Bosnie: manifestations de soutien à deux pères qui réclament justice

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dimanche en Bosnie pour soutenir deux pères, un Bosniaque musulman et l'autre Serbe, qui réclament que justice soit faite pour les "meurtres" de leurs fils.

Les manifestants ont défilé simultanément à Sarajevo et à Banja Luka (nord).

A Sarajevo, la capitale bosnienne, une ville majoritairement bosniaque musulmane, Muriz Memic a organisé depuis 2016 une quinzaine de manifestations pour réclamer justice pour son fils Dzenan mort en février 2016, à 21 ans, officiellement dans un accident de la route.

Un autre père, Davor Dragicevic, rassemble au quotidien, depuis neuf mois, des centaines, et parfois des milliers de personnes, à Banja Luka, capitale de la Republika Srpska, l'entité des Serbes de Bosnie. Il demande lui aussi justice pour son fils David, tué en mars, à 21 ans, dont le meurtre reste un mystère.

Les deux pères dénoncent la corruption de la justice et accusent des responsables politiques de protéger les meurtriers.

"Ce dossier est clair, on sait tout. Dzenan a été tué, on sait comment et qui l'a tué. C'est justice que je veux!", a lancé à Sarajevo Muriz Memic, avant le défilé.

Les manifestants ont ensuite marché dans le centre-ville, derrière une bannière frappée des portraits de Dzenan Memic et de David Dragicevic et d'un message: "Justice!".

Dans une Bosnie très divisée selon les lignes communautaires depuis la guerre des années 1990 (100.000 morts), ces deux drames ont rapproché les deux pères et les gens qui les soutiennent.

"C'est la peine qui nous a unis, Davor et moi. Ils ont tué nos enfants (...) La justice en Bosnie est corrompue", a dit Muriz Memic aux manifestants.

A Banja Luka, des milliers de personnes se sont rassemblées dans le centre-ville pour entendre le père de David, qui s'en est violemment pris au chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, depuis octobre membre serbe de la présidence tripartie de Bosnie.

"Milorad Dodik et Dragan Lukac (ministre de l'Intérieur de la Republika Srpska, ndlr), les plus grands criminels de ce peuple", a lancé Davor Dragicevic.

Dragicevic tient la police pour responsable de la mort de son fils, un étudiant en informatique dont le cadavre a été retrouvé dans un ruisseau à Banja Luka. Il réclame la démission de Dragan Lukac.

Il avait été arrêté en début de semaine, pendant vingt-quatre heures, accusé par le parquet de "menace à la sécurité" du ministre de l'Intérieur qu'il évoque régulièrement dans ses discours.

Milorad Dodik a dénoncé dimanche des "motivations politiques" de son mouvement, qui est, de fait, soutenu par l'opposition.