Iran : le Parlement va enquêter sur des allégations de torture d'un leader gréviste

Le Parlement iranien va enquêter sur les allégations d'un leader gréviste ayant affirmé avoir été torturé lors de sa détention à la suite d'un mouvement de protestation dans une sucrerie, a rapporté dimanche l'agence Isna.

Esmail Bakhshi est l'un des chefs de file d'un mouvement de grève fin 2018, en protestation contre des arriérés de salaires et des activités criminelles présumées de la part des nouveaux propriétaires d'une sucrerie à Suse (à plus de 500 km au sud de Téhéran).

M. Bakhshi a affirmé vendredi sur son compte Instagram avoir été torturé pendant 25 jours lors de sa détention dans la province du Khouzestan (sud-ouest) fin 2018 et réclamé une enquête, des déclarations relayées dimanche par le quotidien réformateur Etemad.

Sa demande a été acceptée par le président du Parlement, Ali Larijani, a affirmé Alireza Rahimi, un membre du Bureau du Parlement, qui en supervise le fonctionnement.

Dans une tribune publiée dimanche dans Etemad, Ali Motahari, un député connu pour son franc-parler, a réclamé des réponses de la part du ministère des Renseignements.

Mahmoud Alavi, à la tête de ce ministère, participera à l'audience de la commission parlementaire qui sera en charge de l'enquête, selon des propos de M. Rahimi rapportés par Isna.

Le gouverneur du Khouzestan a de son côté rejeté les affirmations de M. Bakhshi, déclarant samedi au site d'actualités Jamaran avoir "vérifié avec les autorités compétentes" et que les allégations de torture avaient été "fermement réfutées".

La grève dans la sucrerie de Haft Tapeh, qui compte environ 4.000 salariés, a duré plusieurs semaines avant de se terminer en décembre lors du paiement des salaires.

De nombreux mouvements de grève ou de protestation contre les conditions de travail ont été observés en 2018 en Iran, notamment dans les secteurs de la sidérurgie, de l'éducation, des mines et des transports, essentiellement en dehors de Téhéran.

Le chef de l'Autorité judiciaire iranienne avait mis en garde en novembre les employés mécontents de leur situation contre la tentation de "créer du désordre dans le pays", tout en appelant le gouvernement à se pencher sur leurs problèmes.