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Culture - Théâtre

109 jours de prison, et Ziad Itani prend son envol

Un an après son accusation, le comédien, sorti de l’épreuve, transforme les larmes en rires et signe un spectacle baptisé « W ma tallet Colette ». Une ode à la liberté.


La pièce est une reproduction intégrale des événements d’où Itani est sorti gagnant. Photos Lara Nohra

Sur l’affiche de son spectacle, qui se joue au Métro al-Madina*, Ziad Itani apparaît comme un personnage de l’univers Marvel. Mais il est loin d’être un surhomme, encore moins un héros aux pouvoirs surhumains. Le comédien est un homme ordinaire qui aimait faire rire les gens et tourner en dérision une société bourrée de corruption. Mais la liberté est souvent réprimée au pays du Cèdre. Et l’histoire de Ziad Itani le prouve.

Le verbe osé
Il y a un an, le 23 novembre plus exactement, le comédien Ziad Itani a été arrêté pour fausses accusations. Les pires. Digne d’un scénario de film. Accusé d’avoir comploté, avec l’aide d’une espionne du Mossad, l’assassinat du ministre de l’Intérieur, le comédien avait non seulement été arrêté sans défense aucune, mais avait été torturé afin qu’il passe aux aveux. Falsifications de preuves et de documents, tout avait été orchestré par pure vengeance personnelle, parce que Itani avait fait une capture d’écran d’un like de tweet de la part de l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI.

La pièce qu’il coécrit avec Khaled Sobeih est une reproduction intégrale des événements d’où il est sorti gagnant, mais affaibli et amer. Qui est cette Colette, ce personnage fictif qui, au fil des mots ou des aberrations, est devenu un personnage réel ? Tel un film à suspense ou une série B, la comédie surfe entre rires et grincements de dents. Entouré de son équipe de comédiens, Khaled Sobeih (qui a signé également la musique), Ahmad el-Khatib, Ziad Chakroun et Firas Andari, Itani présente une comédie au rire fielleux qui fustige et vilipende la société. Dans une mise en scène de Hachem Adnan, on plonge avec lui dans le milieu carcéral, où la maltraitance sévit. On visite l’imaginaire de ce talentueux comédien qui a su relier la réalité à la fiction avec subtilité et humour. Le verbe est haut, osé, audacieux. Souvent insolent. Ziad Itani a connu la peur, la menace, le mensonge. Il ne craint plus rien. Aucune attaque ne peut plus le blesser. Son texte n’a pas de garde-fous, et c’est ce qui séduit l’audience. Sa vie a été chamboulée, mais à travers l’art, Ziad Itani a su renaître et reprendre son envol. Des gestes larges et bien chorégraphiés témoignent de sa liberté d’esprit et de sa soif de vérité.Cette vérité n’est pas un vain mot pour le comédien qu’on a failli brûler sur ce bûcher de vanités. Le mot vrai, l’artiste le chérit comme un trésor, et c’est dans cet écrin qu’il transporte son public, ravi. W ma tallet Colette est un manifeste qui témoigne de la liberté de l’art et de son pouvoir à changer les choses. Même derrière les barreaux, Ziad Itani est resté libre dans sa tête, car il était le seul à posséder la vérité. Celle-là même que l’art procure.

*Métro al-Madina, Hamra, les 17, 18, 23, 24, 25 et 30 décembre.


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