Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

Des couleurs pour réchauffer l’hiver

Une double exposition rassemblant les toiles des artistes contemporains Patrice Besso et Yvan Genest se tient à la galerie Cheriff Tabet jusqu’au 10 janvier 2019. Retour sur ces œuvres réunies sous le titre « La magie des couleurs ».

Une œuvre de l’artiste franco-brésilien Patrice Besso.

« Patrice Besso et Yvan Genest sont deux peintres que j’ai rencontrés un peu par hasard et dont j’ai tout simplement aimé le travail », annonce d’emblée Cheriff Tabet, pour expliquer l’accrochage dans sa galerie éponyme. Yvan Genest est canadien et c’est lors d’un voyage à Montréal, sa ville natale, que le galeriste libanais découvre cet artiste de renommée internationale qui aura produit plus de 7 000 œuvres ces 40 dernières années. Quant à Patrice Besso, c’est en se promenant dans les rues de Saint-Jean-de-Luz, un village du sud de la France célèbre pour avoir inspiré nombre d’artistes, que M. Tabet croise le Franco-Brésilien en pleine production. Une rencontre fortuite sur les pavés qui conduit à un coup de cœur, puis à une collaboration professionnelle à plus long terme. « Je pense lui consacrer, plus tard, une exposition solo », révèle le galeriste.

Le plaisir avant tout

À peine le seuil de la galerie franchi, le visiteur comprend ce qui a pu charmer le collectionneur. Des pans entiers de l’enfance refont subitement surface : du jaune, du rouge, de l’orange, du bleu, des enfants qui dansent, des grosses têtes à droite, à gauche, à l’envers, des écritures à la main, des traits hasardeux, des gribouillis, des tranches de livres pleines de messages d’amour… Ce sont les dessins naïfs de Patrice Besso. D’une remarquable densité, ses tableaux sont l’allégorie même de l’innocence dans ce qu’elle peut avoir de plus festif. Festif, certes, mais aussi d’une grande maîtrise : l’artiste, dans le rejet des perspectives, dans la cohérence des ambiances tonales, dans sa liberté créatrice, rappelle le Douanier Rousseau et certaines formes de Pablo Picasso, voire certains mots de Guillaume Apollinaire. « Il faudra bien arriver », peut-on lire parmi les nombreuses inscriptions comme gravées dans une des peintures de la série « Bibliothèque ». Et l’on se souvient des messages à la fois simplets et profonds qu’on a pu lire dans certains Calligrammes (1918) du poète soldat français. En détaillant l’œuvre de Besso, M. Tabet précise : « Ses toiles m’ont vraiment touché, j’y ai trouvé beaucoup d’émotions. J’ai ressenti immédiatement une joie de vivre, un plaisir intense. Derrière l’aspect naïf, il y a un message profond et beau dans chaque tableau. »

Cheriff Tabet a ainsi perçu dans cette peinture hédoniste un paradoxe riche à exploiter en cette saison hivernale : « J’ai voulu cette exposition pour le mois de décembre car cette peinture est justement très estivale. C’est une exposition pleine de couleurs et de chaleur, et je crois que c’est ce qui manque en ce moment dans le pays », souligne-t-il.

Face à cette énergie solaire qui émane des toiles de Besso, se trouvent, de l’autre côté de la galerie, les peintures d’Yvan Genest. Véritable contrepoids à l’éblouissement des couleurs très chaudes de l’artiste franco-brésilien, les œuvres de Genest plongent le visiteur dans une atmosphère un peu plus sombre, plus sobre, mais aussi plus élégante. Le passage à cette peinture n’est pas pour autant violent ni abrupt, car l’on retrouve cette spontanéité de couleurs très variées et aussi quelque chose d’un tantinet naïf chez le peintre montréalais. Opérant un travail hybride entre l’abstrait et le figuratif, il parvient à plonger le regard dans une rêverie par le jeu des lignes et le caractère mystérieux de certaines représentations. Il revisite aussi les natures mortes d’une manière très moderne, jouant sur la déconstruction et le brouillage des formes. Les gammes chromatiques sont belles, et la série présentée est visuellement parfaitement cohérente : « C’est une période que j’ai beaucoup aimée chez Yvan Genest, les années 95-98. Il y a du travail sur bois et sur papier. C’est l’esthétique pure qui m’a plu, le traitement des couleurs, du dessin. Et puis il y a aussi un peu d’humour : sur plusieurs toiles, l’artiste a signé en haut et en bas, indiquant que sa toile peut être accrochée dans un sens comme dans l’autre », raconte le galeriste, qui ne doute pas du succès de l’exposition. Preuve en est que « samedi, lors de l’accrochage, il y a déjà eu des ventes. C’est la première fois que ça arrive » !

Galerie Cheriff Tabet

Jusqu’au 10 janvier 2019

Immeuble D Beirut, secteur Quarantaine, rue Shell côté mer.Tél. : +961/1253664.

« Patrice Besso et Yvan Genest sont deux peintres que j’ai rencontrés un peu par hasard et dont j’ai tout simplement aimé le travail », annonce d’emblée Cheriff Tabet, pour expliquer l’accrochage dans sa galerie éponyme. Yvan Genest est canadien et c’est lors d’un voyage à Montréal, sa ville natale, que le galeriste libanais découvre cet artiste de renommée...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut