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A Belgrade, Poutine plaide pour des Balkans stables

Le président russe a reçu sans surprise un accueil triomphal en Serbie, où son visage orne T-shirt, mugs et murs des villes. Pour célébrer son arrivée, trois Mig-29 serbes ont escorté son avion, les cloches d'églises ont sonné, les canons de cérémonie ont tonné.

Marche de bienvenue au président russe Vladimir Poutine de dizaines de milliers de Serbes drapeaux au vent, le 17 janvier 2019, à Belgrade. REUTERS/Kevin Coombs

Vladimir Poutine a plaidé jeudi pour la stabilité des Balkans, selon lui menacée par les Occidentaux, à l'occasion d'une visite triomphale en Serbie, son principal allié dans la région.

Évoquant le Kosovo, il a expliqué que pour "aboutir à une stabilité dans la région", il fallait "trouver des compromis" et "savoir les respecter".
Sur cette question toujours sensible vingt ans après la fin de la guerre entre forces serbes et rebelles indépendantistes kosovars albanais (1998-99, plus de 13.000 morts), Moscou est le principal soutien de Belgrade qui ne reconnaît pas l'indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province méridionale. Le veto russe ferme au Kosovo la porte de l'ONU.

Le président serbe Aleksandar Vucic a dit son intention de trouver un accord final de normalisation des relations avec Pristina. "En raison de son poids au Conseil de sécurité de l'ONU, il est clair qu'il n'y aura pas de solution sans la Russie", a prévenu Aleksandar Vucic jeudi, alors que les pourparlers sous égide de l'Union européenne sont au point mort depuis des mois.

"La Russie comme la Serbie a intérêt à ce que la situation dans les Balkans reste stable et pas dangereuse", a insisté Vladimir Poutine qui, dans la presse serbe la veille, avait reproché aux Occidentaux de menacer cette stabilité, en voulant imposer leur domination. 



(Pour mémoire : Un accord entre la Serbie et le Kosovo "à portée de main", selon Trump)



Des mugs, des migs et un chiot 
Vladimir Poutine a reçu sans surprise un accueil triomphal en Serbie, où son visage orne T-shirt, mugs et murs des villes. Pour célébrer son arrivée, trois Mig-29 serbes ont escorté son avion, les cloches d'églises ont sonné, les canons de cérémonie ont tonné. Aleksandar Vucic lui a offert un jeune chien de berger.

Des dizaines de milliers de Serbes ont défilé drapeaux au vent en l'honneur du "cher président Poutine", leur "cher ami", comme écrit sur des panneaux géants. Cet impressionnant défilé devait les conduire en fin de journée jusqu'à l'église Saint-Sava, l'un des plus grands lieux de culte orthodoxe du monde, dont la rénovation a été en partie financée par le géant gazier Gazprom. Ils devaient y acclamer Vladimir Poutine.

Au-delà du lien historique, religieux et culturel avec leur "grand frère slave orthodoxe", les Serbes sont reconnaissants de son soutien sur le Kosovo. Bien que candidat à l'Union européenne, la Serbie refuse de s'associer aux sanctions occidentales contre Moscou imposées après l'annexion de la Crimée. 



(Pour mémoire : L'armée serbe se renforce, se félicite le président Vucic)


"L'UE se décompose" 
Vladimir Poutine est "le salut de la Serbie. L'Union européenne se décompose, quand nous y serons elle n'existera plus", commente devant l'église Saint-Sava Mitar Pekic, 66 ans, un général à la retraite.
Jelena Bogicevic, une retraitée "un peu plus âgée que Poutine", est venue "le prier pour qu'il nous aide à sauver le Kosovo".

La chaleur de l'accueil n'occulte pas les revers récents de la Russie dans les Balkans.  Moscou n'a pu empêcher le Monténégro de rejoindre l'OTAN en 2017, un chemin qu'emprunte actuellement la Macédoine. En cas de succès de Skopje, tous les pays frontaliers de la Serbie seront dans la sphère de l'OTAN, à l'exception de la Bosnie. 

Lors d'un aparté, le représentant serbe au sein de la présidence collégiale bosnienne, Milorad Dodik, a assuré Vladimir Poutine qu'il continuerait à s'opposer à tout rapprochement de son pays avec l'OTAN.

(Lire aussi : Washington dénonce le "rôle destructeur" de la Russie dans les Balkans)



Le gaz, secteur clé 
La relation russo-serbe "est plus émotionnelle que rationnelle", relève à Belgrade l'analyste économique serbe Biljana Stepanovic.

Selon une étude de décembre 2017 du gouvernement serbe, un quart des habitants (24%) désignent la Russie comme principal donateur à leur pays, une proportion identique affirmant que c'est l'UE.  Or, 75% des dons viennent de l'Union ou de pays membres, quand la Russie ne figure même pas dans les neuf premiers du classement. De même, plus de 70% des investissements étrangers entre 2010 et 2017 sont venus de l'UE, contre quelque 10% de Russie, selon les statistiques de la Banque nationale serbe.

"La Russie est l'un des plus grands investisseurs dans l'économie serbe, peut-être même le plus grand investisseur", a toutefois dit Vladimir Poutine, rappelant que "l'énergie était le domaine-clé de la coopération" entre les deux pays. 
La Serbie importe de Russie les deux tiers de son gaz naturel et de son pétrole brut. "D'ici 2022", Gazprom "envisage d'augmenter les livraisons du gaz russe à la Serbie à 3,5 milliards de mètres cubes", a souligné Vladimir Poutine, ajoutant que son pays était prêt à investir 1,4 milliard de dollars "pour rallonger le gazoduc Turkish Stream (ndlr : qui doit relier la Russie à la Turquie via la mer Noire) vers les pays européens".


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Retour sur les crises entre Russie et Occident depuis la fin de la Guerre froide

Vladimir Poutine a plaidé jeudi pour la stabilité des Balkans, selon lui menacée par les Occidentaux, à l'occasion d'une visite triomphale en Serbie, son principal allié dans la région.
Évoquant le Kosovo, il a expliqué que pour "aboutir à une stabilité dans la région", il fallait "trouver des compromis" et "savoir les respecter".Sur cette question toujours sensible vingt ans après...