquête dans l’affaire Ramzi Irani est toujours ouverte (...) », a fait savoir Sethrida Geagea. « Je compte également porter plainte contre Jamil Sayyed pour diffamation criminelle contre ma personne », a ajouté la députée.


La souveraineté

La réponse de Jamil Sayyed n’a pas tardé. « Les membres des Forces libanaises profitent de chaque occasion pour nous accuser, à la Sûreté générale, du meurtre de Ramzi Irani ! Nous vous avons donc répondu en vous demandant de vous adresser à Sethrida Geagea ou au groupe de la région du Christ-Roi, car ils connaissent sûrement tous les détails », a-t-il lancé. « Cette réponse l’a fait sortir de ses gonds, et elle s’est lancée dans une plaidoirie de défense pleine d’insultes immorales. Nous lui disons simplement : Dieu a dit qu’il faut rester discret. N’accusez pas les autres, sinon vous serez accusés », a-t-il conclu. Bien au-delà de l’affaire Irani, c’est surtout par son timing que cette polémique revêt son importance dans la mesure où elle intervient à l’heure où certains protagonistes gravitant dans l’orbite syro-iranienne exercent un forcing dans le sens de la normalisation des rapports avec Damas. Certains milieux souverainistes craignent donc « le réveil des démons de l’ère de la tutelle syrienne ». Mais Fady Saad, député FL de Batroun, est catégorique : « Nous continuerons de faire face au régime Assad et ne lui permettrons pas de revenir au Liban », assure-t-il à L’Orient-Le Jour, dénonçant le fait que « certaines parties qui ont longtemps lutté contre l’hégémonie syrienne plaident aujourd’hui pour la normalisation avec Damas ».


Pour mémoire

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C’est une virulente polémique qui oppose l’ancien directeur de la Sûreté générale, le député prosyrien Jamil Sayyed, aux Forces libanaises, depuis jeudi. Tout a commencé lorsque M. Sayyed a implicitement critiqué, via Twitter, l’opposition de May Chidiac, ministre d’État pour le Développement administratif (FL), au point de la déclaration ministérielle articulé autour du...

commentaires (9)

On en aura l'occasion de choisir son camp lors d'une éventuelle confrontation au tribunal, entre ""diffamation criminelle"", et ""insultes immorales""...

L'ARCHIPEL LIBANAIS

15 h 04, le 09 février 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • On en aura l'occasion de choisir son camp lors d'une éventuelle confrontation au tribunal, entre ""diffamation criminelle"", et ""insultes immorales""...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    15 h 04, le 09 février 2019

  • La taille de la photo en dit plus long sur le fond de la polémique. Mais le fin fond du ""problème"" remonte plus loin, et qu'on ne vienne pas nous dire qu'il faut tourner les pages de la guerre !....

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 58, le 09 février 2019

  • ...""a fait savoir Sethrida Geagea. « Je compte également porter plainte contre Jamil Sayyed pour diffamation criminelle contre ma personne », a ajouté la députée."" Quel chemin parcouru pour avoir finalement confiance en la justice, pour ""diffamation criminelle"". Que du progrès!

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 52, le 09 février 2019

  • TIENS, LE SAYYED A DES TENDANCES DEMOCRATIQUES QUAND IL S,AGIT DES AUTRES ET DES ENGAGEMENTS DESPOTIQUES LORSQU,IL S,AGIT DE SES SEIDES...

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    14 h 14, le 09 février 2019

  • Publier cette photo sans la dater ou la contextualiser ramène MME Geagea au statut de jolie et jeune poupée. Or MME Geagea est une femme politique de premier plan qui défend courageusement la ligne de son parti, qu'on soit d'accord ou pas avec ses prises de position. Ce jeunisme ne lui rend pas justice et ne sert pas la cause des femmes car il les cantonne encore et toujours à un physique avantageux qui serait donc leur seul atout.

    Marionet

    11 h 56, le 09 février 2019

  • j'aurais juste remercie jamil , sans jamais entrer dans son jeu. le dedain est ce qui fait le plus mal a l'etre humain-surtout celui a l'Ego surdimensionné !

    Gaby SIOUFI

    11 h 50, le 09 février 2019

  • Wowwww le size de cette photo ?...... On en oublie le contenu de la dispute . On fait quoi là ? De la promo pour un magazine bien précis ?

    FRIK-A-FRAK

    09 h 49, le 09 février 2019

  • Au-delà de la polémique, qui ne manque pas d'intérêt, je m'étonne de la photo publiée pour illustrer l'article: Mme Geagea est née en 1967 selon Wikipédia...

    Marionet

    09 h 13, le 09 février 2019

  • Des blessures qui ressurgissent... Dans cette polémique une chose me chagrine : Comment un ex-responsable de la sûreté générale peut-il devenir un député ou homme politique ? Le devoir de réserve a-t-il encore un sens ? Le secret d'état existe-t-il vraiment au Liban ?

    Sarkis Serge Tateossian

    03 h 43, le 09 février 2019

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