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Culture - En librairie

Écrire comme on jetterait une bouteille à la mer...

« Chahiyyan Kafiraq » est le dernier roman d’Ahlam Mosteghanemi, souveraine de la vente des livres dans le monde arabe. Une nouvelle onde de choc qui fascine les lecteurs.


Ahlam Mosteghanemi, diva du livre arabe.

Un art incroyable pour les succès en librairie ou un engouement inexplicable du public ? Dans les annales des ventes du livre dans le monde arabe, le verdict est clair : il y a elle, et puis les autres… Ses livres se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires et les autres, tout best sellers qu’ils soient, atteignent à peine quelques milliers… Même avec son plus récent opus, Chahiyyan Kafiraq (Allègre séparation, 251 pages, Antoine Hachette) on peut déjà dire que la Mosteghanemi, diva du livre arabe, a frappé un grand coup, et ce firaq, cette séparation pour se lester des contraintes de l’amour, a tout de l’allégresse, puisque les chiffres de vente grimpent comme du mercure…

Rebellions

À 65 ans, algérienne d’origine, Ahlam Mosteghanemi a vécu entre Paris (elle est sorbonnarde avec une thèse sous la férule de Jacques Berque) et Beyrouth (elle a épousé le journaliste libanais Georges el-Rassi), avant de signer cinq romans au succès fracassant. De Mémoires de la chair au Noir te va si bien (qui a fait couler beaucoup d’encre en 2012) en passant par Le chaos des sens, une pluie de récompenses (prix Naguib Mahfouz, médaille du président Bouteflika, artiste de l’Unesco pour la paix), mais aussi la plus haute estime du magazine Forbes qui la classe parmi les femmes les plus influentes, de Nizar Kabbani, Mustapha Akkad, Youssef Chahine et Ben Bella, qui la qualifie de « soleil algérien qui illumine le monde arabe… »

Aujourd’hui, celle qui en usant la langue arabe de sa plume inspirée a retrouvé toute sa liberté est confrontée au monde digital, à Facebook, à Twitter. Et elle s’en plaint : bien sûr, la littérature n’est plus ce qu’elle était, et écrire n’a plus la saveur et l’impact d’autrefois. Mais quoi qu’on dise ou qu’on fasse, l’écriture, bouteille à la mer, demeure une vocation irréductible, une passion indomptable, inévitable pour certains… Et Ahlam Mosteghanemi s’est toujours emparée avec talent des courants de pensée qui font tilt et les a recrachés dans les interlignes de ses pages. Elle s’est rebellée, en recueil de poésie, contre les interdits des femmes et le sexisme, mais, vite, elle a élargi ses batailles pour une écriture défendant un farouche nationalisme où les jeunes générations arabes sont déçues d’une guerre qui n’a rien apporté de tangible. Et les jeunes l’ont portée aux nues.

Comme pour se libérer des ombres du passé et emboîter le pas à l’actualité, l’auteure de L’art d’oublier (préceptes pour aider les femmes à surmonter les ruptures), sans faire table rase, revisite sa mémoire, ses techniques littéraires, ses sentiments, ses relations, ses amours. Une sorte de check-up de tout ce qu’elle a accompli et confronté.

En mal d’arabité

« Oui, Chahiyyan Kafiraq est un livre d’amour, dit-elle, mais pas tout à fait. Disons qu’il y a là quelque chose de l’amour… » Elle s’adresse dans ces pages à la raison, mais sans un nationalisme délirant. « Je n’ai pas encore guéri de mon arabité… », confie-t-elle.

Pour se situer, se positionner et clarifier son champ d’action, elle se confronte à ses lecteurs, aux illusions de l’amour, aux héros qui ont hanté ses romans précédents, ses relations orageuses et passionnées à travers ses personnages fictifs, peut-être alter go de la réalité et qui se nomment dans ses romans Ali Khaled ben Toubal et Talal, l’homme d’affaires libanais. Sans beaucoup d’états d’âme, elle affirme qu’un amour chasse toujours un autre, de même qu’écrire nettoie le passé et diagnostique tout mal ou ennui de vivre.

Devant ce monde virtuel de plus en plus envahissant, ces embouteillages et ce chaos sur les réseaux sociaux, l’écrivaine voudrait rompre les ponts, pour mieux tout intérioriser et rejoindre un univers plus humain, plus riche dans sa solitude, moins hystérisé dans des vitesses qui s’emballent. En définitive on revient à cette mythique histoire d’Adam et d’Ève où la femme cherche sa moitié. Et de citer cette phrase qui chapeaute l’ouvrage : « Je n’ai voulu du monde entier que toi. Et aujourd’hui je dis : à toi le monde entier, sauf moi ! »... Amères et acrimonieuses paroles en ce siècle individualiste et robotisé quand se perd la foi en l’altérité et l’amour…


Pour mémoire

Ces auteures arabes aux plumes triomphantes....

Un art incroyable pour les succès en librairie ou un engouement inexplicable du public ? Dans les annales des ventes du livre dans le monde arabe, le verdict est clair : il y a elle, et puis les autres… Ses livres se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires et les autres, tout best sellers qu’ils soient, atteignent à peine quelques milliers… Même avec son plus récent...

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