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À La Une - Hikmat Dib vs Ragheb Alama

Les réseaux s'enflamment après les propos virulents d'un député CPL contre Ragheb Alama

Boostée par la polémique, « Tar el-Balad » devient la deuxième chanson la plus téléchargée sur iTunes.

A gauche, le crooner libanais, Ragheb Alama, lors du Festival international de Carthage, en juillet 2017. A droite, le député de Baabda, Hikmat Dib. Photos Salah Habibi/AFP et Marwan Assaf

Quelques jours à peine après le lancement de sa nouvelle chanson, Tar el-Balad, que l’on peut traduire par « le pays est perdu », le crooner libanais Ragheb Alama a violemment été pris à partie par le député Hikmat Dib du Courant patriotique libre. Lors d’une interview matinale et en direct, lundi sur la chaîne télévisée OTV (liée au parti du président Michel Aoun), M. Dib a appelé à « couper la tête » du chanteur (hayda lazem yitir rasso, un jeu de mots en arabe autour du titre de la chanson), car il a fait preuve d’une « irresponsabilité susceptible de provoquer le désespoir et de pousser la population à quitter le pays ». Sans élaborer sur ses propos, le député s'est indigné contre le nouveau tube du chanteur, se demandant ce qu’il veut dire par « le pays est perdu ».


L’élu de cœur des Libanais

La réponse de Ragheb Alama n’a pas tardé. « C’est mon pays avant d’être le vôtre. Moi, tout le peuple libanais m’a consacré élu de son cœur, et mon nom sera porté haut pour des centaines d’années. Alors que vous, et sur un signe du petit doigt du président de votre parti, vous pourrez être relégué dans le passé… Je vous conseille de présenter une demande d’adhésion auprès de Daech… Honte à vous ! » Le chanteur a même laissé entendre qu’il pourrait porter plainte.

Loin de s’excuser, le député de Baabda a alors rétorqué : « Ragheb Alama, continuez (à chanter) vos chansons d’amour et de passion, et laissez le pays tranquille ! »

L'affaire s'est rapidement transposée sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes, dans un élan de solidarité envers Ragheb Alama, ont condamné la virulence des propos du député, les qualifiant de menaces, traitant M. Dib de « daechiste » et affirmant aussi qu’« un tel langage n’est pas digne d’un élu ». Quelques voix ont, aussi, appelé le chanteur à vanter plutôt la beauté du Liban.

Le syndicat des artistes professionnels au Liban s’est joint aux internautes dénonçant « l’irresponsabilité des paroles » du député du CPL et faisant part de sa « solidarité envers le grand artiste ». À son tour, le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, s’est dit « surpris de tels propos de la part de son confrère du CPL qui a été, lui aussi, victime d’atteinte aux libertés, lors de l’occupation du pays ». Le ministre sortant de l'Information Melhem Riachi a, de son côté, estimé que les paroles de la chanson reflètent « la douleur du chanteur pour le pays » et « la douleur de chacun d’entre nous ». Même le député Neemat Frem, qui fait partie du bloc parlementaire du CPL, a observé lundi dans un tweet, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, que la chanson Tar el-Balad n’est rien d'autre que « le cri de douleur de chaque citoyen qui exprime son droit à avoir un pays ». « Nous sommes tous responsables », a ajouté l’industriel.


L’opinion publique a condamné le député

La chanson est un cri d'alarme qui met l'accent sur la situation catastrophique du pays. « Il est temps de crier, où est la justice ? Les rêves se sont envolés, le pays est perdu et personne ne nous écoute », dit notamment cette chanson.

Ragheb Alama était injoignable aujourd'hui, car en tournage, mais son frère, Khodr Alama, qui est également son manager, a salué la vague de solidarité des internautes sur Twitter. Il a indiqué à L’Orient-Le Jour que « Ragheb Alama ne portera pas plainte, car l’opinion publique a déjà sévèrement condamné le député ». Ce dernier « bénéficie, en outre, d’une immunité parlementaire », a-t-il ajouté. « Non seulement les fans de Ragheb, mais tous les Libanais, indépendamment de leur appartenance communautaire et politique, de même que la presse et les hommes politiques ont dénoncé les propos du député Hikmat Dib. Cela est suffisant et ne nécessite pas un recours en justice », a-t-il précisé, estimant que « les mots du député aouniste sont dignes de Daech et non pas d’un responsable politique qui s’exprime en direct à la télévision ». « Nous rejetons de tels propos », a-t-il conclu.À souligner que Ragheb Alama est un défenseur des droits fondamentaux et ambassadeur de bonne volonté du Programme des Nations unies pour l'environnement (UNEP). Il a également fondé une école à Beyrouth pour les enfants à besoins spécifiques. Ce Beyrouthin est aussi connu pour ses sympathies à l’égard de la famille Hariri. Après l’assassinat de l’ex-Premier ministre, Rafic Hariri, en février 2005, il avait quitté le Liban pour une période, avant d’y revenir. Et lorsque Saad Hariri a été nommé Premier ministre, en mai dernier, le chanteur l’a chaleureusement félicité. « Ragheb n’appartient à aucun parti politique. Il n’est pas politisé. Il est proche de tous les Libanais. Et les paroles de sa chanson ont pour seul objectif de lancer un cri d’alarme, de dire que le pays est perdu à cause d’eux (les politiciens) », insiste son frère. Et d’accuser le député Dib d’avoir « politisé l’affaire », tout en espérant « qu’il ne réitère pas ses menaces ».

L’Orient-Le Jour a essayé à plusieurs reprises de joindre Hikmat Dib, sans succès. Une source haut placée du CPL a préféré, de son côté, ne pas commenter, estimant que c’est au principal intéressé de s’expliquer. Quoi qu’il en soit, Tar el-balad fait le buzz. Comme le révèle Khodr Alama, « le tube dont les paroles ont été écrites par Nizar Francis est aujourd’hui la deuxième chanson la plus téléchargée sur iTunes dans le monde, selon le Singapore World Chart ».


Quelques jours à peine après le lancement de sa nouvelle chanson, Tar el-Balad, que l’on peut traduire par « le pays est perdu », le crooner libanais Ragheb Alama a violemment été pris à partie par le député Hikmat Dib du Courant patriotique libre. Lors d’une interview matinale et en direct, lundi sur la chaîne télévisée OTV (liée au parti du président Michel Aoun), M. Dib a...

commentaires (13)

Je comprends mieux aujourd'hui. C'est Ragheb Aalémeh qui est responsable de l'exode du peuple libanais. Mais bien sûr qu'il faut lui couper la tête. Encore un homme politique qui sait s'exprimer et avec un langage, qui lui, mériterait l'exode.

Citoyen

11 h 47, le 12 décembre 2018

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Commentaires (13)

  • Je comprends mieux aujourd'hui. C'est Ragheb Aalémeh qui est responsable de l'exode du peuple libanais. Mais bien sûr qu'il faut lui couper la tête. Encore un homme politique qui sait s'exprimer et avec un langage, qui lui, mériterait l'exode.

    Citoyen

    11 h 47, le 12 décembre 2018

  • Il n' y a que la verite qui offense nos politiciens et les insultes fusent car ils n'ont rien d'autre a montrer pour prouver le contraire En attendant M Dib a fait la plus belle publicite a notre chanteur qui devrait le remercier en lui envoyant un CD dedicace PS Quand le CPL qui est en charge de l'electricite depuis plus de 10 ans fera que nous ayons partout au Liban l'electricite 24/24 7 jours sur /7 M Ghareb devra faire une chanson que tout va bien enfin au Liban a moins qu'il ne soit trop vieux a ce moment pour chanter au rythme ou nous allons

    LA VERITE

    03 h 09, le 12 décembre 2018

  • Oui M. Dib, le Liban et son peuple vont très mal en ce moment, c’est un fait non discutable! Si en tant que parlementaire “au service du peuple” vous ne le voyez pas, quel dommage... je dirai même quelle cécité!! Quant à votre agressivité à l’égard d’un artiste talentueux et sincère, elle n’arrivera pas à masquer l’échec de l’action politique car les faits sont têtus, comme on dit.

    Joseph KHOURY

    23 h 19, le 11 décembre 2018

  • Dite donc monsieur Dib , ce n’est qu’une chanson ! Et cela s’appelle liberté d’expression....Sinon merci beaucoup la chanson marche super bien !

    L’azuréen

    23 h 04, le 11 décembre 2018

  • Bof...

    Wlek Sanferlou

    21 h 56, le 11 décembre 2018

  • Hikmat Debb mich Dib!

    Nicolas Rubeiz

    21 h 11, le 11 décembre 2018

  • Quelle légèreté d'esprit. Et On nous dit que les libasses sont préoccupés par plus important que ça. Pufff ...

    FRIK-A-FRAK

    21 h 00, le 11 décembre 2018

  • Il est quand même et malgré tout bien déplorable que la majorité des libanais aie adopté cette fichue mode de devoir pleurnicher partout et toujours en ne voyant que le mauvais côté des choses dans leur pays et le bon côté dans les autres pays . Le Liban est ecore un pays où le bonheur existe bien plus que dans d'autres , grâce à notre humanité particulière , et Dieu nous préserve de devenir un jour aussi tristes que les gens qui vivent dans les pays les plus développés ! Nous y perdrions notre âme et notre fantaisie !

    Chucri Abboud

    18 h 57, le 11 décembre 2018

  • Si la chanson de Ragheb est la 2nde la plus téléchargée sur iTunes, qu'elle est la 1ère alors? C'est sûrement plus intéressant à savoir que tout ce buzz pour rien.

    Tina Chamoun

    18 h 17, le 11 décembre 2018

  • MEN YIALLI TAYYAROUL BALAD OUVRENT LA BOUCHE ET A CAUSE ! LE CHANTEUR CHANTE UN CONSTAT POUR PEUT-ETRE FAIRE REVEILLER TOUS NOS COUPABLES ABRUTIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 46, le 11 décembre 2018

  • Tar el Balad ou non à nos responsables de prouver le contraire et former un gouvernement .

    Antoine Sabbagha

    17 h 21, le 11 décembre 2018

  • Polémique ou pas, M. Hikmat Dib est à lui seul une agence de publicité pour la chanson et son auteur. Merci pour eux!

    otayek rene

    17 h 11, le 11 décembre 2018

  • Ce qui me désespère, ce sont les réactions de mes compatriotes. Trop de n'importe quoi, on se vexe pour presque rien, et on est prêt à mener des guerres pour un oui ou pour un non. Tar el-Balad .... et alors ? Réponse : si c'était avec un humour : hayda lazem yitir rasso.... et alors ? Est-ce que le pays est mort ? Ba3dou ma-tar ! Est-ce que la tête du crooner est tombée ? Rassou, ba3dou mahalla ! On profite de la moindre faille pour mettre le pays sens dessus, dessous. Hey, les compatriotes, un smile ... restez, zen !

    Sarkis Serge Tateossian

    17 h 03, le 11 décembre 2018

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