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À La Une - Rétrospective 2018

#Rétro2018 : une crise migratoire sans précédent secoue le continent américain

Aux scènes de Syriens ou d'Africains qui tentent d'atteindre les côtes européennes au péril de leur vie se sont ajoutées cette année celles de milliers de Honduriens marchant durant plus d'un mois pour atteindre la frontière américaine, souvent en famille, parfois avec des bébés en poussette.


Des migrants honduriens à bord d'une camion en direction des Etats-Unis, au Mexique, le 22 octobre 2018. AFP / PEDRO PARDO

De la caravane de milliers de migrants centraméricains marchant désespérément vers les Etats-Unis à l'exode massif de Vénézuéliens fuyant la crise économique et politique dans leur pays, l'année 2018 a été marquée par une crise migratoire sans précédent sur le continent américain.

Aux scènes de Syriens ou d'Africains qui tentent d'atteindre les côtes européennes au péril de leur vie se sont ajoutées cette année celles de milliers de Honduriens marchant durant plus d'un mois pour atteindre la frontière américaine, souvent en famille, parfois avec des bébés en poussette.

Prolongeant la rhétorique anti-migrants entendue en Europe, Donald Trump - en pleine campagne pour des élections cruciales de mi-mandat - a déployé des milliers de militaires pour stopper ce qu'il a qualifié une "invasion", menaçant même de fermer complètement la frontière avec le Mexique, tout en cherchant à restreindre le droit d'asile de ces migrants.

On retiendra les images de ces Centraméricains avançant sur le bitume en simples sandales, des enfants séparés de leurs parents par l'administration américaine et placés derrière des grillages ressemblant à des cages, de ces migrants prenant d'assaut en masse la barrière métallique rouillée à Tijuana, au nord-ouest du Mexique, et finalement repoussés par des tirs de gaz lacrymogènes des gardes-frontières américains.


(Pour mémoire : La désillusion gagne la caravane de migrants qui veut gagner les Etats-Unis)


Chaque année, environ un demi-million de personnes d'Amérique centrale traversent le Mexique à la recherche du rêve américain, mais jusqu'alors ils tentaient de le faire de façon discrète. Les migrants ont cette année changé de stratégie, décidant de circuler en groupe pour se protéger des gangs criminels et des autorités corrompues. Pour la première fois, les Etats-Unis ont dû faire face à un afflux massif et visible de 7.000 migrants.

A Tijuana, qui jouxte la ville californienne de San Diego, Elvin Perdomo, un Hondurien âgé de 32 ans regarde à travers la barrière frontalière. "Ce que je souhaite le plus au monde c'est passer Noël de l'autre côté, sous un toit, avec ma famille", explique-t-il à l'AFP. Elvin a parcouru environ 4.300 kilomètres pour arriver jusqu'ici, fuyant la pauvreté et la violence dans son pays, mais ne sait pas ce qu'il doit faire à présent.


(Lire aussi : Le Pacte mondial pour les migrations ratifié largement à l'ONU)


Malgré la force et l'attention médiatique que leur a procuré la caravane, les migrants se sont finalement heurtés à la réalité de la frontière. Pour les migrants désormais bloqués à Tijuana, le choix est limité: attendre pour pouvoir déposer une demande d'asile aux Etats-Unis - ce qui peut prendre des mois -, tenter d'y entrer illégalement, s'installer au Mexique ou encore retourner dans leur pays.

En mars, une première caravane avait déclenché la fureur du président Trump : il s'agissait du Viacrucis migrante (Chemin de croix migrant) une caravane organisée chaque année depuis 2010 par une ONG pour attirer l'attention sur le sort de ces migrants centraméricains. Pour la première fois, elle avait rassemblé environ 1.500 migrants.

"Beaucoup de personnes migrent à cause de situations d'urgence combinant plusieurs facteurs comme la pauvreté, la violence ou le changement climatique" explique Dolores Paris Pombo, spécialiste en migrations au Colegio de la Frontera Norte à Tijuana. Il s'agit d'une "migration de survie", face à une menace existentielle, précise-t-elle, selon la notion développée par l'Université d'Oxford.

Selon elle, les règles du droit d'asile définies par la convention de Genève en 1951, et qui visent exclusivement les persécutions pour motifs politiques, ethniques ou religieux, doivent donc être actualisées.


(Lire aussi : Ces pays qui prennent des mesures draconiennes contre les migrants)


Exil continu des Vénézuéliens
L'ONU considère l'exode des Vénézuéliens comme le plus important mouvement de population de l'histoire récente de l'Amérique latine, avec 2,3 millions de migrants depuis 2015, principalement vers les pays d'Amérique du Sud.

Une pénurie de produits alimentaires, une inflation à 1.350.000% pour 2018 selon le FMI et un mandat présidentiel remporté pour six ans en mai par Nicolas Maduro ont accéléré ces départs massifs. Ils ont provoqué des tensions dans les pays accueillant ces migrants.

Au Brésil en août, une foule en colère a mis le feu à des camps de réfugiés vénézuéliens à Pacaraima, obligeant 1.200 d'entre eux à partir. Au Pérou, où sont désormais réfugiés 600.000 Vénézuéliens, un passeport leur est désormais demandé depuis novembre, au lieu d'une simple carte d'identité auparavant, ce qui leur est très difficile d'obtenir et aussi très coûteux. Une mesure similaire a été rejetée par un juge en Equateur, où ont émigré environ 300.000 Vénézuéliens.

Carmen Fuenmayor, une professeure de 57 ans, a émigré en Équateur mais n'a pu y trouver de travail. Après neuf mois, elle a finalement décidé de retourner au Vénézuela. Elle y passera le Noël seule, ses filles étant restées en Équateur. "Elles ont leur vie là-bas. J'ai décidé que la mienne était ici au Venezuela", explique-t-elle.

Au Nicaragua, après les manifestations violemment réprimées en avril par le président Daniel Ortega - qui ont fait des centaines de morts -, certains habitants ont également choisi de quitter leur pays. Au moins 23.000 d'entre eux ont demandé l'asile au Costa Rica voisin.


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