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Garde-frontières européens : les pays de l'UE freinent les ardeurs de Bruxelles

L'objectif de 10.000 garde-frontières sous bannière européenne mobilisables d'ici 2020 n'est pas "réalisable", a jugé jeudi la présidence autrichienne de l'UE, faisant écho aux réserves des Etats membres sur un projet phare de la Commission pour faire face aux migrations irrégulières.

L'ambition de l'exécutif européen "dépasse en fait le cadre de ce qui est réalisable", a déclaré le ministre autrichien de l'Intérieur, Herbert Kickl, lors d'une réunion avec ses homologues des pays de l'Union européenne à Bruxelles. "Je pense que ce chiffre de 10.000 est un bon chiffre, mais la question est de savoir dans quel délai et comment on réunit ces 10.000 personnes", a poursuivi le ministre, indiquant qu'il travaillait à un compromis avec les autres pays pour modifier le calendrier du projet.

La Commission européenne a proposé en septembre un renforcement considérable à l'horizon 2020 de l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (le nouveau nom officiel de Frontex), qu'elle souhaite doter de son propre équipement et d'un mandat très élargi. Les ministres de l'Intérieur réunis à Bruxelles ont accepté jeudi d'autoriser Frontex à participer aux opérations de renvois des migrants irréguliers vers leurs pays d'origine et à intervenir dans des pays non-européens, y compris africains. Mais ils auront besoin de plus de temps pour trancher la question des futurs effectifs, alors que la Commission souhaite la mobilisation de 10.000 agents dès 2020. Ce nombre global inclurait le personnel propre de Frontex (1.500 d'ici 2020, 3.000 en 2027) et des agents détachés par les Etats membres (8.500 en 2020, 7.000 en 2027).

"Nous ne devons pas faire de promesses utopiques", a mis en garde jeudi le ministre allemand Horst Seehofer, qui soutient comme la France le projet de la Commission mais en contestant le rythme jugé irréaliste de croissance des effectifs. "2025 serait un horizon atteignable selon moi pour atteindre les 10.000", a ajouté le ministre allemand, tandis que l'Autriche a de son côté proposé la date de 2027. M. Seehofer a prévenu que les contrôles aux frontières rétablis dans l'espace Schengen, par la France et l'Allemagne notamment, "ne pourront pas être abandonnés" tant que les frontières extérieures de l'UE ne seront pas mieux protégées. 

Outre les réserves liées aux effectifs, les projets de Bruxelles inquiètent aussi des pays situés aux confins de l'UE, comme l'Italie, l'Espagne, la Grèce ou la Hongrie, qui craignent d'être privés de la souveraineté sur leurs frontières en cas d'intervention de l'agence européenne.

Les opérations des garde-frontières européens devront toujours se faire sous le contrôle des autorités nationales. Mais une disposition controversée du projet donnerait à la Commission le pouvoir de décider une intervention dans un pays jugé défaillant dans la protection des frontières extérieures, même s'il ne le demande pas.

La Commission européenne a exhorté mardi les Etats membres et le Parlement européen à adopter la nouvelle législation sur les garde-frontières avant les élections européennes de mai prochain.

L'objectif de 10.000 garde-frontières sous bannière européenne mobilisables d'ici 2020 n'est pas "réalisable", a jugé jeudi la présidence autrichienne de l'UE, faisant écho aux réserves des Etats membres sur un projet phare de la Commission pour faire face aux migrations irrégulières.
L'ambition de l'exécutif européen "dépasse en fait le cadre de ce qui est réalisable", a déclaré...