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Moyen Orient et Monde - Défense

La « guerre des étoiles » relancée par Trump ?

Avoir la supériorité militaire dans l’espace est l’une des grandes ambitions du président américain.

Le président des États-Unis, Donald Trump, s’exprimant lors de l’annonce de la « Revue de la défense antimissile » au Pentagone à Washington, le 17 janvier 2019. Mandel Ngan/AFP

Défendre les États-Unis et ses alliés « depuis l’espace », voilà le nouvel objectif de Donald Trump. Le président américain a présenté hier au Pentagone la nouvelle stratégie de défense antimissile de son pays, la « Missile Defense Review », dont l’un des objectifs est de développer un système antimissile qui intercepterait des missiles dès le début de leur lancement, où qu’ils soient sur la planète, à travers une constellation de capteurs installés dans l’espace.

« Je pense que l’espace est la clé de la prochaine étape de la défense antimissile », a déclaré à la presse un membre de son administration ayant requis l’anonymat, avant la publication du document distribué à la presse. « Nous cherchons à mettre au point des capteurs basés dans l’espace pour nous aider à obtenir une alerte précoce, un suivi et une identification des missiles lors de leur lancement », a-t-il ajouté. Ce projet, attendu depuis plus d’un an, est la première mise à jour officielle de la doctrine américaine de défense antimissile en neuf ans et la plus importante évolution dans ce domaine depuis le projet IDS (Initiative Defense System) plus connu sous le nom de « guerre des étoiles », initié et développé du temps de l’administration du président Ronald Reagan, à l’époque de la guerre froide. Il visait à protéger les États-Unis contre une frappe nucléaire stratégique, des missiles balistiques intercontinentaux et des missiles balistiques lancés par des sous-marins, tout cela à l’aide d’un « bouclier spatial ». Il fut néanmoins stoppé, jugé irréalisable malgré les fonds investis et l’ambition de l’administration Reagan (1981-1989), à la fin de la guerre froide.


(Lire aussi : La Chine, rivale céleste des États-Unis)


Surenchère ?

La sophistication du système de défense américain est avant tout destinée à répondre aux menaces que représentent les nouveaux armements russes et chinois, notamment les nouveaux missiles hypersoniques pouvant se déplacer à une vitesse de 5 000 km/h, mais aussi face au danger que représentent, en tous les cas pour Washington, les engins balistiques iraniens et intercontinentaux nord-coréens. Ces quatre pays sont, par ailleurs, la cible d’un autre projet, dévoilé par l’administration Trump au début de l’année 2018, qui prévoit de se procurer de nouvelles armes nucléaires de faible intensité pour renforcer ses capacités de dissuasion. « La réponse de l’administration Trump (au réarmement russe et chinois) est d’appeler à de nouveaux investissements urgents dans les technologies de défense antimissile, dont beaucoup ont été poursuivis par le Pentagone pendant la guerre froide, mais abandonnés après l’effondrement de l’Union soviétique », écrit le Washington Post dans un article publié hier, ajoutant que « dans les années 1990 et 2000, le Pentagone s’est concentré sur la construction d’intercepteurs pour abattre les missiles “d’États voyous”. Maintenant, il élargit encore ses ambitions, à la fois en termes de technologie et de mission. Il n’est pas clair si l’administration obtiendra suffisamment d’argent pour faire face à de telles ambitions dans la défense antimissile ». Surenchère de Donald Trump ? C’est une possibilité. Ces derniers mois, l’Occident et le bloc russo-chinois se livrent à d’importantes démonstrations de force. Les deux camps ayant effectué les plus importants exercices militaires de leur histoire depuis la guerre froide. Une confrontation qui s’étend jusqu’au domaine du nucléaire avec la volonté des Américains de retrait d’un accord de non-prolifération des armes nucléaires signé en 1987 avec la Russie. Mais le président américain en veut plus et veut faire de l’espace la véritable priorité de son armée.



La « space force » américaine

Donald Trump avait déjà fait la promotion en août dernier de son projet d’une armée américaine « de l’espace », la « sixième branche » de l’armée. L’augmentation du budget dédié à la Défense pour cette année (716 milliards de dollars) entre dans ce schéma. « L’espace est devenu un terrain de combat et la simple présence américaine dans l’espace ne suffit pas, il faut une domination américaine dans l’espace », affirmait alors le président américain, assurant notamment vouloir devancer Pékin dans ce domaine. « Trump veut montrer que sa présidence accorde une importance particulière aux problématiques des tensions dans l’espace et qu’il compte se doter de moyens pour le faire », explique à L’Orient-Le Jour Xavier Pasco, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste des affaires stratégiques américaines civiles et spatiales. « Avec le retour des grands programmes d’armements stratégiques, notamment russes, on est aujourd’hui dans une logique de confrontation des stratégies. Le but de Washington est de montrer qu’il a un savoir-faire impliquant une possibilité de se protéger contre les évolutions technologiques adverses », ajoute-t-il.

La réalisation et l’efficacité d’un tel programme, malgré l’investissement très important qui y est mis, restent néanmoins sujettes à un certain scepticisme de la part des spécialistes. « Aujourd’hui, le programme se décloisonne un peu et utilise toutes les dernières innovations technologiques basées par exemple sur l’intelligence artificielle, la mise en réseau des capteurs et de l’atomisation des machines (…) Mais face aux grands adversaires, les progrès ne sont pas tels que ça résout la question d’une attaque à taille réelle. L’efficacité réelle opérationnelle reste, comme pour le système IDS, la grande question », poursuit le spécialiste. Car si des progrès ont été faits ces dernières années en termes de défense antimissile, les capacités d’attaque ont, elles aussi, été grandement renforcées. La question du rapport de force entre l’attaque et la défense est toujours sur la table. « On a ainsi le même affrontement de compétences aujourd’hui qu’il y a vingt ou trente ans », conclut M. Pasco.

Le Pentagone encouragera également, selon le Washington Post, ses partenaires européens et de l’OTAN en général à moderniser leurs armements pour qu’ils puissent fonctionner de façon complémentaire avec ceux des Américains. Le projet de Donald Trump doit enfin être approuvé par le Congrès, où le thème de la défense antimissile acquiert de plus en plus de succès en raison du contexte international. Le chef de la Maison-Blanche pourrait ainsi effacer l’échec de l’administration Reagan.


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commentaires (5)

Du fait que l'amérique ne gagne plus de guerres au sol/terre , il a raison ce clown d'aller chercher des victoires dans l'espace . lol. Seulement ce pauvre bougre ignore qu'il rencontrera d'autres dans l'espace , l'amérique est tombée de son piédestal.

FRIK-A-FRAK

14 h 29, le 18 janvier 2019

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Commentaires (5)

  • Du fait que l'amérique ne gagne plus de guerres au sol/terre , il a raison ce clown d'aller chercher des victoires dans l'espace . lol. Seulement ce pauvre bougre ignore qu'il rencontrera d'autres dans l'espace , l'amérique est tombée de son piédestal.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 29, le 18 janvier 2019

  • La course à l’armement durant la guerre froide a fait disparaître le maillon économiquement faible de l’époque l’URSS. L’histoire est de retour mais les puissances militaires sont actuellement plus technologiques et moins économique. L’armée américaine ont des dépenses exagéré ; les pilotes américains boivent leur café en vol dans des gobelets high-tech au prix exorbitant de 1200 dollars pièce.

    DAMMOUS Hanna

    13 h 52, le 18 janvier 2019

  • Depuis les années 60 on entend le même refrain... Que d'argent perdu dans le "vide" ou l'espace si vous préférez. Ces milliers de milliards jetés par la fenêtre auraient pu servir dans la recherche medicale, la paix, la fin de la famine dans le monde etc.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 18, le 18 janvier 2019

  • Avec un budget défense de 700+ milliards tout est possible ...

    Remy Martin

    10 h 55, le 18 janvier 2019

  • ET LA RUSSIE SUIVRA ET CETTE PROTECTION SPATIALE SERAIT PARASITEE ET NULLE POUR LES DEUX...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 35, le 18 janvier 2019

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